Chapitre 9

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CHAPITRE 9

J'enfouis dans mon sac mon téléphone portable, et mon porte-monnaie. Une journée entière s'était écoulée depuis mon affrontement avec ma mère, et toute la famille avait une sorte de rendez-vous dans une secte secrète enfouie au fin fond de la forêt.

- Super, marmonnai-je.

Je m'étais bien sûr élégamment préparée. Vêtue de la robe en dentelle noire, d'escarpins de même couleur, j'avais ramené mes cheveux en une espèce de tresse africaine passant à l'arrière de mon crâne et revenant sur le côté, le tout surmonté d'une fleur couleur ténèbres.

Je descendis lentement les marches, mon sac à main sur l'épaule droite. Mon père portait un smoking noir et une cravate, et ma mère avait opté pour une robe en soie bleue nuit.

Je grimpai à l'arrière de la voiture et bouclai ma ceinture. Lorsque mes parents montèrent à leur tour, ma mère me jeta un regard admiratif avant de s'emparer à nouveau de sa façade impassible, puis s'enquit d'un ton faussement compatissant :

- Prête ?

Je hochai la tête avant de détourner les yeux vers la fenêtre.

Le trajet se déroula dans le silence le plus complet. Personne n'osait prononcer un mot. Même la radio, d'habitude toujours allumée sur ces vieilles chansons barbantes, était éteinte.

Je regardai, la tête posée contre la vitre froide, les fines gouttelettes qui glissaient le long de la paroi en verre. Le soleil commençait à se coucher, et la pluie tambourinait contre le toit de la voiture.

Au bout d'un moment, mon père se gara le long d'un trottoir.

- Qu'est-ce qui se passe ? demandai-je surprise par cet arrêt soudain.

- On prend Kayna avec nous, répondit-il sèchement.

Mon père ne m'avait toujours pas pardonné mon coup de la veille, lorsque je m'étais attaquée à ma mère. Pourtant, ce n'était pas à lui que je m'étais attaquée ! Il avait bien faillit -temporairement- me tuer en me jetant contre l'étagère... Allez trouver la logique dans tout ça, vous ! Ce n'était pas ma faute si ma mère s'était rangée de son côté si abruptement.

Le manoir, lugubre et délabré, s'élevait tristement au milieu de la forêt, et du champ qui bordait l'arrière de la demeure. Elle semblait être jonchée là, près de la falaise depuis des siècles, tellement la bâtisse semblait vieille. Par manque de soin, le lierre grimpait jusqu'en haut de bâtiment. L'atmosphère était tellement macabre que des centaines de scénaristes s'y seraient précipités pour tourner un film d'horreur.

Paradoxalement au manoir effrayant, un jardin joliment fleuri entourait l'édifice. De multiples fleurs mauves, blanches et bleues ornaient tout le périmètre et redonnaient un minimum de gaieté à cette ambiance sinistre.

La lourde porte en bois sans doute authentique, s'ouvrit entièrement, n'émettant aucun bruit au passage, ce qui m'étonna fort.

Chad et un homme que je n'avais jamais vu se tenaient l'un à côté de l'autre dans l'encadrement de la porte. Leur ressemblance me frappa. Peut-être qu'il s'agissait de son père. Je fus presque heureuse de le voir, avant de me rappeler les raisons pour lesquelles je l'avais rencontré.

Je perdis alors toute joie.

Chad se dressait fièrement, vêtu d'un smoking très sexy, un sourire chaleureux au coin des lèvres.

J'étais tellement subjuguée par la contemplation du jeune homme que je remarquai à peine mes parents serrer la main à nos hôtes avant d'entrer. Un regard noir de la part de mon père me suffit à me ramener sur Terre.

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant