Chapitre 5

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Ah qu'est-ce qu'on aime le filet de bave spécial réveil. Très agréable. Je mets au moins dix minutes avant d'émerger complètement. C'est là que je me rends compte que je suis en sous-vêtements. Sauf que je n'ai aucun souvenir de m'être déshabillée. Je ne sais pas ce que je fais quand je dors, mais je pourrais certainement tuer quelqu'un sans même m'en rendre compte.

Il est actuellement dix-neuf heures cinq et je m'ennuie à mourir. Depuis que je me suis réveillée de ma très longue sieste, je n'ai absolument rien fait d'intéressant. Je fais les cent pas, je joue avec une balle, je me plonge dans les réseaux sociaux, mais rien, rien ne m'anime. J'ai besoin de faire un truc excitant, un truc qui me stimulerait.

Ding !

Parfait !

J'ouvre le message.

Éva :
Ramène tes fesses au Mcdo, on commande et on mange au terrain.

Yes, enfin quelque chose qui me sort de cette chambre ennuyante à mourir. Ni une ni deux, je me prépare rapidement, enfile un jean clair troué et un long tee-shirt blanc à manches courtes. Une paire de Air Force One blanche, une casquette et ça fait l'affaire. Je descends à vive allure l'escalier, ce qui interpelle ma mère.

—    Tu vas où comme ça ?

—    Je sors avec Éva et deux trois potes, on va au Mcdo.

—    Rentre pas trop tard tout de même.

—    Je ne rentre pas, je vais sûrement dormir chez Éva. Bisous.

Je ne lui laisse pas le temps de continuer et claque la porte. Je m'installe au volant de mon bolide, une Twingo de 2002. Pas ouf mais je l'adore. Je mets le contact, me prépare à démarrer, quand ma mère toque à la fenêtre. Je l'ouvre et la regarde d'un air interrogateur.

—    Pourquoi tu ne prends pas ma voiture ? Tu sais très bien que tu peux l'utiliser lorsque je ne travaille pas. Tu seras mieux que dans ce tas de ferraille.

—    Merci maman, mais je suis très bien avec ma voiture. Et puis je ne dors pas ici. Or demain matin tu travailles et tu en auras besoin. Donc si tu n'y vois aucun inconvénient, je vais y aller, je suis déjà en retard.

Je lui lance un petit sourire afin de la rassurer puis quitte le trottoir où j'étais garée. C'est vrai que je pourrais prendre la superbe voiture de ma mère, mais ma Twingo a quelque chose de plus qui fait que je ne veux pas conduire autre chose.

Elle a ce charme si unique. L'hiver, on se les caille, l'été on meurt de chaud. Elle tremble comme pas possible lorsque je dépasse les cent dix kilomètres heure, mais c'est ma Twingo. Ma première voiture. Mon premier gros achat. J'ai économisé et je l'ai eu, sans l'aide de personne. Puis on s'y sent bien. La preuve, on préfère s'entasser à six dans la Twingo pour papoter plutôt que d'aller dans la voiture de Mathis, qui elle, est beaucoup plus luxueuse. La finalité, c'est que ma voiture est géniale.

En arrivant sur le parking, j'observe depuis ma voiture pour voir si mes amis sont déjà arrivés, et évaluer mon degré de retard.

Ça n'a pas loupé. Ils m'attendent tous. J'avoue que le retard, c'est une de mes spécialités. J'arrive l'air paisible comme si de rien n'était, comme si je n'avais pas dépassé l'heure prévue de plusieurs minutes.

—    Désolé, Éva m'a prévenu au dernier moment, dis-je en me dédouanant de toute responsabilité.

—    Eh ! Remets pas la faute sur moi. Puis pour une fois, tu n'es pas la dernière, Mathis n'est pas encore arrivé.

Je scrute tout le petit groupe du regard et, effectivement, aucune trace du petit bourge. Par petit groupe, je parle d'Éva évidemment, mais aussi de Manelle, Hugo, Samy, Billy et Cassandra.

Ces derniers temps, on traîne souvent ensemble tous les 8, en comptant Mathis et moi. Je l'appelle le petit groupe parce que, de base, on est bien plus nombreux, mais on n'est jamais au complet. Certains viennent de temps en temps, et d'autres comme nous, sont toujours au rendez-vous.

