Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]

Chapitre 5: Toit, cartes et tch

Et c'est alors que je pris une direction au hasard. Le caporal-chef allait bien devoir me suivre, après tout, il avait la responsabilité de me surveiller. Il ne pouvait s'échapper.

Caporal-chef: Oe, tu vas où merdeuse ? C'est moi qui décide. Tu ne connais même pas cet endroit.

Il me rattrapa par le col et me tira derrière lui. J'essayai de me défaire de son emprise, mais il était bien plus fort que moi malgré sa petite taille. Surtout que je n'avais jamais eu de leçons de combats, alors que lui semblait en avoir suivi une multitude.

[T/P]: Vous allez me lâcher, dites ?! Vous ne pouvez pas faire ça ! Dans mon monde, on aurait décrit ce que vous faites comme du harcèlement !
Caporal-chef: Ton monde est peuplé de faiblards, alors. Je fais ce que je veux.

Il me traîna encore sur quelques mètres avant de me lâcher, et d'essuyer ses mains avec un mouchoir.

Caporal-chef: Tu es toute poisseuse de boue, tch. Si tu t'enfuies dans la forêt, je te fais passer pour une traître auprès du major. Monte les marches, merdeuse.
[T/P] (croisant les bras): Je préfère être une traître que de vous suivre.
Caporal-chef: Calme-toi. On va juste sur le toit de l'édifice. C'est plus propre que la forêt. Et, je vais pouvoir superviser les soldats en faisant semblant de t'écouter parler.

Nah, mais il est sérieux ? Je vais finir par le gifler. Tout ce que je veux, c'est que Hansi revienne avec des réponses. Et que je puisse retourner chez moi. Je n'en peux plus, et il n'est même pas midi. Je soupirai, croisai les bras et suivis le caporal qui commençait à monter les marches menant au toit du QG. Rendue en haut, je regardai autour de moi. Je voyais le terrain d'entraînement sur toute sa grandeur. Et des dizaines de soldats arborant des capes vertes qui s'exerçaient avec des lames. Puis, toujours le même mur au loin.

[T/P] (s'extasiant): Woah... Trop cool !
Caporal-chef: Tch.
[T/P]: À vos souhaits !
Caporal-chef: Hein ?
[T/P] (rigolant): À chaque fois que vous faites « tch », on dirait que vous éternuez. Je me suis dit que vous étiez peut-être allergique au pollen ou quelque chose du genre.
Caporal-chef (le regard noir): La ferme.
[T/P]: Remarquez, c'est peut-être un toc, aussi. Je suis certaine que vous ne pouvez passer 2 minutes sans dire « tch ».
Caporal-chef: N'importe quoi, tch.
[T/P] (victorieuse): Qu'est-ce que je disais !
Caporal-chef (frustré): ...
[T/P]: Hahaha
Caporal-chef (avec un regard meurtrier): Si Erwin ne m'avait pas demandé de te superviser... je t'aurais tué sur le champ.
[T/P]: Ok, c'est bon, j'arrête. Le petit caporal-chef est touché dans son amour-propre.

Et j'enchaînai tout de suite, avant qu'il ne me tue pour de vrai:

[T/P]: Donc, vous voulez savoir quoi sur mon monde, au juste ?! Je peux répondre à toutes vos questions.
Caporal-chef: Je te rappelle que c'est toi qui voulais parler. J'en ai rien à cirer, moi.
[T/P]: ...

Maintenant que c'était le moment d'en parler, je ne savais plus quoi dire. Surtout à quelqu'un qui ne semblait en avoir rien à faire. J'avais beau cherché, je ne trouvais rien qui aurait pu intéresser le caporal. Finalement, le monde dans lequel je vivais était peut-être moins passionnant que ce que je pensais.

[T/P]: Mais caporal, vous êtes sûr que vous ne pouvez rien me dire sur le bataillon ? C'est que ça semble tellement plus intéressant comparé à où je vis ! Il y a des soldats partout, et l'équipement qu'ils utilisent a l'air super bien pensé.
Caporal-chef: Certain.
[T/P] (réfléchissant): Pff, c'est nul.

Il fallait que je trouve une idée pour le faire parler. Et rapidement. Je sortis un paquet de cartes de la poche droite de mon pantalon.

[T/P]: Si je pige une carte rouge, je révèle quelque chose sur mon monde, si c'est une carte noire, c'est vous qui me dites un truc sur le vôtre. Ça marche ?
Caporal-chef: Non.
[T/P]: Rah, mais vous êtes pénible ma parole. Écoutez... Je sépare le paquet en deux, et, si à la fin du jeu, il y a plus de cartes noires, vous pourrez me demander une faveur. S'il y a par contre une majorité de cartes rouges... C'est moi qui pourrai vous demander un truc. Ça marche, cette fois ?
Caporal-chef: Non.
[T/P] (désespérée): Mais y'a vraiment rien que je peux faire pour vous ?! Vous n'aviez pas des documents à terminer ?
Caporal-chef: Maintenant que j'y pense, y'a bien quelque chose que tu pourrais faire pour moi.
[T/P] (emplie d'espoir): Quoi donc ?
Caporal-chef: La fermer.
[T/P]: Vous êtes méchant. Si ça se trouve, vous refusez simplement parce que vous avez peur de perdre et que je vous fasse faire quelque chose d'impensable, style lécher le plancher.
Caporal-chef: Ok, je vais jouer à ton jeu débile. Juste pour que tu finisses par te taire. Tu me donnes mal à la tête, tch.
[T/P]: Yeah ! Ok, donc. Première carte ! Rouge. Dans mon monde, il y a des véhicules qui s'appellent « avions »: ils peuvent voler dans le ciel et peuvent contenir énormément de gens. Ils parcourent d'immenses distances en peu de temps.
Caporal-chef (blasé): ...
[T/P]: Malgré le manque de réaction de l'équipe adverse, poursuivons le jeu ! Deuxième carte ! Noire. Alors, caporal-chef ?
Caporal-chef: On combat des énormes monstres dévoreurs d'humains qui portent le nom de titans.
[T/P]: Court, mais efficace ! Troisième carte ! Noire.
Caporal-chef: La seule façon de les tuer, c'est en leur lacérant la nuque à l'aide de lames.
[T/P]: Brr. C'est donc ça, les espèces de statues en bois que les soldats s'amusent à trancher de tous bords, tous côtés. Quatrième carte ! Rouge. On a... euh... des aspirateurs ?! Ce sont des espèces de balais qui aspirent toute la poussière sans laisser de trace. Désolé, j'ai rien trouvé de mieux...
Caporal-chef (soudainement intéressé): Attends... Ça aspire la poussière ?

Et nous continuâmes ainsi jusqu'à épuisement du paquet de cartes. C'est ainsi que j'appris toutes les choses importantes à savoir, du fonctionnement de l'équipement tridimensionnel jusqu'aux différentes unités de l'armée (bataillon, garnison, brigades spéciales). Le caporal, quant à lui, sut tout des différentes inventions ménagères des dernières années.

Puis, je comptai par la suite le nombre de cartes par couleur... 26 noires, et 28 rouges. J'avais gagné.

Caporal-chef: Triche. Tch.
[T/P]: C'est le hasard, caporal.
Caporal-chef: C'est quoi que tu veux, qu'on en finisse ?
[T/P] (regardant le caporal sérieusement dans les yeux): ...
Caporal-chef: Quoi, merde. Dis !
[T/P]: J'aimerais que vous m'entraînez à utiliser l'équipement 3D et à me battre. Je veux pouvoir vous aider à tuer les titans.