La nature de Roxane - tome 1 : Maudits

Chapitre 53

- Qu'est-ce que tu fiches ici ? demandai-je au vampire.

C'était l'homme sur qui j'avais bu du sang pour la première fois, lors de ma transformation. Sauf qu'à ce moment-là, il était encore humain.

- Je suis venu à la recherche de ma maîtresse, et je l'ai trouvée, s'expliqua-t-il, respectueux.

Maîtresse ? Comment...

- Qu'est-ce que tu racontes ? rétorquai-je dubitative.

- Grâce à toi, je suis un vampire. Immortel et invincible. Je t'en serai éternellement reconnaissant.

J'étais de plus en plus irritée.

- Je ne t'ai pas transformé en vampire. J'ai juste bu à ton cou, imbécile. Maintenant, file, avant que je termine mon travail.

Il eut un mouvement de recul, mais insista :

- Après avoir bu mon sang, tu m'as guéri. Tu te sentais tellement coupable ! Puis, j'ai failli mourir quelques heures après, dans un accident de la route. Quand j'ai croisé un humain, j'étais aux portes de la mort et une soif horrible me brûlait. Je me suis nourri sur le premier type qui passait, et voilà. Sauf que je ne peux pas sortir au soleil. J'ai l'impression de plonger au milieu d'un incendie.

- Ravie de l'apprendre. Tu peux dégager.

Il ne bougea pas d'un pouce. Au contraire, ses yeux rougeoyants se plantèrent dans les miens et il se campa sur ses deux jambes.

- Si tu ne t'en vas pas dans trois secondes, je te tue.

- Nous pourrions faire équipe. A deux, nous serions plus forts.

- Temps écoulé.

- Nous serons plus forts, répéta-t-il.

- Et nous devrons partager nos rations de sang. Alors non.

- Le premier qui mettra la main sur une veine l'emportera, assura-t-il.

J'étais de plus en plus intriguée par sa proposition. Qu'est-ce qui lui indiquait qu'il pouvait me faire confiance ? Je n'avais qu'une, c'était fuir loin d'ici et tuer tout ceux qui osaient me parler. Pourtant, j'ignorais par quel moyen, je ne pouvais pas me résoudre à mettre fin à sa vie. Comme je n'avais pas pu mettre fin à celle d'Aaron, plus tôt.

Il semblait si différent trois mois plus tôt. Dorénavant, il avait l'allure d'un guerrier. Ses muscles saillants ressortaient sous son t-shirt kaki, son teint hâlé se mariant parfaitement avec ses yeux sombres. Tandis que je pesais le pour et le contre de sa compagnie, il se mua en statue de bronze, parfaitement immobile, le regard placide, en attente de ma réponse.

Je n'avais besoin de personne pour assurer ma survie. Je m'en étais très bien sortie, jusqu'à ce soir. Où j'avais été attrapée deux fois par Aaron. Sauf que j'étais parvenue à m'enfuir. Les deux fois. Et à part lui, personne ne m'avait cherché des noises.

Pour l'instant...

Et puis, s'il me tapait sur nerfs, je n'aurais qu'à le tuer.

- C'est d'accord, grommelai-je.

Je fonçai vers lui et le collai contre le mur, mon bras appuyé sur sa gorge.

- Mais écoute-moi bien. Si tu fais un seul faux pas (je plongeai ma main dans sa cage thoracique et il grimaça), je t'arrache le cœur.

Il acquiesça aussitôt, pressé que je le lâche au plus vite.

- Tu t'appelles comment ? demandai-je en me rendant compte que j'ignorais son nom.