Manelle, c'est la jolie fille typée, grande et très élancée, elle ne sort jamais sans être apprêtée. Je me demande même comment je fais pour arriver toujours après elle, alors qu'on sait très bien qu'elle passe des heures dans la salle de bain.

—    Quelqu'un a des nouvelles de Mathis ? je demande impatiente.

—    Tu es au courant que tu viens d'arriver ? Tu peux attendre un peu non ? demande Cassandra enlacée dans les bras de son grand blond, Hugo.

Cassandra, elle, est plutôt la fille très mignonne, mais peu accessible ; et le seul à avoir eu son cœur, c'est Hugo, le grand blond aux yeux bleus, très sportif, mais un peu intello sur les bords.

—    Je viens d'arriver, mais j'ai super faim donc non, je ne peux pas attendre !

Les filles ont passé la minute qui suit à s'acharner sur moi prétextant que je n'ai aucune patience. C''est totalement ... vrai. Mais c'est hors de question que je leur laisse avoir raison alors je me défends comme je peux.

Pendant ce temps, il y a les deux zigotos : Billy et Samy, qui se disputent pour savoir qui est le plus fort sur FIFA. Billy, c'est le mec pas super grand, mais avec une détente de malade, il a la bonne allure du basketteur. Sa peau chocolat ne laisse pas les filles insensibles. Pour ce qui est de Samy, avec son origine algérienne, il n'a qu'une seule hâte, c'est d'aller voir une partie de sa famille au bled en août.

Pour la petite histoire, on s'est tous rencontrés l'année dernière, en première. On était tous dans la même classe, ça a direct matché. Désormais on ne se lâche plus et on profite de nos derniers moments ensemble avant la fac.

Clairement, je préfère quand c'est moi qui arrive la dernière. Attendre les autres alors que je meurs de faim, ce n'est vraiment pas possible. Ça fait seulement dix minutes, pourtant je ne cesse de râler. Une enfant vraiment : "On mange quand ? Quand est-ce qu'il arrive ? On ne peut pas commander avant ?". Vraiment je ne sais pas comment ils font pour me supporter.

Après quinze minutes d'attente, la sublime BMW de Mathis apparaît. Mais d'après mes calculs, Mathis est une personne, alors pourquoi deux silhouettes sortent de cette même voiture ? Oh non le drame. La cousine. Celle qui m'a foutu le plus gros râteau de tous les temps. Ok zen. Rien de grave.

—    Hey, désolé pour le retard, je devais m'occuper d'un truc, s'excuse Mathis. Et voici ma cousine Maya, elle va passer la soirée avec nous, si vous n'y voyez aucun inconvénient.

—    Et si on en voit un ? dis-je avec assurance.

—    Tant que tu n'essayes pas de m'embrasser, tout devrait bien se passer, me dit-elle avec un léger sourire.

Outch bien envoyé. Les moqueries de mes amies ne se font pas attendre, et jusqu'à ce que nous arrivions au terrain avec nos McDo, je n'entends que parler du fameux râteau.

Cette fille est définitivement l'une des personnes les plus mystérieuses que j'ai pu rencontrer. Elle paraît toute douce, toute gentille et pourtant elle n'hésite pas à m'envoyer des piques. Elle m'attire comme un aimant et me repousse presque instantanément. J'en viens presque à douter de moi, mais avec les filles, je parviens toujours à mes fins et j'ai un gaydar vraiment perfectionné. Si j'ai tenté d'embrasser cette fille, c'est que je suis sûre à 99% qu'elle n'est pas hétéro. Donc si je n'ai toujours pas réussi à la séduire, c'est parce qu'elle me résiste, mais qui peut me résister ? Elle, apparemment. Plus elle me repousse et plus j'ai envie de faire tomber cette demoiselle sous mon charme.

Est-ce que je suis un cliché ambulant ? Est-ce que je vais essayer d'avoir Maya car elle paraît inaccessible ? Oui tout à fait. C'est cruel à dire, mais je la vois comme un nouveau défi. Je vais la faire craquer, elle finira par tomber sous mon charme comme les autres. Je ne lui laisserais pas le choix. On ne me met pas un râteau comme ça.

IdioteWhere stories live. Discover now