Chapitre 25

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Vendredi, vingt et une heure trente.

Nous avons décidé de partir de nuit pour avoir moins de monde sur la route et bénéficier de plus de temps dans notre pays voisin. Grâce à Mathis, nous avons deux superbes voitures, de 5 places chacune. Je ne m'y connais pas trop en voiture, mais je sais que conduire une magnifique Audi, c'est plutôt la classe.

On a d'abord réparti les valises pour que ça soit équilibré, puis on s'est séparés dans les véhicules. D'un côté, nous avons Cassandra, Manelle, Hugo, Samy et Billy. Et de l'autre, dans l'équipe de choc, nous retrouvons Mathis, Éva, Maya et moi. Dans chaque voiture, il y a 3 conducteurs, ce qui nous permettra de tourner durant les douze heures de trajet qui nous attendent. Autant vous dire que ça va être long, très très long.

De notre côté, Mathis prend en premier le volant avec Éva en copilote. Avec Maya, on en profite à l'arrière pour se reposer avant de prendre le relais dans plusieurs heures.

Toutes les deux heures, nous nous arrêtons sur une aire d'autoroute. La première, je l'ai ratée parce que je dormais vraiment profondément. Autant vous dire que d'attendre la deuxième pour pisser était un supplice.

Dieu merci, on s'arrête enfin. Il est deux heures du matin et les routes sont désertes, tout autant que les aires d'autoroute. Lorsque je descends, j'ai les jambes tout engourdies, je me sens si lourde, j'ai l'impression que mes articulations sont toutes bloquées. Malgré ces sensations, cela ne m'empêche pas de m'empresser jusqu'aux toilettes. Je pense sincèrement que c'est le pipi le plus satisfaisant que j'ai fait de toute ma vie.

C'est totalement soulagée que je retrouve mes amis, adossés à la voiture, des cafés en main. J'avoue qu'on a rarement été aussi silencieux. Ceux qui ont conduit essayent seulement de lutter contre la fatigue alors que ceux qui ont dormi attendent de pouvoir se rendormir.

—    Tu veux que je prenne le relais ? demandé-je à Mathis.

—    Ouais je veux bien, le périph' m'a achevé dès le début.

Heureusement que c'est lui qui a conduit sur le périph', moi, j'aurais passé mon temps à insulter chaque conducteur. Vraiment, cette route, c'est un autre monde. Il est vrai qu'au volant j'ai le doigt d'honneur facile, mais des fois il y a vraiment des crétins.

Je m'installe au volant, accompagnée de ma copilote, très en beauté malgré sa petite tête du réveil. Maya a mille et une facettes. Aujourd'hui elle a opté pour la fille naturellement trop mignonne. Le visage totalement démaquillé, les cheveux attachés dans ce qui semble être un chignon. Un jogging large pour, je suppose, être à l'aise, accompagné d'un pull beaucoup trop grand pour elle qui appartient sûrement à Mathis. Il n'a fallu que dix minutes avant que Mathis et Éva ne s'endorment, laissant la voiture dans un silence de mort.

—    En fait, j'ai une question qui me turlupine, dis-je, tournant légèrement la tête vers la concernée.

—    Demande-moi ce que tu veux, tant que tu te concentres sur la route, réplique Maya.

—    Ils branlent quoi tes parents ? Je suis désolée si c'est indiscret, c'est juste que j'ai du mal à comprendre pourquoi ils ne sont jamais venus te voir à l'hôpital.

Elle tourne la tête vers la fenêtre, son visage se ferme et j'ai l'impression d'avoir touché un point sensible. Je regrette aussitôt d'avoir posé cette question.

—    C'est compliqué, finit-elle par dire doucement en fuyant mon regard.

—    Si jamais tu as envie de te confier ou d'en parler, je suis là. Peut-être que je ne comprendrais pas, mais je suis très douée pour juste écouter. Ça fait du bien des fois d'en parler juste pour libérer un truc qui nous bouffe de l'intérieur. Je ne sais pas ce qu'il se passe avec tes darons, mais ça a l'air de te ronger.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant