Chapitre 16

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Maeva est la seule personne avec qui j'ai été en couple, c'est ma seule relation, et pourtant, je la regrette plus que tout. Je vous remets le contexte : j'arrive dans une nouvelle école, mon père vient de mourir, je découvre que finalement les filles, c'est plutôt joli, et tient, une jolie fille a décidé de s'attarder sur moi.

Si je devais décrire Maeva, je dirais que c'est une manipulatrice imbue de sa personne, totalement égoïste et lunatique sur les bords. Mais au tout début, je ne voyais absolument pas cette facette-là. Non, moi, je voyais seulement la fille la plus populaire du lycée avec qui je passais mes nuits au téléphone à parler de tout et de rien. Elle me comprenait, du moins c'est ce que je pensais.

Elle me donnait de l'importance, et lorsqu'elle a fini par m'embrasser, alors je n'avais plus cette impression d'être un alien. Que je n'étais pas la seule à aimer une personne pour son âme et non son sexe.

Vu les atrocités dont sont capables les jeunes, je n'ai absolument pas rétorqué lorsqu'elle m'a dit qu'elle voulait garder notre relation secrète. Elle arrivait même à me faire avaler que si elle laissait les garçons la draguer, c'était pour ne pas éveiller de soupçon.

J'ai passé tellement de nuits blanches pour lui tenir compagnie, je ne travaillais tellement plus que je me disais malade pour ne pas aller en cours et ne pas faire les contrôles. Éva a essayé à de nombreuses reprises de me prévenir, mais je n'y croyais pas, je n'arrivais pas à comprendre qu'on puisse m'accorder autant d'importance sans m'aimer. Alors j'y ai cru, pendant six mois. Six putains de mois à être prise pour une grosse débile.

Ce qui m'a fait tout comprendre, c'est lorsque je l'ai vu embrasser ce Tom je sais plus quoi lors du carnaval. Elle n'a eu aucun remord à l'embrasser devant tout le monde, devant moi. J'étais anéantie et je l'ai détesté de toutes mes forces. À ce moment-là, elle m'a perdue. Moi, je le savais, mais elle avait encore l'espoir de me manipuler comme elle l'a toujours fait. Quand elle a vu que cette fois ça ne marcherait pas, la grande Maeva à décider de se venger. On a eu la phase insulte, puis les "je te bouscule dans les escaliers".

Vous pensez qu'elle s'est arrêtée là ? Évidemment que non. Elle a fini par balancer sur les réseaux sociaux des captures d'écran de nos premières conversations où je lui disais que j'avais déjà été attirée par des filles. Et évidemment, elle a montré seulement ce qu'elle voulait pour ne pas être suspectée. Tout le monde l'a cru et j'étais devenue la fille lesbienne qui était dégoûtée parce qu'elle ne pouvait pas avoir sa crush, la reine du lycée. Mais heureusement les amis, sachez que la roue tourne et que « karma is a bitch ».

Peu de temps après, et toujours en secret, elle est sortie avec une fille du nom de Prune. Mais il se trouve que, contrairement à moi, cette fille a vite compris à quoi jouait Maeva et elle a décidé de m'aider à lui rendre la pareille.

En pleine pause de midi, lorsque le hall était plein à craquer, j'en ai profité pour embrasser Prune devant Maeva. Autant vous dire que son égo en a pris tellement un coup qu'elle a pété un plomb. Lorsqu'elle s'est rendue compte qu'elle avait tout crié en plein milieu du hall, elle est partie en pleurant. Et une semaine après, la voilà partie dans je ne sais quelle autre ville.

Ce que j'ai ressenti dans tout ça ? Une énorme satisfaction. J'ai décidé ce jour-là que plus jamais on ne me prendrait pour une conne. Je ne serai plus jamais la fille naïve qui croit aux belles histoires d'amour. Non, j'étais devenue le cœur de pierre, ou la fille sans cœur, à vous de choisir.

IdioteWhere stories live. Discover now