Chapitre 31: Cher journal #6, Nicholas et document

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Sur ces paroles, j'ordonnai à mon cheval d'accélérer le pas, sans un regard en arrière. Le caporal ne semblait pas avoir l'intention de me suivre. Bien. Après un virage à droite, il disparut pour de bon de ma vision.

...

Cher journal,

Je me sens vraiment pas bien. Quand elle est partie... j'avais juste envie de rire. De hurler de toutes mes forces. Tch. Je m'attendais à quoi, putain ? Qu'elle me prenne dans ses bras ou quelque chose d'encore plus merdique ? ... Tout ce qu'elle m'a dit, avant de me planter là, je le savais déjà. Mais je m'imaginais... Non, c'est n'importe quoi. Une fille comme elle peut pas pardonner ce que je lui ai fait subir.

Je le savais. Je le savais que toute cette merde allait mal finir. Tous les gens que j'aime... ils finissent toujours par être blessés. Par souffrir. Je n'aurais jamais dû avouer à [T/P] que je— Tch. Non. J'ai encore fait le mauvais choix. J'aurais dû repousser ce que je ressentais. J'aurais dû être plus fort que... ça. C'est lamentable. Mon seul but aurait dû être de la protéger. De la protéger de moi, tch. Mais j'ai encore merdé. « C'est toujours toi, toi, toi ! ». Au fond, elle avait peut-être pas tort, la merdeuse.

J'ai mal partout. Je ne sais plus il est quelle heure, comment je suis retourné dans ma chambre, quand la réunion d'Erwin aura lieu... Je m'en fous. Je me fous de tout. Plus rien n'a de l'importance. Je me souviens juste de ce moment, quand elle s'est dérobée à mon regard, en tournant à droite, prenant la route du QG... Tch. Je sais que je suis allé dans la forêt, après. Que j'ai sorti mes lames, et que j'ai lacéré des arbres. Encore et encore. Jusqu'à épuisement. Je suis sûr qu'elle aurait ri. En me voyant dans cet état. Ça devait être pitoyable. Mais je ne savais pas quoi faire d'autre. Je n'avais pas la force de rentrer et de voir la face de tous ces merdeux de soldats.

Hansi a cogné à ma porte, tantôt. Je lui ai dit de dégager. J'aurais dû me douter qu'elle n'allait pas m'écouter. Elle le fait jamais, tch. Elle est entrée avec un plateau de bouffe, l'a déposé sur mon bureau et s'est assise sur le bord de mon lit.

Moi (tout habillé, les bottes pleines de boue, allongé sur le ventre, la tête dans l'oreiller): Dégage putain de merde.
Hansi (m'ignorant, sérieuse): [T/P] sera placée dans mon escouade dès demain. Je vais aller faire ma demande à Erwin dans quelques minutes. Tu vas voir, je ne lui rendrai pas la vie facile.

Non. Non, elle ne pouvait pas faire ça. J'aurais tellement voulu accepter, tch. Pour ne plus jamais revoir cette merdeuse. Ça l'aurait tellement été facile. Mais non. Je savais que, si elle partait... j'allais le regretter. Oui, c'était sûr. [T/P] était en danger.

« Faire confiance à des compagnons dignes de confiance, ou faire confiance à sa propre force »... tch. Je savais quel était le bon choix. Hansi n'allait pas réussir à protéger [T/P]. Je le savais. Toute cette histoire de Rovoff allait mal se terminer. Il fallait que ce soit le soldat le plus fort de l'humanité qui ait la garde de cette merdeuse. Sinon, elle risquait de finir dans les mains de l'ennemi. Et si elle mourrait, je... tch. Il ne fallait pas que je laisse mes sentiments influencer ma décision. Il serait tellement simple de donner mon accord à Hansi. Mais non. Non.

Moi (en levant la tête de l'oreiller): [T/P] [T/N] fera partie de mon escouade, comme décidé auparavant.

La binoclarde me regarda un moment avec des yeux étonnés, secoua la tête, et se mit à sourire. Tch. Quoi encore, merde ?

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Where stories live. Discover now