La nature de Roxane - tome 1 : Maudits

Chapitre 1

Je me suis toujours demandé si un anniversaire était une fête ou un deuil.

Cette question m'avait taraudée plus d'une fois, depuis que mon grand-père était mort le jour de sa naissance, cinq ans plus tôt. Je n'étais jamais parvenue à trouver la réponse exacte, bien que personne n'en attendît, mais cela me torturait de l'intérieur. J'ignorais pourquoi je m'acharnais tant, seulement, cela me tenait à cœur. J'avais pour habitude d'achever chaque chose que je commençais, quelle qu'elle soit.

Finalement, j'étais arrivée à la conclusion que, peu importe la façon dont on voit son anniversaire, chaque seconde nous rapproche de la mort. Nous ne sommes pas visiblement plus vieux du jour au lendemain. Tout n'est que question de morale.

Cette soirée de fin d'été célébrait donc ma seizième bougie. Cette année, j'avais décidé de le « fêter ». Rien d'extravagant. Pas de fête au bord d'une piscine dans une villa hyper riche avec une centaine de personnes et de l'alcool à n'en plus finir. Pas de sortie en boîte pour se frotter contre des inconnus et encore moins la fête surprise du siècle, où des gens, supposés être mes amis, surgissent soudainement dans mon salon.

Si cela ne tenait qu'à moi, je n'aurais rien fait. Sauf que Clara Sandford, ma meilleure amie, m'avait harcelée jusqu'à ce que j'accepte une soirée entre filles, au cinéma. Soit, avais-je finalement accepté.

- Joyeux anniversaire, Roxy ! s'exclama-t-elle.

J'avais à peine mis un pied dehors qu'elle me sauta dessus, et nous faillîmes trébucher sur les marches du perron. Elle recula pour m'observer attentivement, et j'en fis de même. Ses longs cheveux d'un blond lunaire encadraient son visage fin, haussé de pommettes roses qui s'alliaient parfaitement avec ses yeux bleu océan. Certaines fois, ses iris viraient au gris, puis au vert. Un jour, je les avais même surpris emprunter une teinte ambrée. Je n'avais jamais compris les magnifiques nuances qu'adoptaient ses prunelles de temps à autres, mais cela ajoutait beaucoup à son charme. Clara était grande et svelte, et ses longues jambes me faisaient penser à une gazelle. C'était aussi la personne la plus généreuse et objective que je connaisse. Digne de confiance et à l'écoute, elle avait su me remonter le moral durant les pires moments.

Je ne l'avais pas vue des vacances. Sa grand-mère étant tombée malade, elle avait passé tout son temps à son chevet.

Clara sortit une petite boîte emballée de son sac à main et me la tendit, tous sourires. Émue, je saisis l'objet et m'empressai de le déballer, sous son regard impatient. Ses yeux, qui avaient viré me fixaient, malicieux.

Je terminai d'arracher le papier qui ne souhaitait apparemment pas quitter la petite boîte, de plus que mon nez menaçait de me faire éternuer à chaque seconde. L'écrin était en velours bleu, avec une inscription sur le dessus indiquant la marque. J'en restai bouche bée. Clara s'était permis de m'offrir un bijou hors de prix ! Je me sentais horriblement mal à l'aise, bien qu'elle fût ma meilleure amie et que je la connusse depuis l'enfance.

Lorsque j'ouvris enfin la caissette, je découvris un fin bracelet en argent, orné d'une petite pierre en croissant de lune, brillant de mille feux.

Cette fois-ci, une larme roula sur ma joue et je pris ma meilleure amie dans mes bras, la serrant tellement fort qu'elle eut du mal à se dégager. Ce n'était qu'une fois remise de mes émotions que je parvins à lui murmurer un remerciement. Une bonté bienfaisante émanait d'elle en permanence.

- Clara..., balbutiai-je, étouffant un autre éternuement. Merciiii !

Puis, me rappelant soudainement combien elle avait dû débourser pour m'offrir ce bijou, je la grondai :