Chapitre 21: Côtes cassées, vestiaire et mauvais rêves

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Là-haut, des hommes de la garnison nous prirent en charge et remontèrent nos chevaux à l'aide d'engins spéciaux. Je pus enfin me laisser aller à l'inconscience: j'étais en sécurité.

...

Je me réveillai dans une salle étrange. Plusieurs lits étaient placés côte à côte, et il y avait une légère odeur de pommade ainsi que de plantes médicinales. Étais-je donc à l'infirmerie du QG ? Probablement. Une fois cette information bien rentrée dans ma tête, j'essayai de me lever, mais la douleur était épouvantable. Je me laissai donc retomber sur le matelas, énervée. C'est à ce moment que je vis une silhouette arborant une blouse blanche se diriger en courant vers mon lit.

[T/P]: Hansiii ! Ouch.
Hansi: [T/P] ! Tu vas bien ? Tu es restée inconsciente pendant pas moins de 3h complètes... J'en ai profité pour examiner tes blessures: Rivaille avait peur que tu ailles un volet thoracique, c'est-à-dire plusieurs côtes cassées provoquant un détachement d'une partie de la cage thoracique, mais heureusement, c'est bien moins pire que ce que l'on croyait. Tu n'as que trois côtes cassées, ce qui est en soit une bonne nouvelle, considérant l'énorme choc que ton ventre s'est pris.
[T/P] (en touchant ses côtes tout en grimaçant): 3h ?! Il est quelle heure, Hansi ? Dites-le moi, je vous en supplie !
Hansi (étonnée): Euh... Il est 2h30 du matin, pourquoi ?
[T/P]: Quoi ?! Il est 14h30 dans mon monde... Le 4e cours commence dans à peine 15 minutes ! Hansi, il faut vraiment que j'aille à l'école, sinon je vais avoir des ennuis avec ma mère ! S'il-vous-plaît, laissez-moi partir...
Hansi (en croisant les bras): Si je fais cela, Rivaille va me tuer... Il venait toutes les heures prendre de tes nouvelles. Je pense qu'il croit que c'était un peu de sa faute, ta blessure...
[T/P]: Quoi ?! Mais pas du tout, c'était à cause d'un titan ! En tout cas, s'il-vous-plaît, je dois vraiment y aller... Je reviendrai après, promis.
Hansi (réfléchissant): Hmm, tu n'es vraiment pas de tout repos, toi ! C'est d'accord. Mais pas de folie, compris ? Tu restes assise bien confortablement sur ta chaise pendant tout le cours et tu fais le moins de mouvements possibles: il ne faut pas que ton état empire. Aussi, tousse toutes les heures vraiment fort: cela empêchera tes côtes de se déplacer dans ton ventre, et favorisera la guérison.
[T/P] (heureuse): Ohhh, c'est d'accord ? Merci, merci, merci Hansi !
Hansi (en riant): Allez, file, avant que M.Grincheux pointe le bout de son nez !
[T/P]: Ok ! Oh, et avant que je quitte, je vous conseille d'examiner la cheville du caporal: je l'ai vu se battre lors de l'expédition extra-muros, et elle semble encore le faire souffrir...

C'est donc avec le sourire aux lèvres que je quittai l'infirmerie. Rendue dans ma chambre, je sautai dans la douche en vitesse pour enlever le maximum de boue collée sur mon corps en raison de l'expédition. Puis, je remis mon uniforme scolaire que j'avais laissé en boule au coin de mon lit, quand nous étions revenus, Rivaille, Hansi et moi, de la journée « Amène ton ami ». Cela semblait faire des lustres que ce jour s'était déroulé... Une fois prête, je gravai un autre symbole du bataillon dans mon garde-robe, et écrivis « école » au-dessus. Puis, j'activai le logo et me retrouvai dans mon casier. Heureusement, celui-ci était ouvert, ma partenaire étant en train de parler au téléphone cellulaire un peu plus loin. Cependant, il allait falloir que je trouve un moyen pour pouvoir l'ouvrir de l'intérieur, la prochaine fois...

