De nacre et d'acier

By Offeatherandflame

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Maxius Volkov est un vampire privé de l'usage de la parole. Personne ne peut réellement communiquer avec lui... More

Avant propos
Prologue
Chapitre 1 : Maxius
Chapitre 2 : Saphora
Chapitre 3 : Maxius
Chapitre 4 : Saphora
Chapitre 5 : Maxius
Chapitre 6 : Saphora
Chapitre 7 : Maxius
Chapitre 8 : Saphora
Chapitre 9 : Maxius
Chapitre 10 : Saphora
Chapitre 11 : Saphora
Chapitre 12 : Maxius
Chapitre 14 : Maxius
Chapitre 15 : Saphora
Chapitre 16 : Maxius
Chapitre 17 : Saphora
Chapitre 18 : Maxius
Chapitre 19 : Saphora
Chapitre 20 : Maxius
Chapitre 21 : Saphora
Chapitre 22 : Maxius
Chapitre 23 : Saphora
Chapitre 24 : Maxius
Chapitre 25 : Saphora
Chapitre 26 : Maxius
Chapitre 27 : Saphora
Chapitre 28 : Maxius
Chapitre 29 : Saphora
Chapitre 30 : Maxius
Chapitre 31 : Saphora
Chapitre 32 : Maxius
Chapitre 33 : Saphora
Chapitre 34 : Maxius
Chapitre 35 : Saphora
Chapitre 36 : Maxius
Chapitre 37 : Maxius
Chapitre 38 : Saphora
Chapitre 39 : Maxius

Chapitre 13 : Saphora

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By Offeatherandflame

Saphora se tortillait nerveusement en faisant grincer la banquette rembourrée de l'espace privé de l'atelier. L'assistante du propriétaire des lieux lui apporta un thé à la framboise dont les effluves se mélangeaient à l'odeur de tissu propre et du bois de la table de couture près de la cabine d'essayage.

Le seigneur Volkov, lui, se tenait si droit devant l'immense miroir qu'il ressemblait à une statue de cire qu'on aurait pu placer à côté des mannequins de la vitrine de l'atelier. Le couturier, n'ayant pas remarqué le malaise qui s'installait dans la pièce, attendit avec un sourire poli que Maxius se débarrasse de sa chemise.

Saphora scruta ses longs doigts s'exécuter avec une lenteur exaspérante.

Un bouton, deux boutons, trois boutons.

Devait-elle détourner les yeux ? Ce n'était pas très convenable de le fixer ainsi. Une légère chaleur lui monta aux joues.

On racontait que Maxius avait un corps difforme à cause d'un accident qu'il aurait eu durant sa jeunesse. Cela devait être lié à son handicap, mais qu'avait-il bien lui arriver ? La beauté comptait tellement chez les vampires que cela virait à l'obsession chez certains d'entre eux.

Saphora parvint à restaurer son calme et s'en voulut d'avoir cette curiosité presque malsaine à son égard. Cependant, elle était presque sûre que les dames de la cour de nacre répandaient encore de fausses rumeurs pour se trouver un sujet de conversation autre que leur petite personne.

Lorsque Maxius écarta les pans de sa chemise, elle eut la confirmation que tous les ragots à son sujet étaient très loin de ce qu'elle avait sous les yeux.

Tout d'abord, Maxius était bien plus musclé que ce qu'elle avait imaginé sous ses chemises sombres et droites. Sa taille marquée et ses abdominaux feraient craquer n'importe quelle femme dotée de bon sens, ou d'un homme ayant un minimum de goût. Il était imberbe, sa peau semblait douce. La ligne de ses pectoraux était dessinée, ni trop, ni pas assez. Non, Maxius n'était ni laid, ni difforme. Il n'avait aucun défaut. Pas même l'immense cicatrice qui lui barrait le sternum, jusqu'à sa gorge.

Saphora comprit que les cols droits de ses vestes lui servaient à camoufler l'extrémité de sa balafre, plus fine au niveau de sa pomme d'Adam. Elle resta ébahie face à cette découverte. Maxius était probablement le plus bel homme qui lui ait été donné de voir, même si ce dernier ne devait pas partager son opinion lorsqu'il détourna son regard du miroir.

Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure : s'il se cachait ainsi, c'est qu'il ne voulait ni inspirer de la pitié ou du dégoût dans les yeux des personnes qui le regardaient. Curieusement, Saphora le trouva plus « humain » en observant les réactions qu'il ne parvenait pas à dissimuler.

Pour désamorcer la situation, elle émit un sifflement admiratif, tandis que le couturier effectuait son travail.

— Hé bien, seigneur Volkov ! Quel est le secret pour avoir une telle ligne ?

Elle vit ses épaules se détendre un peu.

Voilà qui est mieux.

Une activité régulière, rien de plus, répondit-il par la pensée après quelques secondes d'hésitation.

— Même venant de vous, c'est décevant comme réponse.

— Pardon, dame Del Wyn ? s'enquit le couturier.

— Chut, pardi, je n'entends rien ! Répétez ce que vous disiez, dit-elle à Maxius.

