Chapitre 6

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CHAPITRE 6

La vie ne vaut pas la peine d'être vécue... Tu vois bien que ça ne t'attire que des problèmes. Tu as de la peine pour les gens... En ont-ils pour toi ? Sont-ils avec toi lorsque tu as besoin d'aide ?

Cette voix ne cessait de résonner dans ma tête durant mon sommeil. Elle m'effrayait. Je commençais à y croire... Comme un litanie, elle se répercuta encore et encore en moi. Il fallait que j'en finisse le plus vite possible, mais mon cœur m'en interdisait...

Mon réveil fut douloureux, et je me trouvais dans ma chambre... Sur le moment, je crus que tout ce qui s'était passé depuis mon anniversaire n'était qu'un maudit cauchemar, mais je me rendis compte rapidement que j'avais réellement vraiment vécu tout ça.

Rassemblant toutes mes forces, je titubais en direction de ma coiffeuse, bien que l'insolente voix fût toujours présente.

Finis-en au plus vite... me susurrait-elle d'une voix désincarnée.

Dans le miroir, je fixais une jeune fille qui m'était inconnue. Vaguement familière, en y réfléchissant, mais c'était surtout son teint pâle, ses yeux légèrement rougeâtres, son expression arrogante et intimidante qui me marqua. Car cette fille, c'était moi. Je voyais nettement les changements qui s'étaient opérer. Je parvenais à discerner la moindre inégalité dans ma peau, chaque veine qui parcourait tranquillement son chemin, sans même faire attention que le sang qu'elles contenaient avait changé. Mes cils paraissaient plus longs, plus épais. Mes cheveux avaient pris du volume, et leur perpétuelle sécheresse n'en était plus rien. Ils étaient revigorés. Tels les produits miracles que l'on montre à la télé, en nous prenant pour idiots pour nous faire croire qu'ils avaient la recette miracle pour rendre notre chevelure comme neuve.

Le soleil brûle les vampires... Tire les rideaux, tu n'en auras pas pour longtemps.

Je déglutis. Ferme-la, éructai-je mentalement aussi fort que le silence le permettait. Je retournai à ma contemplation, comme si c'était la seule chose qui pouvait me détourner de ces étranges envies suicidaires.

Je vis dans le reflet de la glace mon père qui se tenait à l'encadrement de la porte. Il portait encore sa chemise à carreaux et son jean délavé. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés. Un sourire apparût sur ses lèvres ; il semblait heureux de me voir, mais désolé aussi. Peut-être pour ce qu'il m'avait fait. Mais je n'étais pas en mesure d'en parler, j'étais trop fatiguée, comme si ma force décroissait, et que ma vie s'inclinait vers l'au-delà. Comme si quelqu'un m'appelait en mon for intérieur et me disait de... Stop ! m'arrêtai-je psychologiquement.

Pour chasser cette idée, j'ouvris un des tiroirs de ma commode. Mon père s'approcha gentiment vers moi, cachant quelque chose derrière son dos. Je le fixai impassible, et trop blessée par ses actes des derniers jours pour réagir.

Il me tendit malgré tout une poche de sang.

- Ça te fera le plus grand bien !

Je ne lui répondis pas et continuai à fouiller mon tiroir, en jetant sur la moquette tout ce qui avait le malheur de tomber sous ma main. Bientôt, un tas d'objets et de vêtement siégeait aux pieds de mon père. Celui-ci ne se départit pas de son courage, et me tendit la poche de plasma.

Je m'enfonçai plus dans mon entêtement. Agacé, il la posa un peu brusquement sur le bureau. Je ne lui accordai qu'un furtif regard, faisant taire la soif qui s'était éveillée en moi. Je la refoulai, ne voulant pas donner à mon père l'impression que sa provocation me faisait de l'effet. Assez difficile, tout de même.

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant