Chapitre 33

Depuis le début
                                    

—    Alex ? dit-elle surprise.

—    Ouais je cherchais Manelle donc je suis venue voir dans la chambre, dis-je convaincue.

Comme on dit, pour bien mentir, il faut croire à son mensonge. Pendant un petit moment s'ensuit un gros blanc. Je sais très bien ce qu'il se passe dans sa tête, elle hésite. D'un côté elle ne veut pas avoir affaire à moi, mais d'un autre elle n'a pas tellement le choix si elle veut sa serviette.

—    Tu comptes me donner ma serviette un jour ? finit-elle par demander.

—    Tout de suite mon capitaine.

—    Je te préviens, tu as intérêt à fermer les yeux. Je te connais toi, même si la porte n'est que peu ouverte, tu es capable de jeter un coup d'œil.

—    Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je te voyais nue, dis-je en riant.

La porte s'ouvre d'un coup, faisant apparaître Maya, totalement nue. Elle me prend la serviette des mains et referme la porte aussitôt.

Tout s'est passé en une seconde, et pourtant ça m'a largement laissé le temps d'enregistrer dans ma mémoire son magnifique corps dénudé. Ses courbes si parfaites, ses vergetures qui viennent épouser les lignes de ses cuisses, ses nombreux petits bleus sur ses jambes, sans oublier ses seins aux tétons durcis. Ça y est, je me perds dans mes pensées, et cette fois, je dois vraiment les garder pour moi.

La porte de la salle de bain finit par s'ouvrir de nouveau et Maya me fait face, en serviette cette fois, avec une boule de papier à la main. Ce papier qui finit finalement dans ma tête.

—    Arrête avec tes petits jeux à la con, tu m'énerves plus qu'autre chose, dit-elle plutôt énervée.

—    Alors accepte de passer une heure avec moi et j'arrêterais

—    C'est hors de question. Je n'ai pas été assez claire avec toi ? Parce que si tu continues de jouer tu vas perdre.

—    Tu es mon jeu préféré, je ne vais pas m'arrêter.

Elle prend le livre posé sur la table de chevet et me le balance dessus.

—    Je ne suis pas un putain de jeu Alex, aucun être humain ne devrait être considéré comme tel ! Mais toi ça tu ne comprends pas hein, tu ne sais pas ce que c'est d'avoir un cœur et des sentiments. Tu ne connais rien à l'amour et tu sais pourquoi ? Parce que pour toi, c'est juste un jeu alors que c'est bien plus que ça.

—    Maya, ce n'est pas ce que je voulais dire...

—    Dégage.

J'étais déjà une sacrée merde, mais là, je pense qu'on ne peut pas faire pire. Je commence alors à me diriger vers la porte, prête à sortir quand un truc au fond de moi me retient.

—    Écoute Maya...

—    Non sors !

—    Laisse-moi parler, dis-je plus sévèrement. Tu n'es pas obligée de me répondre, ni de m'écouter, mais laisse-moi te dire les choses. Je suis d'accord avec toi, je suis vraiment une idiote, je dis et fais des choses que je ne devrais pas. Mais pour être honnête, je ne le fais pas exprès. Tu n'es pas un jeu Maya, tu es loin de l'être, mais en ce moment, tu es dans ma tête tout le temps. Ça me bouffe d'avoir tout gâché, je veux seulement réparer mes erreurs.

—    Sors, dit-elle plus calmement.

Cette fois, je ne discute pas et m'exécute. Je vais directement dans ma chambre, je n'ai pas du tout la tête à faire semblant de sourire alors que je viens de ruiner toutes mes chances de récupérer Maya. Je préfère m'isoler, mettre mon casque et écouter de la musique tout en fermant les yeux, afin de m'échapper un peu du bourbier dans lequel je me suis mise toute seule comme une grande.

Mon plan n'est même pas fini qu'il est déjà déclaré mort. Il n'y a plus de plan, plus de Maya, plus rien.

J'entends que quelqu'un essaye de communiquer avec moi, mais je ne comprends pas, car la musique est à fond et qu'actuellement je n'ai pas envie de faire l'effort de comprendre. J'ouvre alors simplement les yeux pour évaluer la situation. Éva est juste devant le lit, à me regarder, l'air grave avec les bras croisés. Bon, j'ai compris, je n'ai pas le choix. J'enlève mon casque et la regarde pour lui donner le top départ pour qu'elle me crie dessus.

—    Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as pas une demoiselle à séduire ? me demande-t-elle.

Je comprends alors qu'elle ne sait pas ce qui s'est passé il y a quelques minutes entre Maya et moi.

—    Non, c'est fini, j'ai tout fait foirer et cette fois, je n'ai plus aucune chance, alors va rejoindre les autres et laissez-moi tranquille.

—    Attends je rêve ou Alex a un chagrin d'amour ? Tu lui as fait quoi encore à cette pauvre fille ?

—    Alors déjà non, je n'ai pas de chagrin d'amour, et ensuite j'ai dit de la merde comme d'habitude. Elle pense qu'elle n'est qu'un jeu pour moi, ce qui est totalement faux, mais j'ai quand même fait en sorte qu'elle le pense. En bref, j'aurais beau faire tous les efforts du monde, ma débilité reviendra toujours tout gâcher.

—    Ok cocotte. C'est bon ? Tu t'es assez plaint ? Très bien alors tu vas bouger ton magnifique derrière et tu vas tout faire pour la récupérer. Et je m'en fiche si tu dois faire des efforts pendant le reste du voyage parce que tu vas tout donner. Elle en vaut la peine.

—    Elle en vaut la peine, mais moi je ne la mérite pas. Éva, sérieusement, t'es ma meilleure amie, tu me connais par cœur, tu sais très bien que je ne suis pas douée pour les relations. Je vais finir par la blesser, un jour ou l'autre.

—    Écoute, c'est vrai que je n'aurais jamais pensé que je te ferais un discours pareil mais t'as rencontré une fille super, terriblement canon et qui s'intéresse à toi. Vous avez construit quelque chose de particulier entre vous et je ne peux pas te dire que c'est la femme de ta vie, mais je pense que c'est une fille qui vaut la peine que tu essaies pour une fois dans ta vie de t'ouvrir à l'amour.

—    Je n'ai jamais dit que je voulais une relation amoureuse avec elle, je veux juste retrouver mon amie.

—    Alex, tu pues l'amour et il n'y a que toi qui ne le voit pas.

Je suis de plus en plus perdue. Au fond de moi, je pense savoir la vérité sur la nature de mes sentiments, mais à chaque fois, toutes mes peurs remontent pour me convaincre de l'inverse.

Je n'ai pas le droit d'abandonner, je n'ai pas le droit de la lâcher comme ça. Peu importe ce que je ressens, je dois être là pour elle. Je vais me battre, pour elle, contre mes démons, contre tout, si à la fin je l'ai, elle, Maya.

—    Bon alors c'est quoi la quatrième étape ? me demande Éva voyant ma soudaine motivation.

—    Elle va encore crier... dis-je innocemment.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant