J'ai su rester calme cinq minutes chrono avant de trouver une nouvelle bêtise à faire. Je passe mon bras sur son côté du siège puis la chatouille comme je peux. Elle se met à gesticuler dans tous les sens et à rire aux éclats tout en me criant d'arrêter.

Évidemment, je ne m'arrête pas et continue, toute fière de ma connerie. Soudain, elle m'attrape le bras et me mord si fort que je lâche un petit cri de douleur.

—    Mais ça va pas toi ! crié-je, ses crocs toujours dans mon bras.

Elle finit par relâcher mon bras, et me regarde l'air de dire "bien fait pour toi". La saloperie a quand-même réussi à faire une grosse trace sur mon avant-bras. Je peux clairement compter ses dents tellement les marques sont profondes.

—    Je demande un bisou magique, j'ai bobo, dis-je avec un air de chien battu.

Je n'ai même pas le droit à une réponse. Elle se retourne comme si je n'avais rien dit et regarde la route pour éviter toute chance de croiser mon regard.

Moi, je souffre le martyr et elle, s'en fout totalement. Et après on dit qu'elle m'aime plutôt bien, je ne suis plus trop sûre de ça.

Pour le plus grand bonheur de Maya, nous arrivons au port, ce qui lui permet de s'échapper de mes griffes. Nous retrouvons les autres alors j'en profite pour leur montrer ma blessure de guerre qui se transforme doucement en un bleu.

Maya a décidé de faire l'innocente et prétend que c'est moi qui ai commencé. Je ne vois pas du tout de quoi elle parle. Mais bon apparemment tout le monde dit que je suis coupable, alors que c'est moi qui souffre !

Après plusieurs minutes à attendre, le capitaine du bateau nous fait enfin embarquer sur son magnifique navire. Honnêtement, vu ce que Mathis nous a présenté, je m'attendais à un immense yatch, mais là, c'est plutôt un petit bateau tout mignon, un voilier exactement. Je pense que je préfère de loin celui-ci à celui que je m'étais imaginé. Il a un charme incroyable et dégage quelque chose de chaleureux.

Aidé de Mathis, le capitaine largue les amarres et nous entamons notre virée en mer. Je suis subjuguée par le paysage qui semble tellement lointain depuis cette immense étendue d'eau.

Nous avons descendu nos affaires pour les mettre à l'intérieur du bateau, puis les autres se sont installés à l'arrière du voilier sur les banquettes. Le cuir noir craquelé montre que nous ne sommes pas les premiers à avoir la chance de pouvoir s'y assoir.

Pour ma part, j'ai préféré aller sur l'avant du bateau, juste à côté du davier (c'est la poulie par laquelle on fait passer la chaîne pour jeter l'ancre). Comment je le sais ? Je n'ai pas arrêté de questionner le capitaine sur toutes les parties qui constituent ce voilier. À vrai dire, j'ai encore pas mal de questions, mais j'ai bien vu que j'étais arrivée à la limite de sa patience. J'ai alors préféré m'isoler et contempler la mer d'un autre point de vue.

Si vous cherchez un endroit pour réfléchir et faire votre introspection, c'est l'endroit idéal. Malheureusement pour moi en ce moment, je ne sais pas quoi penser de ma vie.

Il y a deux mois, je ressortais enfin du lycée, le bac en poche. Tout était si facile, je ne passais pas autant de temps à réfléchir à ma vie et aux choix que j'ai fait.

J'avoue qu'auparavant je n'ai jamais douté, j'ai toujours su où je voulais aller. En seconde, je savais que j'irais en S l'année d'après. En première, je savais quelle option je prendrais. En terminale, je savais quelles études supérieures je visais. Je savais aussi que je souhaitais être loin de ma mère, quitte à m'éloigner de mes amis. C'est un choix que j'ai fait, et jusqu'à maintenant, j'en étais sûre.

IdioteWhere stories live. Discover now