Je me rappelai alors que nous étions jour 5, ce qui voulait dire que nous avions un cours de sport à la quatrième période. Moi qui avais dit à Hansi que j'allais faire le moins de mouvements possibles, je n'avais vraiment pas de chance... Je me rendis en courant dans les vestiaires des filles: je n'avais plus que 5 minutes pour me changer. J'aperçus Rosalie du côté des douches lors de mon entrée dans la pièce.

Rosalie: [T/P] ! Où étais-tu donc passée toute la journée ? Ta mère a appelé hier soir, et j'ai dû te couvrir. (Puis, en faisant un clin d'oeil) Tu étais avec ton beau Rivaille, c'est cela ?
[T/P] (sautant sur l'occasion): Oui ! C'est exactement cela !

Je commençai alors à me changer. J'essayai par tous les moyens de ne pas gémir de douleur en enfilant mes vêtements. Mes côtes faisaient si mal... Quand je vis les yeux grands ouverts de Rosalie, au moment où j'enlevai mon chandail, je compris que quelque chose clochait. C'est en baissant le regard que je vis ce que je n'avais pas remarqué auparavant: mes côtes étaient boursoufflées et couvertes d'ecchymoses de toutes les couleurs inimaginables. C'était à en faire crier de terreur le plus courageux des médecins...

Rosalie (inquiète): [T/P]... Il va falloir qu'on parle après les cours.

Je ne sais pas ce qu'elle s'était imaginé en voyant mes blessures, mais c'était probablement moins pire que la vérité. Il allait falloir que je trouve quelque chose à lui raconter lorsqu'elle allait me faire passer son interrogatoire...

...

Le cours de sport se passa sans encombre. Je m'appliquai à l'art de passer le plus de temps possible sur le banc pendant les parties, ce qui ne fut pas de tout repos. En effet, les garçons, assez impressionnés par ma performance d'arts martiaux au dernier cours, me défiaient en basket ball. J'étais triste de les décevoir, car j'étais extrêmement orgueilleuse et je passais pour une faible en déclinant leurs invitations, mais je ne voulais pas m'attirer des ennuis avec ma blessure. À la fin de la classe, je filai en trombe pour éviter Rosalie et ses mille et une questions: je n'étais pas prête à y répondre. Je rentrai à la maison et fis un salut à ma mère pour qu'elle ne s'inquiète pas. Je lui expliquai que j'avais passé une soirée d'enfer, hier, avec mon amie, mais que j'étais à présent très épuisée. Elle fut très compréhensive et me permit d'aller me coucher sans m'obliger à avaler quelque chose en guise de souper.

J'essayai de dormir, mais il m'était impossible de fermer l'oeil. À chaque fois que mes paupières me laissaient dans le noir complet, mon esprit me faisait voir d'immenses silhouettes arborant une multitude de dents ainsi qu'une mine terrifiante. Des titans. Ils avançaient vers moi, les mains tendues, un sourire diabolique aux lèvres... Si je m'obstinais à garder tout de même les yeux fermés, je pouvais pratiquement percevoir le tremblement de la terre, sous leurs pas... J'étais terrifiée, et j'avais peur. Quand, des heures plus tard, je crus enfin sombrer dans le sommeil, je me réveillai après quelques minutes seulement en hurlant: j'avais rêvé qu'un titan dévorait un soldat devant mes yeux effrayés. Je me mis à pleurer à chaudes larmes: c'était donc ça, le prix à payer pour être devenue soldat ? Des cauchemars inhumains ainsi qu'une douleur insupportable ?

Étant certaine de ne pouvoir trouver le sommeil cette nuit, je me levai de mon lit vers 23h, enfilai mon uniforme de soldat, et activai le logo du bataillon d'exploration. J'errai un instant dans les couloirs du QG, regardant par la fenêtre les soldats qui s'entraînaient sur les terrains. Faisaient-ils eux aussi des cauchemars comme les miens ? Avaient-ils perdu leurs amis lors d'expéditions extra-muros ? Avaient-ils l'impression de pouvoir perdre la raison à tout moment ? Je secouai la tête, déboussolée. Puis, sans m'en rendre compte, mes pieds me dirigèrent vers la chambre du caporal-chef. Sur un coup de tête, je cognai à la porte.

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Where stories live. Discover now