— Je suis un vampire de Sang-Pur. Il n'y a pas beaucoup d'efforts à faire pour obtenir de tels résultats.

— Je rêve, ou vous frimez ? s'esclaffa-t-elle.

Maxius ne répondit pas mais réprima un sourire. Quant au couturier, il devait se demander si elle avait perdu la tête mais elle n'en tint pas compte.

Lorsqu'il le voulait, le seigneur Volkov pouvait faire des traits d'humour plutôt incisifs. Cela tombait bien, Saphora avait de la répartie à revendre.

Ils rentrèrent à l'aube, les bras chargés de paquets. Maxius repartit de son côté, laissant les filles converser de tout et de rien devant leur porte de chambre, jusqu'au moment où Saphora se retira dans ses appartements pour se changer. Sortir du château lui avait remonté le moral, bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. C'était cela dont elle manquait entre ces murs froids : une compagnie agréable.

Elle retourna arpenter les couloirs du château, à la recherche d'un bout de pain à grignoter avant d'aller se coucher. La cuisine était plongée dans une pénombre apaisante, les faibles rayons du soleil commençaient à éclairer l'immense table trônant au milieu de la pièce. La jeune vampire commença à fouiller dans les placards en chantonnant d'un air guilleret.

— Mademoiselle Del Wyn, quelle surprise !

La jeune femme se figea en reconnaissant la voix derrière son dos. Elle se retourna vivement en tentant de réprimer la panique dans sa voix.

— Comte Basarab, sourit-elle. Vous êtes déjà là ?

— Oui, votre père est parti il y a quelques minutes.

Et vous êtes déjà là, à rôder, voulut-elle lui dire. Le comte contourna lentement la table sur laquelle étaient disposés des provisions, des planches à découper et des couteaux. Saphora lorgna l'un d'entre eux mais ne put esquisser le moindre geste.

— Vous cherchez quelque chose, peut-être ? demanda-t-elle.

— Je surveillais les environs, avant de regagner ma chambre.

— Vous voulez dire, la chambre des invités.

— Oui, c'est cela. Vous auriez pu appeler un domestique pour vous amener à manger, la sermonna le comte.

— Vous auriez pu solliciter la garde pour effectuer une ronde supplémentaire, répliqua Saphora sur le même ton.

— J'aurais pu, oui.

Un rictus horrible s'afficha sur ses traits figés par le temps. Basarab était un vampire sans âge, aux expressions figées semblable à une statue de cire. Son regard déplaisant et fourbe ainsi que sa moue pincée lui conférait un air sournois et plutôt effrayant. Saphora réprima un frisson et se dirigea vers la sortie, l'appétit coupé. Alors qu'elle pensait pouvoir s'échapper de ses griffes, il l'attrapa par le bras.

— Saphora... murmura-t-il.

La poigne froide du comte menaça de lui retourner l'estomac. Elle lui jeta un regard noir.

— Comte, vous recommencez à vous égarer, je le crains. Je vous ai déjà affirmé à plusieurs reprises que je n'étais pas intéressée.

— Ce n'était pas ce que vous disiez lorsque vous étiez contre moi, prête à vous offrir.

Le cœur de la vampire s'affola dans sa poitrine. Satisfait de déceler sa peur, il continua d'une voix condescendante :

— Impera va bientôt s'unir à l'un des Volkov. Bientôt, vous serez toute seule dans ce grand château et il faudra bien que quelqu'un prenne soin de vous. Vous êtes si jeune...

Sa fausse prévenance était tout bonnement écœurante. Saphora se dégagea brutalement de lui. Ce n'était parce qu'il avait l'estime et l'amitié de son père que cela lui donnait tous les droits sur elle. Ce matin, il semblait l'avoir encore oublié.

— Je n'ai pas besoin que l'on veille sur moi. Et même si c'était le cas, ce n'est certainement pas avec vous que j'envisagerai quoi que ce soit, comte. Si vous continuez à insister, je vais devoir en référer à mon père...

— Et lui avouer que vous vous échappez régulièrement du château ? Qui allez-vous voir en secret, dame Del Wyn ?

Son masque de sympathie tomba en même temps que la patience de Saphora. Elle lui jeta un regard furieux.

— Vous êtes une ignoble fouine malfaisante, grinça-t-elle.

— Allons, allons, où sont passées vos sourires et vos bonnes manières, dame Del Wyn ?

Exaspérée, elle tenta de quitter la pièce, mais Basarab se tenait toujours devant la porte. Pire encore, il l'attrapa brutalement par les épaules pour plaquer son corps contre le sien. La peur guida alors Saphora. Elle lui administra un coup de tête magistral qui l'obligea à reculer en se tenant le nez, du sang ruissela sur son menton. Les traits déformés par la rage, il l'injuria en avançant vers elle. Il parvint à l'attraper par le col, mais Saphora se déroba et prit ses jambes à son cou pour mettre le plus de distance entre eux dans un temps record. Les domestiques commençaient leur service et par chance, ils déambulèrent dans les couloirs sans demander à leur dame pour quelle raison elle courait comme une dératée avec le haut de son vêtement presque arraché et son front éraflé par leur altercation.

Le cœur battant à tout rompre, Saphora s'isola dans sa chambre en essayant de maîtriser les tremblements incontrôlables de ses mains. Elle se précipita vers les latrines pour y vomir, jusqu'à ce que son estomac n'émette plus que d'étranges gargouillis.

Ce monstre avait encore posé ses mains sur elle, sans son consentement. La première fois, elle avait mis cela sur le compte de l'alcool, après une fête arrosée. Il ne s'était pas excusé, certes, mais il n'avait plus rien tenté par la suite. Depuis ce jour, il la fixait étrangement. Mais ce soir, elle en avait la confirmation : le comte avait bien l'intention de la posséder, qu'elle soit d'accord ou non. Ce monstre n'attendait que de la trouver seule pour lui faire connaître ses attentions malveillantes. Et même s'il n'avait pas découvert la vraie nature de son secret, il la tenait. S'il parlait, il la condamnerait à rester entre ces murs pour l'éternité. Son père avait le pouvoir de la rendre dans un état de béatitude tel qu'elle pourrait renoncer à son libre arbitre. Même si elle espérait qu'il ne le ferait pas, un doute persistait en elle pour une raison inconnue. L'instinct ? La peur ? Saphora se sentait coincée. Elle devait continuer à se taire, le temps de réfléchir au moyen de faire botter en touche le comte. En attendant, s'il la pensait sans défense, il garderait lui aussi le silence pour mieux revenir l'importuner.

C'était la meilleure chose à faire, sinon elle ne trouverait jamais les responsables de la mort de sa mère. Elle ne pourrait plus sauver des innocents lorsqu'elle surprendrait des conversations fortuites lors des soirées à la cour de nacre ou entre deux gardes un peu trop bavards.

Et malgré son raisonnement, Saphora ressentit une telle impuissance, une telle colère monter en elle. Elle arracha sa robe de chambre et sa chemise de nuit, sentant encore les mains du compte sur elle et pleura longuement sous la cascade de sa douche.

Certains jours comme celui-ci, Saphora n'en pouvait plus de vivre ainsi. Si elle n'était pas dans cette position, Basarab aurait péri sous sa lame dès sa première invective.

**

Le lendemain soir, Saphora resta dans sa chambre, profondément abattue. Aujourd'hui, elle ne sentait pas la force de faire semblant. Et dîner avec Barsarab ? Pas tant que son père ne serait pas rentré. Lorsqu'une domestique lui apporta à manger, elle n'eut pas le cœur à la renvoyer et la congédia poliment après l'avoir remerciée.

— Saphie ?

Impera s'invita dans sa chambre avec prudence. Le ton de sa voix et l'utilisation de ce diminutif trahissait son inquiétude. Saphora l'invita à entrer. Sa sœur s'assit sur le bord de son lit et les deux femmes se contemplèrent un court instant.

— Tout va bien ? s'enquit-elle.

— Oui, mentit Saphora. Je me sens juste un peu barbouillée.

— Des problèmes de ... ?

— Peut-être un syndrome prémenstruel, qui sait ? Je suis un peu fatiguée, ne t'en fais pas.

Sa grande sœur feignit de croire à son mensonge. Elle se pelotonna près d'elle et la prit dans ses bras.

— Tu nous a manqué pendant le dîner. Maxius t'as demandée.

— C'est difficile à imaginer.

— Je crois qu'il t'aime bien, ce mystérieux vampire, s'amusa-t-elle. Vous avez l'air de bien vous entendre, non ?

— N'essaie pas de me passer de la pommade. C'est ton futur époux, je te le rappelle.

— Seul l'avenir nous le dira. Je vais prendre un verre avec lui ce soir.

Une sensation désagréable se développa au creux de l'estomac de la jeune vampire. Elle soupira, lovée contre Impera qui lui caressait les cheveux de la même façon que leur mère. A bien des niveaux, Impera lui ressemblait de plus en plus.

— Essaie de lui apporter un carnet. Il communique parfois par ce biais.

— Entendu. Je vais devoir te laisser, il va bientôt être minuit. Tu voudras que je te ramène un thé ? Un verre d'hydromel, peut-être ?

— Non, je n'ai vraiment pas soif.

Impera se releva en replaçant sa robe en velours cyan sur ses cuisses. Elle lui jeta un dernier coup d'œil inquiet avant de se diriger vers la sortie. Sur le pas de la porte, elle ajouta :

— Deux gardes sont postés devant ta porte pour cette nuit. Il ne t'arrivera rien. Repose-toi bien, Saphie.

Elle referma derrière elle, laissant Saphora essuyer les larmes silencieuses dévalant ses joues. Impera avait compris la gravité de son abattement et voulait lui faire comprendre qu'elle la protégeait avec le peu de moyens dont elle disposait. De toute façon, lui confier son harcèlement n'aurait servi à rien. La jeune vampire se terra sous les couvertures, le parfum d'Impera flottant encore dans l'air.

Et dire qu'un jour, elle allait la laisser ici, livrée à ce fourbe de Mikhaïl Basarab.

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