Idiote

Chapitre 1

Inconnu :
C'était vraiment cool aujourd'hui. Je crois que je commence vraiment à m'attacher à toi.

Alex :
Je suis désolée, mais je ne me sens pas prête à me mettre en couple. Tu sais à quel point c'est compliqué. Je ne veux vraiment pas te faire de mal, alors je pense qu'on devrait arrêter là. Désolée.

S'excuser, prétendre que ce n'est pas elle le problème et partir vite avant que ça ne devienne compliqué. Je vous vois déjà venir avec vos "Oh non la pauvre" mais ce n'est pas de ma faute si elle a craqué en à peine quelques jours.

Non mais je ne rigole pas, il m'a fallu exactement trois jours pour la rendre accro. Trois jours ! Soit je suis vraiment irrésistible, soit elle est vraiment plus que naïve.

Le plus drôle dans cette histoire, c'est que je l'ai prévenue, je lui ai dit que je n'étais pas une fille bien. Sa réponse ? "Mais non t'es une fille bien, ça se voit direct".

Donc, non, je ne lui ai jamais menti, c'est elle qui ne m'a pas écoutée.

Mon portable n'arrête pas de vibrer et je suis sûre que ce sont des messages me suppliant de ne pas partir. L'idée d'avoir encore plus d'emprise sur elle me tente beaucoup, mais c'est trop risqué avec une fille comme ça. Si elle a craqué aussi vite, c'est qu'elle est sensible sentimentalement et je ne voudrais pas être responsable de la mort de quelqu'un. Je ne suis pas horrible à ce point. Quoique.

— Alex, tu peux m'aider avec la fermeture de ma robe s'il te plaît ?

Je vous arrête tout de suite, celle qui vient de me demander mon aide est juste ma meilleure amie, Éva. Donc, non, je ne vais pas la séduire, comme dans les films, en remontant la fermeture de sa robe.

Éva, c'est la seule dans ce vaste monde à me supporter. C'est aussi la seule à avoir vu mon vrai visage et à être restée. S'il y a bien une personne que je ne pourrais pas blesser, c'est elle.

Je finis de boutonner ma chemise puis mets correctement mes bretelles. Ce soir, Mathis, alias le gros bourge, a sa grande villa de luxe pour lui. Évidemment quand le chat n'est pas là, les souris dansent, et je sens qu'un mini projet X se prépare.

— Bon Alex, ce soir pas de bêtises ok ? me dit Éva d'un air sérieux.

— Moi des bêtises ? Jamais. Je suis sage comme une image.

— Non mais je suis sérieuse. Pas de vomi et pas de cœur brisé, on est d'accord ?

— Évidemment mon capitaine.

Elle soupire, car elle sait pertinemment que je ne vais pas m'y tenir. L'alcool et moi, ça ne fait pas bon ménage, disons que j'ai le vomi facile. Puis pour les cœurs brisés, là, c'est plutôt les autres qui ont l'amour facile.

Lorsque nous arrivons, il y a déjà plein de voitures garées devant l'immense maison. Le son des basses résonne dans tout le quartier et en peu de temps, le terrain est envahi d'une horde d'ados prêts à tout pour s'éclater, le temps d'une soirée.

J'entre au ralenti, traversant la foule qui danse. Les cheveux dans le vent, tous les regards se tournent vers moi. J'ai vraiment l'impression d'être dans un clip, mais la réalité est bien plus triste quand je me rends compte que personne ne me porte attention et que mes cheveux sont plus plats que jamais. Je repère Mathis au loin et, accompagnée d'Éva, nous le rejoignons.

— Voilà notre dragueuse pro ! crie Mathis pour se faire entendre. Je ris et lui tape dans la main.

— Alors quelle est ta target aujourd'hui ? me demande-t-il.

— Ne lui donne pas de mauvaises idées, elle va encore se mettre dans des situations pas possibles, dit Éva en rouspétant.

Je ris car elle a effectivement raison. Je suis plutôt douée pour me mettre dans des situations délicates. J'ai la fâcheuse tendance de draguer des filles en couple et généralement hétéro. Il faudra d'ailleurs m'expliquer pourquoi elles ne sont plus si hétéro que ça quand un peu d'alcool coule dans leurs veines. Ce qui est à retenir c'est que je ne compte pas rater une occasion de me mettre dans de sacrés draps. Pendant qu'Éva s'en prend à Mathis, j'en profite pour m'éclipser en allant chercher de quoi m'hydrater au bar. Sur le chemin jusqu'au salon, j'ai pu remarquer de très jolies filles, toutes plus attirantes les unes que les autres. Je sens que je vais bien m'amuser ce soir.

Dans ma ligne de mire, une jolie petite blonde du genre coincée. Elle a l'air perdue, à regarder un peu partout. Je suis presque sûre que la brune présente à côté d'elle est son amie, celle qui l'a légèrement obligée à venir ici. Elle a dû lui lancer cette fameuse phrase "Allez viens on va s'éclater". Visiblement, elle regrette d'avoir cédé.

Je m'avance en sa direction, sûre de moi, un joli sourire fixé sur mon visage. Elle ne semble pas m'avoir vu, trop occupée à trouver une issue pour rentrer chez elle. Mais lorsque je suis près d'elle, son regard vient se plonger dans le mien comme si elle avait finalement trouvé sa porte de sortie. Instinctivement, je lui tends un verre, qu'elle refuse évidemment.

— Promis, je n'ai mis aucune drogue dedans. C'est juste du coca, lui dis-je en lui tendant le verre de nouveau.

Elle rougit puis finit par l'accepter. Ça a été tellement facile que je me demande comment ça se serait passé si elle était tombée sur une personne mal intentionnée. Visiblement, cette fille, en plus d'être coincée, est totalement naïve.

— Tu sais, normalement quand on vient à une fête, c'est pour s'amuser, lui dis-je à l'oreille pour me faire entendre, et là, tu n'as pas vraiment l'air de t'éclater.

— Je ne me sens pas vraiment à ma place ici, me répond-t-elle timidement.

— Détends-toi. Personne ne va te manger. Les gens sont tellement déchirés qu'ils ne remarquent rien alors tu peux réellement faire tout ce que tu veux, personne n'y prêtera attention.

Elle me regarde avec son air de chien battu alors je décide de prendre les choses en mains. Je récupère son verre que je pose sur le meuble le plus proche, attrape sa main et l'emmène dans la foule qui sautille sur le rythme de la musique. Contrairement à ce que je pensais, elle se laisse totalement faire.

— Laisse-toi guider par la musique, ne pense pas aux gens autour, lui dis-je d'un ton rassurant.

Elle me sourit timidement, puis commence à se déhancher petit à petit. La musique s'empare de son corps et ses mouvements sont plus relâchés. Ça y est, elle est enfin entrée réellement dans l'ambiance de cette fête. C'est le moment pour moi d'arrêter d'être la fille rassurante.

Je m'avance vers elle pour que nos corps se collent. Mes mains se perdent sur ses hanches, prêtes à se retirer à tout instant si la jolie demoiselle ne veut pas de ce geste. Mais elle ne recule pas, n'enlève pas mes mains, ne s'échappe pas. En réalité, elle s'accroche à mon cou pour être au plus proche de moi. Puis cette fois, ce sont nos lèvres qui se lancent dans une danse sensuelle. Je ne l'avais pas vu venir aussi vite celle-là. Moi qui pensais être occupée toute la soirée à plaire à cette dame, ça a été plus rapide que prévu. Elle me repousse pour se défaire de mon étreinte puis me lance un sourire complice.

— Tu as raison belle inconnue, je dois m'amuser.

Elle prend mon verre posé sur le meuble et boit cul-sec sans savoir ce qu'il y a dedans. Évidemment, elle s'étouffe à moitié, ce qui me fait rire. Avec ça, elle risque de bien s'amuser ce soir.

Comment vous dire que ma target est en train de danser depuis au moins une heure. Impossible de la faire bouger de la piste de danse ou de lui enlever la vodka qu'elle a à la main. Elle ne s'est même pas reposée une seule fois ! Elle est perchée sur des talons hauts depuis le début de la soirée, mais elle arrive encore à nous faire ses meilleures chorégraphies.

De mon côté, je suis en chaussures plates, mais je suis épuisée. Je m'assois dans un fauteuil, histoire de récupérer un peu et ne peux m'empêcher de regarder cette jeune créature. Je n'aurais jamais pensé que cette fille serait si décomplexée. Elle qui était toute timide et apeurée se révèle être une vraie fêtarde. Nos regards se croisent à nouveau. Elle n'a plus l'air perdue non, elle sait ce qu'elle veut. Elle me veut moi. Cette fois, c'est elle qui vient me chercher. Elle me prend par la main et m'emmène à l'étage. Vous savez évidemment ce qu'il se passe lorsque la porte de la chambre se ferme.