Chapitre 28

Depuis le début
                                    

Le son est bien monté, les pizzas sont délicieuses et mon verre de vodka me tient parfaitement compagnie. Peu à peu, les gens quittent la table pour rejoindre la piste de danse qui s'est créée au milieu du salon.

Au début, j'entendais Maya rire à gorge déployée et c'était cool, elle passait un bon moment. Maintenant elle est totalement assise sur lui, ses bras autour de son cou. Lui évidemment ne se gêne pas pour mettre ses mains sur ses hanches. J'ai les nerfs qui commencent à monter, mais je respire profondément, reprends mes esprits et rejoint Cassandra pour danser.

Finalement les deux tourtereaux nous rejoignent seulement quelques minutes après. Et tiens que ça danse collé-serré ! Bah oui évidemment ! Et l'autre là qui la regarde avec ses yeux bleus. On a bien compris que tu étais beau gosse, n'en fais pas des tonnes non plus.

En fait je pense que je ne l'aime pas Adrien, ouais je ne le sens pas. C'est clairement le genre de mec qui fait souffrir les filles. Comment je le sais ? Je suis pareil, en version féminine. Je brise des cœurs parce que je suis brisée de l'intérieur. Je joue parce que je suis simplement une connasse. Et lui là avec son visage d'ange et son sourire ultra white, il va la faire souffrir.

Putain, mais Alex, qu'est-ce que tu racontes. Ça y est je deviens totalement cinglée. Pourquoi je suis aussi préoccupée par ces deux là. Je pense sincèrement que je ne me comprendrais jamais. Allez, on respire, je ne le connais pas, et en plus ils ne sortent même pas ensemble, il n'a même pas réussi à l'embrasser alors pas de soucis à se faire.

Au même moment, devant mes yeux, se déroule une scène qui fait tout exploser en moi. Je vois les lèvres de l'autre abruti se poser sur celles de Maya qui répond à son baiser. Je ne veux pas voir ça, je ne veux pas la voir aussi proche de lui. Je jette mon verre en plastique presque vide sur la table basse et trace vers le jardin.

—    Alex ?! crie Maya derrière moi. Arrête-toi !

—    Quoi ? dis-je en m'arrêtant. Tu n'es pas occupée à laver la bouche de ton mec avec ta langue ?

—    Commence pas.

—    Commencer quoi ? Y a rien, tout va bien je vais juste prendre l'air. Tu peux retourner voir ton mec.

—    Ce n'est pas mon mec arrête, on s'est juste embrassés, tu ne vas pas en faire une histoire. Et puis c'est toi qui as commencé avec cette fille l'autre fois non ?

—    Alors c'est pour ça que tu me fais la gueule depuis hier soir ? C'est quoi ton problème en fait ? Je n'en ai rien à foutre que tu galoches le premier mec venu, tu sais pourquoi ? Parce que je m'en carre l'oignon de toi. Tu es juste une fille naïve qui se fera briser le cœur encore et encore. Si tu es jalouse quand j'embrasse d'autres filles, ce n'est pas mon problème parce que je ne ressens rien pour toi. À la base, je pensais que tu étais mon amie, mais t'es juste la cousine de Mathis qui aura passé l'été collée à nos culs.

Son regard se déchire, laissant couler des larmes le long de ses joues. Je regrette instantanément les paroles que je viens de lui cracher au visage. Je n'ai plus une femme devant mes yeux, j'ai une petite fille triste à qui on a dit des horreurs. Elle finit par prendre ses jambes à son cou pour échapper au monstre que je suis.

Il n'a fallu que quelques instants avant que Mathis débarque pour m'exploser la tronche. Après ce que j'ai dit, je n'ai même pas envie de me défendre.

—    Mais qu'est-ce qui t'as pris bordel ? Tu lui as dit quoi pour la mettre dans cet état, me hurle-t-il.

—    Je suis désolée.

