Chapitre 15 (partie 2)

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Elle s'en va, et moi, je n'y crois toujours pas. Je suis comme une débile, dans un lac dégueulasse, pour séduire une fille qui vient de partir avec mes affaires.

Avec quelqu'un d'autre, je lui aurais gueulé dessus et l'aurait obligé à me rejoindre. Au moins, j'aurais fait quelque chose ! Mais là non, je n'ai même pas bronché, je suis restée gentiment dans l'eau, plus verte qu'autre chose. J'aurais pu même lâcher un petit "d'accord" tellement je suis comme hypnotisée.

Heureusement, je finis par sortir de l'eau et attrape la couverture. J'ai de la chance, il fait tellement chaud que je n'ai pas besoin de serviette pour sécher. Je marche alors pieds nus sur un chemin parsemé de petits cailloux, vous savez les tout petits qui font super mal. J'essaye plusieurs techniques : celle d'y aller doucement sur la pointe des pieds ; et celle en mode rien à perdre, plus vite on passe, moins ça fait mal non ? Je ne conseille pas trop cette dernière. Finalement, le temps d'essayer toutes les techniques, j'arrive jusqu'à la voiture.

Elle m'attend, adossée à la Twingo, et bizarrement, c'est comme hier. Toujours le même sourire qui montre qu'elle a encore une fois gagné.

Je m'avance vers elle, doucement, le sourire aux lèvres. Elle me sourit toujours, mais ses sourcils se froncent, montrant qu'elle s'attendait à une autre réaction de ma part. Comme un animal qui attrape sa proie, je lui saute dessus pour lui faire un énorme câlin. Bizarrement, elle n'a pas l'air d'apprécier. Mon corps trempé, collé à elle, la fait gesticuler dans tous les sens. Elle finit par se laisser faire, car elle sait que c'est fini et qu'elle est déjà mouillée. Fière de moi, je m'écarte et admire mon travail. Son haut blanc est immaculé de plusieurs tâches d'eau plus ou moins grosses.

—    Elle était super bonne, je voulais t'en faire profiter un peu, dis-je en riant.

Elle me jette mes affaires dessus et entre dans la voiture. Après m'être rhabillée, je la rejoins. Elle ne me regarde pas, mais moi je la fixe et elle le sent étant donné qu'elle tourne la tête en direction du pare-brise.

—    Tu veux toujours aller faire les boutiques ? demandé-je, tournant ma tête vers elle.

—    Conduis, dit-elle, retournant ma tête vers la route.

Je souris, fière de ma petite victoire. Certes, elle a fait plus fort, mais elle ne s'attendait pas à ce petit retour de bâton, et pour ça, j'ai le droit de me vanter un peu.

Par chance, habitant en région parisienne, nous avons accès à de nombreux grands centres commerciaux. Je nous conduis vers celui le plus proche, qui n'est d'ailleurs pas le meilleur, mais qui suffira largement pour aujourd'hui.

À peine garées, nos téléphones se mettent à sonner, annonçant des messages. Je ne préfère pas les ouvrir, mais Maya décide d'ouvrir les siens. Comme je le pensais, c'est le groupe WhatsApp. Ils ont proposé de passer l'aprèm chez Mathis. Ce dernier a d'ailleurs tenu à ajouter "Maya on ne te propose pas évidemment" accompagné d'un émojii clin d'œil. Je ris nerveusement et je vois que je ne suis pas la seule. Finalement, elle décide de ne pas répondre. Quant à moi, je décline, prétextant une superbe série que je dois impérativement terminer.

Personne ne doit être au courant, sinon on sera le sujet principal de toutes les discussions. Non pas que ça me dérange d'être au milieu des conversations, mais disons que je n'assume pas du tout le comportement que j'ai avec Maya. On dirait une autre personne, je vous jure qu'habituellement je ne suis pas aussi niaise et attentionnée. Mais à vrai dire, d'habitude on ne me résiste pas autant, et plus le temps passe, plus je suis déchirée entre deux sentiments : la détermination et la peur. Je suis de plus en plus déterminée à jouer à ce jeu, mais quelle en sera l'issue ? Mes réactions sont tellement bizarres que ce jeu finit par aussi me faire peur.

IdioteWhere stories live. Discover now