Épilogue: Nos deux mondes

545 36 79
                                    

Rivaille Ackerman, le caporal-chef du bataillon d'exploration, celui que j'aimais de tout mon être, et qui m'aimait en retour, était mort. J'étais vraiment la pire des merdeuses.

1 mois était passé depuis l'évènement. Ma mère ne s'était doutée de rien. Mes mains écorchées ? Une chute à vélo. Mon attitude distante et déprimée ? Une dispute avec mes amis. Mon épuisement et ma lassitude ? Le stress des examens finaux. J'avais réponse à tout, et ma mère gobait toutes les salades que je lui racontais, sans ne jamais chercher à en savoir davantage. Je ne compte plus le nombre de fois où j'eus envie d'éclater en sanglots et de me blottir dans ses bras maternels, sachant toutefois que je ne pourrai jamais m'accorder un tel moment. Ma mère n'était pas de type inquiète ou protectrice, et vu les circonstances, c'était sans doute mieux ainsi.

Le plus difficile, ce fut de reprendre l'école, comme si tout allait pour le mieux. Je dus compléter des copies d'examens, assister à cette fameuse conférence des professions qui m'angoissait tant auparavant, et écouter des dizaines et des dizaines de cours ennuyants. À chaque fois que j'ouvrais mon casier d'école, le logo du bataillon d'exploration, tracé par Hansi, me narguait de son éclat et de sa netteté. Il m'allait être impossible d'oublier un jour toute cette aventure. Hansi, Erwin, Nicholas, Eren... Tous gardaient une place en ma mémoire.

Le pire, c'était Rivaille. À chaque fois que mon esprit divaguait et pensait à lui, mon coeur se gonflait instantanément, et mes yeux me piquaient. J'éprouvais parfois de la difficulté à respirer, et seul le journal du caporal, que je gardais toujours sur moi, m'empêchait de céder à une crise de panique. Quand cela arrivait, je le sortais de ma poche, et effleurait la reliure de mon index, pensive. Nos derniers moments, à l'extérieur des murs, restaient très flous en ma mémoire. Seuls les bons souvenirs étaient vifs, poignants, comme si mon coeur ne voulait se rappeler que du positif. Le parc d'attraction, nos nombreuses siestes dans la forêt, le cinéma, la journée « Amène ton ami », notre bataille d'eau... Nous avions vécu tellement de choses ensemble. Ces souvenirs apaisaient quelque peu ma douleur, et m'aidaient à traverser les dures journées d'école.

Une chance qu'il y avait Tristan et Rosalie. J'ai fini par tout leur raconter. Leur véritable identité, les derniers instants de Rivaille, et notre séjour en charrette. Alors que Rosalie s'était plutôt trouvée chambouler par la mort du caporal-chef, Tristan était resté dubitatif quant à cette histoire de boîtes et d'extérieur. Il ne comprenait, tout comme moi, comment cette cargaison avait pu se retrouver de l'autre côté des murs. Ce mystère restera probablement à jamais irrésolu. Toujours était-il que mes amis furent d'un grand soutien. Je pus compter sur eux, et ils furent des plus compréhensifs.

En bref, je commençais tranquillement à m'habituer au trou béant qui avait remplacé mon coeur, et à survivre à la réalité de ne plus jamais revoir le caporal-chef. Non, plus jamais. Enfin, jusqu'à cette journée. Cette journée où tout bascula.

...

Un jour des plus banals. À l'école. En train d'attendre que la professeure de français en retard se pointe enfin pour commencer le cours.

Tristan (chuchotant à [T/P]): Tu trouves pas ça bizarre que la prof soit en retard ? Ce n'est pas son genre...

Au moment où j'haussai les épaules, indifférente, l'enseignante déboula dans la classe telle une vraie tornade, ce qui coupa court à notre discussion. Je remarquai alors qu'il y avait quelqu'un qui l'accompagnait. Un élève.

Professeure (souriant de toutes ses dents): Bonjour, bonjour ! Désolé pour le retard ! Je me devais de faire visiter notre merveilleuse école à votre nouveau compagnon de classe !

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Where stories live. Discover now