—    Putain, mais Alex tu comptes ouvrir quand les yeux ? Je ne sais pas ce que t'as pu lui raconter, mais elle n'était pas seulement triste, elle était brisée. Tu lui as brisé son putain de cœur. T'es juste une sacrée connasse qui s'amuse avec les gens et je n'en ai rien à foutre quand tu emballes 50 filles dans la même soirée, mais là c'était Maya ! Ça fait plus d'un mois que tu lui tournes autour, que tu la charmes pour au final la traiter comme une merde. Et si tu n'avais pas remarqué, cette personne incroyable t'appréciait beaucoup.

Il finit par rejoindre les autres, me laissant seule au milieu du jardin à me noyer dans ma culpabilité. J'ai dit des mots blessants que je ne pensais même pas, j'essayais simplement de redevenir Alex. La Alex qui s'en fout de tout et qui profite de la vie sans jamais se soucier des conséquences. Parce que depuis que Maya est arrivée je n'ai pas arrêté de m'attendrir, je suis devenue une de ces filles hyper nian nian. Je voulais juste prouver que je n'avais pas changé. Malheureusement pour moi, en une soirée, je venais de perdre un de mes meilleurs amis, la seule fille avec qui j'ai ressenti quelque chose et le respect de mes amis.

Suite à ce drama, la soirée s'est stoppée nette. Les garçons sont rentrés et tout le monde a préféré aller se coucher. J'ai tellement honte de mon attitude que j'ai attendu qu'ils montent tous avant de rentrer.

Je me dirige discrètement jusqu'à ma chambre, espérant ne croiser personne. Lorsque j'ouvre la porte, je n'ai même pas le temps de faire un pas que je me reçois un oreiller en plein poire.

—    Tu dégages ! me crie Éva. Il est hors de question que je partage ma chambre avec une débile comme toi. Sérieusement Alex je t'aime de tout mon cœur, je t'accepte avec les milliers de défauts qui te constituent, mais là tu as dépassé les bornes.

—    Tu ne sais même pas ce qui s'est dit. Moi aussi je dois pleurer pour qu'on soit de mon côté ?

—    Sors d'ici maintenant parce que je te jure que la prochaine fois, c'est le vase que je te lance dessus. Et si, pour info Maya m'a tout raconté, ne t'inquiète pas, les nouvelles vont vites et tout le monde aura une bonne raison de te détester.

J'ai donc aussi perdu mon lit dans cette histoire. Évidemment, ce n'est même pas la peine d'essayer de gratter une chambre puisqu'ils se sentiraient, eux aussi, obligés de me faire la morale.

Je décide alors de repartir avec l'oreiller et de m'installer sur le canapé du salon. Honnêtement il est plutôt confortable, ce n'est pas un lit, mais ça fera largement l'affaire.

Malheureusement pour moi, j'ai beau être bien installée, je ne trouve pas le sommeil. Toute cette histoire tourne en boucle dans ma tête. J'essaye de comprendre ce qu'il a bien pu se passer pour qu'on en arrive là, pour qu'on se déchire à ce point.

Je suis Alex, la fille qui ne ressent rien. Pourtant, en deux mois, j'ai ressenti plus de sentiments que ce que j'ai ressenti en une vie. J'ai essayé de toutes mes forces de ne pas y accorder de l'importance. J'ai essayé de les éviter, mais je les ai ressentis, au plus profond de moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai ressenti tout ça, je ne sais pas ce que ça veut dire, la seule chose que je sais c'est que j'ai merdé et peu importe les sentiments, j'ai blessé une personne incroyable qui ne mérite en rien ce qu'il lui a été dit. À vrai dire, personne ne mérite qu'on lui dise des horreurs pareilles. En plus de ça, tout ce que je lui ai dit était faux, je ne m'en fous pas d'elle et ce n'est pas juste la cousine de Mathis, c'est Maya, la fille qui a su réveiller en moi des sentiments que je ne connaissais pas.

La conclusion à tout ça, c'est que je suis effectivement une grosse connasse avec un degré de débilité super élevé. Il vaudrait mieux que je m'endorme avant que mon cerveau ne finisse par exploser à force de réfléchir.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant