Chapitre 42

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De retour chez Éva, je retrouve une chambre qui n'est pas réellement la mienne. Mon chez-moi me manque, mais surtout, mes sœurs me manquent. J'ai pu avoir quelques contacts avec elles par message, mais je ne les ai pas revues en chair et en os depuis. Ça me fend le cœur de les laisser là-bas avec une mère intolérante, mais je ne peux rien faire pour elles pour le moment. Au moins, elles sont logées et nourries, voire aimées. J'ai beau détester ma mère, je sais qu'elle aime mes sœurs plus que tout.

Pour éviter de penser à tout ça, j'ai voulu passer du temps avec Maya, mais je ne voulais pas faire mon canard alors je ne lui ai rien proposé. Finalement, j'ai craqué le lendemain à vingt-deux heures.

Moi :
On peut se voir ?

Maya :
Je ne peux pas sortir. J'espère que tu es forte en escalade.

Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour une fille. Je me retrouve à vingt-deux heures trente à escalader un mur pour atteindre la fenêtre de Maya. Résultat, on a passé la nuit ensemble et je me suis enfuie au petit matin pour ne pas être repérée.

Une opération qui s'est répétée plusieurs fois dans la semaine. Sans compter tous les petits rendez-vous au terrain de basket ou dans ma merveilleuse Twingo. J'ai littéralement passé ma semaine avec Maya dans tous les endroits possibles et imaginables. J'ai même profité du dessous de son lit quand Mathis a débarqué en pleine nuit pour lui demander si elle avait des piles. Sérieusement qui demande des piles à minuit ?

Ce soir, c'est la dernière soirée chez Mathis. Après ça, nous partirons les uns après les autres dans des directions toutes opposées. Mathis part au Canada et Maya va de nouveau vivre avec son père qui est sorti de prison il y a quelques jours.

Éva reste dans les environs alors que moi je vais dans le nord. Hugo et Cassandra ont tous les deux eu une place à Montpellier. Billy a décidé de partir en Belgique tandis que Samy a préféré la Bretagne. Pour Manelle, ce sera Bourges.

On est donc un peu tous dispersés, ce qui nous laissera peu d'occasions pour tous nous retrouver. Je crains malheureusement que la distance finisse par creuser un trou dans notre amitié. Rien ne sera plus comme avant. Je crois qu'un chapitre est en train de se terminer et j'aurais aimé qu'il dure plus longtemps.

Ce soir, plus de nostalgie, on doit profiter de nos derniers moments. Je suis venue un peu plus tôt pour me préparer avec Maya. Madame avait besoin d'aide pour choisir sa tenue alors j'ai accouru.

—    Tu sais, un jogging et un pull ça passe bien, dis-je en sortant les affaires de sa penderie.

—    Non, j'ai envie de me faire belle ce soir.

—    Mais tu es très belle en jogging tu sais. Tu veux te faire belle pour tous ces gens ?

—    Non, juste pour ma copine.

Je mets plusieurs secondes à comprendre ce qu'elle vient dire. Lorsque l'information monte au cerveau, mon cœur s'emballe et j'en viens presque à paniquer.

—    Copine ? On a passé le cap ?

—    Tu ne veux pas ?

—    Ah si si, c'est juste que je ne sais pas, ça fait très officiel, c'est bizarre.

—    Ne te mets pas la pression, c'est qu'un statut, ça ne change pas grand-chose entre nous.

Elle me fait un petit bisou furtif avant de disparaître dans la salle de bain pour s'habiller et se maquiller. Elle en ressort de longues minutes plus tard, vêtue d'une magnifique robe bordeaux. J'en ai presque la bave au coin de la bouche.

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