Chapitre 38

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Après les dernières nuits horribles que j'ai passées, faire une grasse mat' est un cadeau inespéré. J'ai même pu m'étaler dans tout le lit à partir de huit heures trente car Éva s'est levée tôt.

Je pense sincèrement que l'une des meilleures sensations dans la vie, c'est celle de pouvoir se mettre au milieu d'un lit deux places et de prendre tout l'espace possible. Pour ma part, j'appelle ça faire l'étoile de mer.

Il est trop tard pour que je puisse petit-déjeuner alors je décide de m'apprêter avant de descendre rejoindre les autres. J'allume la musique, monte le son et me déhanche jusqu'à l'épuisement.

J'aime commencer mes journées par des ondes positives, chanter devant le miroir en prenant ma brosse à cheveux en guise de micro. J'aime danser tout en essayant d'enfiler mon jean. J'aime aussi faire mes meilleures chorégraphies en me brossant les dents. Aujourd'hui c'est une bonne journée, ça doit être une bonne journée.

Je descends fièrement les marches de l'escalier, l'enceinte à la main, chantant sur un air de Britney Spears.

—    Eh bien, on dirait qu'il y en a une qui est de bonne humeur, dit Éva.

—    De merveilleuse humeur tu veux dire, dis-je en regardant Maya du coin de l'œil.

Je suis super impatiente d'être cet après-midi, et en même temps, je sais pertinemment qu'au moment de partir, j'aurais une énorme montée de stress. Je la sens arriver, elle me guette doucement, prête à surgir.

Le problème, c'est que si je stresse, je risque de dire des choses stupides, de bafouiller et même de ne plus savoir quoi dire. Énorme blanc, vous imaginez ? Je dois assurer, alors pour ça, le seul moyen que j'ai trouvé, c'est de me dire que Maya est une fille comme les autres, et de respirer à fond.

Entre l'excitation, le stress et l'appréhension, mon estomac est tout retourné et je n'arrive pas à avaler grand-chose. Contrairement à moi, Maya, elle, dévore tout le contenu de son assiette. Sous ce petit bout de femme se cache un ogre, sachez-le.

Alors que j'attends sagement que les autres finissent de manger, je vois Maya s'affaler sur sa chaise et déboutonner son jean. On dirait bien qu'il y en a une qui a trop mangé. Je me demande comment elle va vivre cet après-midi avec un ventre aussi rempli, je m'en réjouis d'avance.

—    Bon alors, on va où ? finit-elle par me demander. J'échange un regard complice avec Éva avant d'ajouter.

—    C'est une surprise. Mais il faut que tu prennes un maillot de bain, des baskets qui ne craignent pas trop et un sac à dos.

Elle me regarde perplexe.

—    Tu m'emmènes faire une randonné ou quoi ? dit-elle, me suppliant des yeux de ne pas dire oui.

—    C'est une surprise je t'ai dit, mais tu devrais te dépêcher on part à quatorze heures pile !

Elle regarde l'heure sur l'horloge derrière elle, puis se lève d'un coup avant d'entamer une course jusqu'à sa chambre.

L'horloge affiche treize heures cinquante-cinq, mais en réalité, il est midi cinquante-cinq. Je remercie infiniment Mathis de ne pas avoir remis l'horloge à l'heure. Voir Maya revenir toute prête et essoufflée pour que quelques secondes plus tard sa tête se décompose, c'est juste un magnifique spectacle. Elle finit par s'asseoir sur le canapé et bouder, les bras croisés.

—    Petite vengeance, dis-je à Maya en passant devant elle avant de monter dans ma chambre pour me préparer.

J'enfile un maillot de bain, un short et un tee-shirt que j'avais piqué à Mathis il y a déjà plusieurs mois. Dans un sac à dos, je mets crème solaire, eau, enceinte et mes papiers d'identité. J'enfile une casquette et rejoins Maya dans le salon.

—    Il n'est que treize heures trente mais on peut y aller maintenant si tu veux, lui demandai-je.

—    T'essaye de gratter des minutes là, répond-t-elle, toujours les bras croisés et le regard dans le vide avec les sourcils froncés.

—    Tu es au courant que si tu continues de bouder, je vais devoir faire une super attaque de chatouilles ?

Elle ne répond pas, toujours obstinée à me faire la tête. Tant pis pour elle, je l'avais prévenue. Je commence à la chatouiller au niveau de la nuque ce qui la fait bouger légèrement. Je descends finalement dans le creux de ses hanches pour lancer ma super attaque de chatouilles. Elle se tortille dans tous les sens en criant des trucs indéchiffrables.

—    Stop ! Arrête ! S'il te plait ! Allez arrête on doit y aller ! crie-t-elle.

—    Eh bah voilà quand tu veux, dis-je satisfaite en arrêtant les chatouilles.

Elle se lève, prend son sac et trace jusqu'à la voiture. Je la suis, mais contrairement à elle, je ne m'arrête pas devant la voiture et continue mon chemin pour sortir de la propriété.

—    Alors j'avais raison, on va faire une randonnée, dit-elle exaspérée en me rejoignant.

—    Mais non ! Enfin si, mais une toute petite. C'est juste que pour aller à l'endroit de la surprise, on doit un peu marcher... dans la forêt.

—    C'est une blague ? Tu n'es pas censée te rattraper toi à la base ?

—    Ça vaut le coup, fais-moi confiance.

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