Chapitre 12: Encore plus de sport, marché et délire

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La chance me souriait de la plus cruelle des façons: j'avais du temps, beaucoup de temps, à présent, pour me préparer au duel contre Rivaille Ackerman. Plus de deux semaines. Cela renforça mon espoir de réussir. De triompher.

Karaté. Course. Jiu-jitsu. Pompes. Judo. Tridimensionnalité. Boxe. Redressements-assis. Je n'arrêtais plus. Mes journées n'étaient consacrées qu'à ma remise en forme. Le matin, je me réveillais avec un entraînement de musculation de 10 minutes. Le jour, je courais avec mes amis dans la forêt entourant notre école pendant notre heure de dîner. L'après-midi, j'apprenais de nouvelles techniques d'arts martiaux grâce à Internet. Puis, la nuit, je me rendais dans le monde du bataillon d'exploration pour essayer de battre mon record avec l'équipement tridimensionnel. L'épuisement ? Il semblerait que mon corps ne connaissait pas ce mot. J'apprenais vite, et bien. Je voyais déjà des progrès, et cela m'encourageait à continuer.

Le lendemain après avoir donné la pommade et le sirop à Hansi, celle-ci me retrouva au terrain d'entraînement, alors que je finissais un énième tour de parcours. Je n'arrivais à dépasser le cap des 1m30... Et ce, même si j'allais au maximum de ma vitesse. Le problème, c'est que j'utilisais bien trop de gaz, ce qui me ralentissait dans mes mouvements. Il allait falloir que je trouve un moyen pour conserver le carburant de cet engin... Sans quoi, je ne pourrai jamais devenir soldat. Toujours est-il que j'aperçus la silhouette d'Hansi au moment où je posai le pied au sol, le souffle court. Elle vient à ma rencontre, avec un air mi-inquiet, mi-moqueur.

Hansi: [T/P], tu veux voir quelque chose d'effrayant ?
[T/P] (se braquant): Euh... Ça dépend de ce que vous entendez par « effrayant »...
Hansi: Effrayant signifiait: « voir Rivaille dans un de ses nombreux délires frénétiques causés par la fièvre ».
[T/P]: Attends, vous l'avez laissé tout seul alors qu'il était en train de délirer ? Simplement pour venir me chercher ? Hansi, il pourrait être arrivé un truc grave entre le moment où vous avez quitté la chambre et à présent !
Hansi (soupirant): Comme quoi ? ...Bon ok, oui, tu as raison. Mais je n'en peux plus de l'entendre débiter n'importe quoi à chaque fois qu'il se réveille ! Et j'ai des expériences à continuer dans mon laboratoire... Je ne peux pas le surveiller éternellement. Je me suis bien plainte à Erwin hier, mais il ne veut rien entendre.
[T/P]: Donc, tu as décidé de venir te plaindre à moi ?
Hansi: J'allais plutôt te demander un service... Tu veux bien aller le surveiller ? Je résiste à l'envie d'aller examiner tes médicaments dans mon laboratoire depuis hier... Ta pommade ne fonctionne pas vraiment, ses effets ne sont pas assez puissants pour le type d'infection qu'a le caporal. Cependant, je pense, en l'analysant, pouvoir en faire une copie bien plus forte. Cela pourrait guérir la blessure de Rivaille plus rapidement, c'est encourageant, non ?
[T/P] (s'exclamant): Mais je ne veux pas qu'il guérisse plus rapidement !
Hansi (incrédule): Quoi ?! Tu es donc aussi sadique que lui ?
[T/P]: Non, ce n'est pas ça... C'est juste que cette blessure me donne plus de temps pour m'entraîner... Vous savez, en vue de notre duel. Et j'ai cruellement besoin de ce temps.
Hansi (réfléchissant): Ok, j'ai un marché à te proposer, [T/P]. Si tu vas surveiller Rivaille, je t'offre une séance de combats avec moi, ainsi que mes précieux conseils qui pourront t'aider à devenir meilleure.
[T/P] (sautillant de joie): Oh, oui, Hansi ! Merci énormément, j'en ai plus que besoin !
Hansi: C'est moi qui te remercie ! Mais là, file voir notre malade. Avant qu'il ne s'étouffe dans ses draps ou je ne sais quoi.

Le temps de prendre ma bouteille d'eau ainsi que ma serviette, de me rendre au QG et d'ouvrir la porte de la chambre 308, le caporal-chef s'était déjà rendormi. Dommage, j'aurais bien aimé voir à quoi ressemblait un délire signé Rivaille Ackerman. « Je me demande comment se sentiraient les criminels si on les donnait à bouffer aux titans.», était le genre de trucs qu'un sadique comme lui devait probablement débiter sous l'effet de la fièvre. Oh, ou encore mieux: « J'aimerais nager dans une piscine de Windex. » Je me mis à rigoler de mes propres sottises, en touchant le front du caporal. C'était peut-être moi, mais il semblait plus brûlant qu'hier... Je ne pus m'empêcher de me sentir fâcher. Comment peut-on cacher une telle blessure ? Il était certain qu'elle n'allait que s'aggraver de jour en jour. Au point où on en était rendu, c'en était presque ridicule.

