Chapitre 23: Réveil, discussion et surnom

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Peu importait de savoir comment le caporal avait deviné la raison de ma présence ou pourquoi celui-ci savait exactement quelle heure il était chez moi. Oui, car je n'avais jamais été aussi fâchée qu'à présent.

La première chose que j'aperçus en me réveillant fut la silhouette du caporal-chef, assis à son bureau, en train d'écrire dans un carnet. Je pris soudain peur: qu'est-ce que je faisais dans sa chambre ? ...dans son lit ? Et il était quelle heure ?

[T/P] (abasourdie): Hein ? Rivaille ? Pourquoi... ?

En entendant ma voix, le caporal ferma subitement son carnet et se retourna vers ma silhouette qui était à présent assise dans le lit.

Caporal-chef: Tu préférais que je te laisse dormir sur le toit, peut-être ?
[T/P]: Attends, je me suis endormie sur le toit du QG ? (en croisant les bras) Tu aurais pu me réveiller !
Caporal-chef: Pour que tu n'arrives plus à te rendormir par la suite et que tu me casses les oreilles avec tes mauvais rêves ? Non.
[T/P] (en enfonçant sa tête dans l'oreiller, gênée): Comment vous savez ça, d'abord ?
Caporal-chef: J'espère que tu n'as pas bavé sur mon oreiller, merdeuse, sinon tu vas le payer cher.

Est-ce qu'il venait juste d'esquiver ma question ? Le caporal se leva de sa chaise, et essaya de m'arracher l'oreiller des mains. Je ne lâchai pas prise, la tête toujours enfuie à l'intérieur de celui-ci. Il sentait bon... un mélange de lavande et de produit nettoyant. C'est alors que je me souvins de cet étrange carnet dans lequel le caporal-chef écrivait à mon réveil. S'il voulait m'embarrasser en parlant de mauvais rêves, alors à mon tour de faire de même sur un autre sujet !

[T/P] (en relevant la tête, croisant le regard du caporal-chef): D'ailleurs, c'est quoi ce carnet dans lequel vous écriviez quand je me suis réveillée ?
Caporal-chef (continuant à tirer sur l'oreiller): Dégage de mon lit maintenant que tu es réveillée, espèce de merdeuse. Faut que je le refasse, tch.

Il venait de changer le sujet de la conversation une fois de plus... Sans aucune réaction à ce que je venais de dire, en plus. Il n'allait pas s'en tirer à si bon compte !

[T/P] (feignant un air scandalisé): Oh Mon Dieu, je sais à quoi vous sert ce carnet...
Caporal-chef (en se figeant): ...
[T/P] (poursuivant): C'est là où vous consignez toutes les informations concernant le bataillon en tant que caporal-chef, c'est sûr !
Caporal-chef (en arrachant l'oreiller des mains de [T/P]): Oui, exactement. Maintenant, dégage.
[T/P] (en se levant): C'est bon... (puis, en approchant sa main du carnet du caporal qui était resté sur le bureau) Vous me laissez jeter un coup d'oeil, dites ?
Caporal-chef (bondissant littéralement vers le carnet pour le cacher): NON. Euh, tch. Top secret.

Je ris un moment, fière de mon coup. C'était sûr qu'il y avait là-dedans plus que quelques renseignements anodins sur le bataillon. Mais quoi ? C'était un mystère que je me jurai de découvrir tôt ou tard.

Caporal-chef (essayant de reprendre contenance): Il est 18h30, merdeuse. Tu vas pas être en retard à ton école, si tu continues à niaiser ici ?
[T/P] (paniquée): Oh Mon Dieu, je vais manquer mon bus !!! T'aurais pas pu me le dire avant, espèce de caporal-chef à la noix ?

Alors que je me ruais à toute vitesse vers la porte, le caporal-chef me cria:

Caporal-chef: On vouvoie ses supérieurs, merdeuse, tch. Et on les respecte.

C'était lui qui me disait ça ? Lui qui me traitait de merdeuse à tout bout de champ ? Alors que je me retournai pour répliquer quelque chose de sanglant, je remarquai quelque chose sur le visage du caporal pour la première fois. Ses cernes. Oui, ses immenses cernes qui creusaient le dessous de ses yeux. Je venais d'avoir ma réponse pour ce qui était des mauvais rêves: je ne devais pas être la seule à ne pas réussir à dormir la nuit. Sur ce, j'ouvris la porte, fis une grimace au caporal, et partis en coup de vent dans ma chambre pour me rendre dans mon monde.

...

Je devais avouer qu'à présent, à l'école, c'était beaucoup moins drôle depuis qu'Hansi et Rivaille n'y étaient plus. Les professeurs commençaient à nous faire réviser la matière en vue des prochains examens, et nous rabâchaient les oreilles avec leurs fameuses conférences des professions qui auraient lieu le mois prochain. En plus, Rosalie n'arrêtait pas de me jeter des coups d'oeil emplis de pitié depuis qu'elle avait vu ma blessure aux côtes, hier. Il allait falloir que je trouve une excuse bientôt, car je n'allais pas supporter ses regards qui me plaignaient bien longtemps. J'avais appris ce matin qu'elle en avait parlé à Tristan, j'avais donc mes deux amis sur le dos. Après le cours de français, je les pris à part et les amenai en-dessous de la cage d'escaliers, notre endroit où nous allions pour parler de choses sérieuses sans être dérangés. Il fallait qu'on aille une petite discussion. Je n'eus même pas besoin d'ouvrir la bouche en premier: on m'assaillait déjà de questions.

Rosalie: Alors, tu vas nous dire ce qui se passe ?
Tristan: C'est vrai ce que Rosalie m'a dit ? Tes côtes sont toutes boursouflées ?
[T/P]: On se calme, ce ne sont que quelques bleus, rien de plus...
Rosalie: Arrête, [T/P], j'ai tout vu: c'était loin de n'être qu'une simple blessure.
[T/P] (abandonnant): ...
Tristan: Écoute, nous ne sommes pas là pour te réprimander.
Rosalie: C'est vrai. C'est juste que, tu vois, on s'inquiète pour toi. Et ce Rivaille ne m'inspire pas confiance... S'il te fait quoi que—
[T/P] (consternée): Attends, Rosalie... Tu penses que c'est Rivaille qui m'a frappé ? C'est donc cela que tu crois ?
Rosalie (bégayant): Mais... C'est évident... Tu as dit que tu étais avec lui, hier, quand tu as manqué les cours...
Tristan (en croisant les bras): Et il semblait louche, mercredi, quand lui et son amie bizarroïde à lunettes sont venus à l'école ! Toujours à l'écart, taciturne: je ne me rappelle même pas l'avoir vu sourire !
[T/P] (soupirant): Vous voulez savoir la vérité... ? Je vous aie menti. Je n'étais pas avec Rivaille, hier. J'étais simplement à la bibliothèque du quartier: je m'étais chicanée avec ma mère, et je ne voulais pas me présenter à l'école malheureuse. J'ai dit que j'étais avec Rivaille quand tu m'as demandé où j'étais passée, Rosalie, car je n'avais pas envie de répondre à toutes tes questions à propos de cette dispute. Et pour ce qui est de mes côtes, c'est simplement une blessure qu'on m'a fait à mon cours de boxe. Rien de sérieux.

Le mensonge me brûlait la gorge au fur et à mesure que les mots sortaient de ma bouche. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Je n'avais pas d'autre choix que de leur offrir des propos calomnieux, le bataillon d'exploration n'existant pas dans ce monde...

Rosalie (réellement désolée): Oh... c'est vrai ? Je suis désolée, [T/P], je ne voulais pas t'obliger à mentir ainsi... Pardonne-moi ! Je suis là, si tu as besoin de te confier !
Tristan (toujours pas convaincu): Depuis quand tu fais des cours de boxe, toi ?
[T/P] (forçant un sourire): Tu croyais que je vous faisais courir pour quoi, la dernière fois, Tristan ? C'était pour m'entraîner en vue de mon premier cours de boxe... !
Rosalie: Donc ça veut dire que Rivaille n'a rien à voir avec ta blessure ? Oh Mon Dieu, je suis désolée d'être sauté aux conclusions trop vite... Je suis loin d'être une lumière...
Tristan (arborant un sourire moqueur): Ça, c'est vrai...
Rosalie (en faisant une grimace): Eh oh, Tristan, tu vas arrêter, dis ?
[T/P] (en riant): Eh, c'est bon, calmez-vous, les amis !
Rosalie (les yeux brillants): Ohh, je viens d'avoir une super idée pour me faire pardonner, [T/P] !! Demain, samedi, je vous invite tous au parc d'attraction !
Tristan (levant un sourcil): ...tous ?
Rosalie: Bah, [T/P], toi, moi... Hansi et Riri !
[T/P] (éclatant de rire): Riri ?!
Rosalie (riant à son tour): C'est un beau surnom, non ? J'aimerais trop voir sa réaction si tu l'appelais comme ça, haha ! Je te donne le défi de le faire au parc d'attraction !
[T/P]: Défi accepté !

Et c'est comme cela que j'enlevai toute inquiétude du regard de mes amis, et que Hansi et Rivaille furent invités à passer une super journée en compagnie de mes amis au parc d'attraction dans notre monde. J'avais déjà hâte de voir leur réaction, quand j'irais leur annoncer la nouvelle !

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Where stories live. Discover now