Chapitre 37

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Pendant toute la fin d'après-midi, je n'ai pas arrêté de penser à ce que je devrais dire et où je devrais l'emmener. Au final ? Je n'ai toujours pas trouvé de lieu et je ne sais toujours pas comment dire ce que je ressens. C'est beaucoup plus difficile que ce que je pensais et je réalise alors à quel point je suis dans la merde.

Je n'ai eu que ça en tête toute la soirée alors que tout le monde était occupé à danser sur du Beyoncé. Et quand est venu le moment de m'endormir, je ne vous raconte même pas la montée de stress qui est survenue. Résultat : j'ai dormi qu'une heure et ça ne m'aide pas vraiment à réfléchir.

—    T'as une tête de zombie, me lance Éva alors que je m'endors presque en mangeant mes céréales.

—    Même sans dormir, je reste plus belle que toi, dis-je en lui tirant la langue.

—    Alors t'as trouvé où tu vas l'emmener ?

—    Non, j'ai réfléchi toute la nuit, mais rien. Je te jure j'ai toujours l'impression que ce n'est pas assez bien.

—    Si tu veux, on n'a qu'à se balader en ville pour trouver, on pourra même aller à l'office du tourisme.

—    T'es un génie.

Oh oui ma Éva est un vrai génie, grâce à elle j'ai trouvé un petit endroit tout mignon où je pourrais passer une merveilleuse après-midi avec Maya. Une fois la perle rare dégotée, on a profité du beau temps pour visiter les petits villages aux alentours et se prendre une glace qui ne fait pas de mal au vu du temps particulièrement chaud. Elle a essayé de gratter quelques infos sur ce que je ressentais pour Maya, mais moi-même ne le savant pas, elle n'y a pas tiré grand-chose.

En rentrant, j'avais tellement mal aux pieds que je me suis étalée sur le canapé, et depuis, je n'ai pas bougé d'un poil.

—    Tu ne veux pas remuer un peu tes fesses toi ? me dit Maya l'air désespéré.

—    Non ça va, je suis bien là, dis-je en m'enfonçant un peu plus dans le canapé.

—    Allez, viens m'aider à faire à manger, le dîner ne va pas se faire tout seul.

—    Effectivement, va me faire à manger femme ! dis-je en riant.

Décidément, ma figure attire tous les coussins ou objets volants, car, encore une fois, on m'envoie un oreiller en pleine poire. J'ai beau en recevoir souvent, je n'ai toujours pas le réflexe de me protéger le visage.

Maya n'a pas bougé d'un centimètre et je comprends par son regard insistant qu'elle ne partira pas avant que je me sois levée pour l'aider.

Avant, j'aurais tenu tête, je serais restée bien confortablement assise et elle aurait fini par craquer. Mais là j'avoue que j'hésite, je ne suis pas vraiment en position pour faire chier mon monde. En plus, demain j'aurai enfin ma chance, est-ce que ça vaut le coup de prendre le risque ? Pas cette fois.

Je me lève difficilement et traîne des pieds jusqu'à elle. Elle me regarde, satisfaite, sachant pertinemment pourquoi j'ai craqué.

Je n'aurais jamais dû céder, elle m'a clairement prise pour son larbin. Le pire dans tout ça, c'est que je n'ai même pas bronché, j'ai seulement exécuté. Mais pas de panique, je ne me laisserais pas autant faire si je n'avais pas une petite idée en tête. Elle pense avoir le contrôle, que je suis à sa merci. C'est bien mal me connaître, peu importe l'affection que je lui porte je ne serais jamais sous les commandements de qui que ce soit.

Pendant qu'elle finissait de manger sa mousse au chocolat, j'en ai profité pour monter dans la salle de bain et préparer ma petite blague. Puis je suis redescendue comme si de rien n'était pour m'affaler sur le canapé en attendant d'entendre le signe que mon plan a fonctionné. Quelques minutes plus tard, j'ai la confirmation sonore que tout s'est passé comme prévu.

—    Alex ! crie Maya depuis la salle de bain.

—    Un souci Maya ? dis-je sereinement.

Elle débarque alors dans le salon, de la farine plein la tête et les cheveux. Son entrée entraîne un fou rire général. Alors que tout le monde rit à gorge déployée, personne ne l'entend râler à propos du fait qu'elle vient de se laver les cheveux. Elle finit par se détendre et par rire avec nous.

—    Je me vengerais, tu le sais non ? dit Maya sur un ton de défi.

—    Je n'attends que ça.

Elle part finalement se laver les cheveux une deuxième fois puis ne réapparaît seulement de longues minutes après. Apparemment la farine est difficile à faire partir.

Nous nous posons tous sur le canapé et décidons d'une soirée film, car personne n'est d'humeur à faire la fête. C'est tous les neuf, blottis les uns contre les autres, que le film commence. La fatigue accumulée ces derniers jours a raison de nous, et peu à peu nous nous endormons les uns après les autres. En réalité, j'ai juste vu Manelle et Samy s'endormir puisque après eux, c'est moi qui ai sombré.

*Alarme incendie*

—    Vite Alex, dépêche-toi ! crie Maya.

Je me réveille en panique, à la limite d'une crise cardiaque et essaye de sortir du canapé comme je peux. J'évite de justesse la table basse et parvient après plusieurs efforts à trouver un équilibre sur mes jambes.

Enfin stable, je remarque que tout le monde me regarde en riant. Je comprends alors ce qui vient de se passer. Maya s'est vengée avec un son d'alarme incendie trouvé sur YouTube, qu'elle a mis super fort pour me faire croire qu'il y avait le feu. Elle me regarde fière d'elle, un grand sourire fixé sur son visage.

—    Tu veux me tuer pour ne pas passer du temps avec moi c'est ça ? lui demandé-je.

—    Tu as tout compris, malheureusement, tu résistes.

Et je compte résister encore un bon moment. On pourrait dire qu'un de mes défauts est d'être têtue, mais ce défaut me permet aussi d'aller jusqu'au bout de mes idées. C'est le cœur battant encore à mille à l'heure que nous montons nous coucher.

IdioteWhere stories live. Discover now