Chapitre 12

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Le jeu commence à être long et, à chaque fois, je pense l'avoir, mais en un instant, elle me file entre les doigts. J'essaye de jouer avec ses règles, mais je ne les comprends pas encore. Je ne parviens même pas à la cerner, je ne peux prédire aucune de ses réactions. Je n'arrive pas à savoir ce qu'elle pense ou ce qu'elle veut réellement. Elle me fait tourner en bourrique et moi, comme une débile, je tourne, tourne et tourne encore.

Je la suis, je joue, je suis perdue. L'autre jour, je n'aurais jamais dû lui parler de mon père, me confier. J'ai faibli et maintenant, je lui ai donné une arme contre moi. Elle ne l'utilise pas, mais qui sait un jour peut-être, elle mettra fin à notre jeu. À tout moment, elle peut me mettre ko. Je dois reprendre les commandes, je suis déjà assez rentrée dans son jeu.

Cela fait plusieurs jours qu'aucune grosse soirée n'a eu lieu. Les parents de Mathis sont revenus, chez moi ce n'est même pas la peine d'y penser et les autres sont presque tous partis en vacances. Pour faire court, on commence sérieusement à s'ennuyer, ça manque de piquant tout ça.

Depuis quelques jours, nous passons nos après-midis au bord de la piscine chez Mathis. Les journées commencent à se ressembler. Toujours les mêmes personnes : Mathis, Maya, Éva, Manelle et moi. Mais aujourd'hui, quelque chose a changé, un soldat nous a quitté. Oui, Manelle, tout juste 18 ans, est partie, loin de ses amis, loin de tous. Oui bon, elle est juste partie avec sa famille en Martinique, mais du coup, il ne reste plus que 4 survivants.

—    Les gars, ce soir on bouge ! Grosse soirée en perspective, s'exclame Éva, nous sortant d'un ennui pénible.

—    Enfin, dis-je soulagée.

Apparemment, Éva a gardé contact avec le mec métisse de la dernière fois, celui qui ne l'a pas lâchée de la soirée. Du coup, il l'a invitée à une soirée et évidemment, elle, ramène la cavalerie. Enfin du mouvement, je sens que cette soirée va épicer un peu ma vie.

Vingt-deux heures trente.

Ne jamais arriver dans les premiers, c'est une règle de base en soirée. Si tu as le malheur de le faire, tu te retrouves à faire des bises très gênantes à des inconnus qui sont aussi gênés que toi. Le malaise est assuré. Alors qu'en arrivant en plein milieu, les gens sont déjà bien écorchés et l'ambiance est déjà lancée. Il suffit juste de s'incruster tranquillement.

Il faut dire que j'aime vraiment aller à des soirées où je ne connais personne. C'est comme si on venait de m'offrir un nouveau jouet, tout neuf, que je dois découvrir. L'observer, comprendre son fonctionnement, s'amuser, s'en lasser, l'abandonner.

Une soirée, c'est à peu près pareil. Observer, trouver la fille qui fera chavirer mon cœur le temps de quelques instants, celle qui m'intrigue. Comprendre, analyser son comportement, ses gestes, son regard, la cerner. S'amuser, ma partie préférée. L'aborder, la séduire, coucher avec elle. S'en lasser, partir comme s'il ne s'était rien passé. L'abandonner, généralement des regards qui pourraient tuer et au pire des cas, une bonne grosse claque. L'abandon est fait lorsque la fille en question est tellement énervée ou déçue qu'elle ne reviendra pas, alors c'est elle qui m'abandonne.

Ce soir, j'observe, cherchant ma proie désespérément alors que je sais déjà qui c'est. Un jouet compliqué où je suis bloquée à l'étape numéro deux : comprendre son fonctionnement. Je ne comprends rien alors que j'ai passé des heures à l'observer, l'analyser, mais rien. Elle ne laisse encore rien paraître. Ce soir, je vais déceler son secret, je dois gagner cette partie.

Pour le moment j'ai lâché mon dévolu sur une magnifique rousse. Elle est plutôt grande, surtout avec ses talons, elle vient presque me dépasser. Habituellement, je préfère les filles petites, du genre vraiment petite. Un peu comme Maya en fait.

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