Chapitre 2

2.2K 128 24
                                    

— Au fait, tu t'appelles comment ? me demande-t-elle, tout sourire.

—Je ne m'appelle pas, dis-je en boutonnant ma chemise.

— Donc tu comptes partir comme ça ?

— Tu ne pensais quand-même pas que j'étais l'amour de ta vie ?

Je me recoiffe rapidement puis sors de la chambre, laissant la belle inconnue nue, sous les draps. J'ai déjà fait l'erreur de donner mon prénom après avoir couché avec une fille. Elle a trouvé mes réseaux, m'a harcelée de messages privés. Elle s'est même ramenée devant chez moi. Depuis ce jour, il est hors de question de donner quelque information me concernant.

Lorsque je descends les escaliers, la chemise à moitié rentrée dans mon pantalon et les bretelles mises n'importe comment je croise Éva. Elle a compris. Elle me connaît par cœur alors ce n'est pas étonnant qu'elle me regarde comme une mère qui va engueuler son enfant. Elle sait évidemment ce qu'il s'est passé, mais heureusement pour moi, madame à l'air beaucoup trop occupée avec ce jeune homme métis qui vient se coller à elle. Toute son attention est alors dirigée vers lui, me permettant de me carapater.

La foule est si dense que j'ai l'impression que l'air se fait rare. Je titube à travers les gens espérant trouver un peu plus d'espace pour respirer. J'arrive finalement à sortir de la maison mais c'est encore pire qu'à l'intérieur. La piscine est pleine d'individus à moitié nus et chaque parcelle de pelouse est occupée par des ados déchaînés. Je ne vois alors aucune issue pour être tranquille quelques instants.

En quelques secondes, je me retrouve à retirer ma chemise et mes chaussures. Je m'approche de la piscine et tente le grand saut sans vraiment prêter attention à l'endroit où je pourrais atterrir. Lorsque mon corps entre en contact avec l'eau, j'ai l'impression de m'engouffrer dans un autre monde. Je reste un moment au fond, là où tous les bruits sont diminués. Je n'entends presque plus rien. Un silence qui soulage. Mais la réalité me rattrape. Je ne suis pas un poisson donc je remonte à la surface et replonge dans l'espace bruyant qui m'entoure.

Je respire de nouveau et je me laisse envahir par cette ambiance lorsqu'une jeune fille sortie de nulle part m'embrasse. J'ai à peine eu le temps de respirer qu'elle a débarqué comme une fleur pour me voler un baiser. Comment vous dire que je n'ai pas du tout refusé. Pendant que nos lèvres s'occupent, mes mains se glissent le long de ses hanches pour venir se poser sur ses fesses. Puis elle s'écarte et s'en va sans rien demander.

J'ai vraiment du mal à réaliser ce qu'il vient de se passer. On ne s'est pas échangé un seul mot, je n'ai même pas eu le temps de la regarder. Je ne saurais même pas dire quelle était sa couleur de cheveux ou celle de ses yeux. J'ai seulement eu le privilège de goûter ses lèvres. C'est ça que j'aime, pas d'attachement, juste un moment partagé. Je devrais fréquenter ce genre de fille plus souvent. Au moins, je suis certaine qu'elle ne viendra pas devant chez moi pour me supplier de sortir avec. J'ai vraiment l'impression d'être dans un monde parallèle, dans un film ou bien un rêve, mais dans tous les cas rien ne semble réel.

Je réalise alors que je suis dans la piscine, totalement trempée et surtout sans un verre à la main. Je sors de l'eau et me dirige vers l'intérieur tant bien que mal. Je déteste avoir le pantalon mouillé, ça colle, ce n'est vraiment pas agréable. Sur le chemin, je ne trouve plus ma chemise mais heureusement mes chaussures sont là. Tant pis pour mon haut, je vais rester en brassière. De toute façon j'ai chaud et je suis mouillée donc on n'est pas à ça près. Après tout c'est comme un maillot de bain.

Paf !

Rien de mieux qu'une bonne claque pour vous remettre les idées en place. C'est la blonde de tout à l'heure et elle n'a pas l'air très contente. Encore une fois, je ne l'avais pas vue venir. Décidément, elle arrive encore à me surprendre.

— T'es vraiment une connasse ! Tu m'as laissée là-haut comme une merde ! crie-t-elle devant tout le monde.

Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'elle tourne les talons et s'en va, suivie de son amie.

— Bravo, me dit Éva en passant.

Ça a clairement jeté un grand froid. Tout le monde s'est arrêté de danser pour admirer ma joue rougie. À vrai dire, moi, je m'en fous. J'ai pris l'habitude de me prendre des claques comme celles-ci. C'est juste que maintenant plus personne ne parle et tout le monde me fixe comme si j'allais dire quelque chose. C'est terriblement gênant alors je me contente de sourire comme s'il ne s'était rien passé.

L'ambiance remonte petit à petit, et au bout de quelques minutes, plus personne ne fait attention à moi. C'est parfait, je vais pouvoir m'hydrater en paix. C'est la façon jolie de dire que je vais me bourrer la gueule. Mince je suis encore vulgaire. Honte à moi. J'attrape la première bouteille que je vois et bois sans modération. Je rappelle évidemment que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé. Oups.

J'ai l'impression d'être à nouveau dans un monde parallèle. Tout est flou et tourne au ralenti. Je crois que je danse. Oui, je danse, mais il y a cette fille qui m'emmène. Je ne sais pas où je vais, mais je la suis sans rien dire.

IdioteWhere stories live. Discover now