Après 30 minutes à attendre, je commençai à trouver le temps long. J'aurais dû demander à Hansi combien de temps durait ce marché. La connaissant, elle pouvait bien passer des jours entiers dans son laboratoire sans en sortir... Je soupirai à cette pensée. Mon regard commença à analyser le visage du caporal, n'ayant rien d'autre à faire. Ses cheveux noirs retombaient en pointes devant ses yeux. Je me demandais d'ailleurs de quelle couleur ceux-ci pouvaient bien être. Je n'y avais jamais fait attention. Son nez prenait place au milieu de son visage et sa bouche était légèrement entrouverte. N'empêche, il était vraiment beau. Si on faisait abstraction de sa taille, bien entendu. Je ne sais pas si c'était dû au fait qu'il sommeillait, mais son visage n'avait plus cet air sévère, crispé et blasé qu'il arborait à l'habitude. Je soupirai une nouvelle fois. Qu'est-ce que je faisais ? Mon devoir était de surveiller le caporal, pas de l'analyser...

Après quelques minutes seulement, ma tête commença à devenir lourde... Moi aussi, j'avais soudain envie de dormir... Dans un bâillement, je me rappelai que c'était la nuit, chez moi, et que je n'avais pas encore fermé l'oeil. Mais je ne pouvais flancher. Même si l'appel du sommeil devenait pourtant de plus en plus fort... Il fallait je surveille... le... capo... Toute volonté m'abandonna alors. J'accotai ma tête sur le bord de la chaise sur laquelle j'étais assise. Et m'endormis.

...

Un bruit plaintif me sortit de mon sommeil. J'ouvrai les paupières en sursaut. Le caporal-chef avait les yeux grands ouverts. Des gouttes de sueur froide perlaient sur son front. Il était en plein délire.

Caporal-chef: [T/P] !!! Notre monde est dominé par la poussière ! Non ! Non, c'est trop horrible, je ne veux y penser !

En plein délire de ménage. C'était la première fois qu'il prononçait mon vrai nom. Laissant le « merdeuse » de côté. Je penchai la tête sur le côté, intriguée de voir toutes les sottises qu'il allait débiter. Il fallait s'avouer qu'il était plutôt mignon, avec cet air enfantin, si ce n'était de la douleur que ses yeux reflétaient.

[T/P]: Vous avez soif caporal ? Vous voulez de l'eau ?
Caporal-chef: Du thé noir, [T/P]. C'est une très bonne boisson. Elle a un goût amer, comme le pamplemousse. Le pamplemousse me fait penser au visage d'Hansi sans lunettes, tu ne trouves pas ?
[T/P] (essayant de se retenir de rire): Pffff, hahaha !

C'était hilarant. Je pouvais comprendre qu'Hansi ait eu envie de le laisser seul, s'il ne faisait que raconter des blagues sur ses lunettes. Cependant, pour ma part, je ne voulais manquer cela pour rien au monde. Je ne pouvais m'empêcher de me demander s'il allait se rappeler de ses délires, lorsque la fièvre disparaîtra. Je me levai alors pour faire du thé, pendant que le caporal-chef continuait à déblatérer des bêtises.

Caporal-chef: [T/P], je me demande si les fourmis pensent que nous sommes des titans. Oh ! Nous sommes peut-être des fourmis aux yeux des vrais titans...
[T/P]: Alors, vous seriez une très petite fourmi, caporal.

Honnêtement, je m'attendais à ce qu'il se fâche, ou, du moins, qu'il arrête de parler, sonné. Pourtant, la réaction à laquelle j'assistai failli me faire faire un arrêt cardiaque. Rivaille Ackerman, qui n'avait jamais montré une once d'émotion sur son visage froid comme la glace. Rivaille Ackerman, qui n'avait jamais souri, du moins, devant moi. Rivaille Ackerman, qui semblait vide de l'intérieur. Rivaille Ackerman, donc, se mit à rire. Oui, il éclata littéralement de rire devant ma silhouette abasourdie.

Caporal-chef (dans un fou rire): Je suis donc si petit ?

Et je ne pus m'empêcher de rire avec lui. Ses yeux exprimaient la douleur pure et simple. Ses joues étaient rougies par la maladie. Et d'énormes gouttes de sueur froide perlaient sur son front. Pourtant, il semblait plus humain dans cet état-là que lorsqu'il avait toute sa tête. C'est donc sur cette pensée que je me suis jurée que j'allais réussir à le faire rire une nouvelle fois. Mais, sans infection. Ni fièvre. En ayant le vrai Rivaille Ackerman devant moi.

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant