Chapitre final: Espèce de merdeuse

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C'est alors que je compris. Nous n'étions pas dans les bas-fonds. Mais à l'extérieur. Oui, à l'extérieur des murs. Entourés de boîtes contenant des ordures. Et des titans se dirigeaient sur nous à toute vitesse.

[T/P] (pétrifiée et sidérée): Mais c'est impossible... C'est impossible... Rivaille... C'est impossible...
Caporal-chef (tout aussi sidéré): Que— Comment ? La charrette était pourtant supposée se rendre à la capitale...
[T/P] (se laissant glisser dans la boîte lentement, impuissante): C'est impossible...
Caporal-chef (serrant son poing valide): Putain de merde, je comprends rien à ce foutu merdier !
[T/P] (relevant la tête précipitamment vers le caporal-chef): Rivaille... Le sol gronde.
Caporal-chef (avisant les silhouettes des titans, reprenant ses esprits): Merde. On a pas d'équipement tridimensionnel. Il faut de la hauteur. De la hauteur, merde.

Sans réfléchir plus longtemps, Rivaille m'entraîna vers l'arbre le plus proche et m'intima de monter le plus rapidement possible. Je dus faire un effort colossal pour empêcher la peur de paralyser mes mouvements: je tremblais de tout mon corps. Nous n'allions pas survivre. Les questions, les craintes, tout se bousculait dans ma tête. Je souhaitais de toutes mes forces que tout cela ne soit qu'un rêve. Un cauchemar. On ne pouvait quand même pas être à l'extérieur... Pourquoi une charrette déchargerait des boîtes à l'extérieur des murs ? C'était impossible. Une de mes mains moites rata une branche, et mon coeur fit un saut dans ma poitrine. J'allais mourir. Écrasée au sol, avant même que les titans n'arrivent. J'étais pitoyable.

Au moment où je crus que tout espoir était perdu, Rivaille, qui avait entamé la montée à un bras, stabilisa mon poids avec son bras cassé, qui se trouvait juste en dessous de moi. Il étouffa un cri de douleur, et j'agrippai sans plus attendre une branche. Il venait de me sauver la vie. Les silhouettes titanesques se rapprochaient à toute allure, et m'empêchaient de penser à autre chose qu'à l'ascension de cet arbre. Il fallait qu'on réussisse. Même si tout espoir semblait perdu. Je montais, toujours plus vite. Des larmes roulaient à présent sur mes joues. Nous étions condamnés. Non, qu'est-ce que je disais ?! Il ne fallait pas abandonner. Je montai encore plus haut. Je n'arrêterai jamais. Je réussirai. Rivaille était à mes côtés: nous allions accomplir des miracles.

Les titans arrivèrent au pied de l'arbre. Ils étaient au nombre de 3. Heureusement, ils faisaient tous moins de 6 mètres de haut. Il fallait monter plus haut. C'était notre seule chance de leur échapper, pour le moment. Mes mains tremblantes attrapèrent encore et encore des branches. Plus haut. Plus vite. Je sentis alors un des titans tendre sa mains, lentement, vers mon corps. Mon frêle petit corps d'humaine. C'est à ce moment que je compris que les hommes n'étaient point aussi puissants qu'ils se plaisaient à s'imaginer. Nous étions faibles. Pitoyablement faibles. Encore des branches. Mes mains étaient en sang, parsemées d'échardes, mais peu importait. Il fallait monter. La main titanesque frôla mon pied, et je sentis ses gargantuesques doigts se refermer sur le vide, juste en dessous de moi. La chance venait de me sauver la vie.

Je montai encore quelques branches, pour être sûre d'être hors d'atteinte, et me retournai soudainement. Il fallait que je fasse face à ces monstres qui avaient failli sonner ma mort. C'est à ce moment que je vis le caporal-chef qui peinait à se hisser à ma hauteur, son bras cassé le faisant souffrir. Il n'allait pas y arriver. Soucieuse de sauver ma propre vie, j'avais complètement oublié la présence de Rivaille. La main du titan refit son apparition, prête à refermer son emprise sur les 160 centimètres de celui que j'aimais de tout mon coeur. Non. Je restai pétrifiée au moins 5 secondes, attendant avec terreur l'horrible scène qui allait se dérouler devant mon regard. 5 secondes de trop. Quand je retrouvai la pleine possession de mes mouvements, la main était déjà en train de se refermer sur la silhouette du caporal. Je me baissai tout de même, et la branche craqua sous mon poids. Non. J'offris ma main à Rivaille. Non. Nos doigts se touchèrent, mais il était trop tard. Le titan avait le caporal entre sa main. Non.

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant