- Roxane Carter, c'est ça ? Oh tu vas voir, ici, on s'amuse comme on respire ! Les cours, c'est comme si c'était rien ! En plus, les mecs, ils abondent !

- Ils abondent... ? répétai-je incrédule. Ça se dit au moins ?

- Bien sûr ! Sinon, je ne le dirais pas. Alors comme ça, t'es un vampire ? Moi je suis une élémentaire !

- Je sais.

C'était la vérité. Je l'avais perçu sur son aura avant même qu'elle surgisse devant moi. Par contre, je ne savais pas ce qu'était non plus cette nature.

- T'as vu le nouveau prof de sciences ? Il est trop canon !

Elle me saoulait déjà, cette fille. Non pas que j'enviais sa joie débordante. Bon, OK, je suis jalouse de son enthousiasme.

- Oh, et à ce qui paraît, la prof de littérature est lesbienne ! La honte !

Tout le monde est comme il est, rectifiai-je intérieurement.

- C'est quoi, un « élémentaire » ?

- Chapitre un, grand un. Un élémentaire est un dérivé d'un sorcier, n'ayant pour pouvoir que les éléments. Au fur et à mesure qu'il vieillit, ses capacités augmentent avec son âge. C'est le premier cours de Mr Turner, en première année. Tu es en première année, n'est-ce pas ? Forcément, sinon, tu aurais montré davantage de joie à être ici. Oh ! Et puis tu savais que Mercy Longson s'est fait tuer cet été ? C'est pas une grande perte, en fait. Elle était tellement chiante que même les profs sont heureux qu'elle ne soit plus parmi nous, même si bien entendu, ils ne le montrent pas. En fait, quand quelqu'un meurt, ici, on le raye complètement de notre cerveau. Heureusement, parce que vu le nombre de décès, on passerait nos journées à chialer.

Je la laissai continuer son monologue impétueux et la plantai là.

- Hé, Roxane, attends ! Je peux te montrer ta chambre, si tu veux.

- Non merci, c'est gentil.

Je m'efforçai à refuser avec un sourire, mais j'en avais déjà plus qu'assez.

- Tu es sûre ? Je peux te retrouver devant ta chambre pour dîner. Oh et puis on pourrait passer la soirée ensembles. Je te présenterai à mes amies. Mais évite de me les piquer, ce serait gentil.

C'est sûr que si t'es aussi envahissante avec tout le monde, tu auras du mal à t'en faire, des amies.

Clary Machin-chose -j'avais déjà oublié son nom- me suivit malgré mes protestations jusqu'à ce qu'elle tomba sur une nouvelle proie potentielle. Je ne voulais pas paraître rabat-joie dès le premier jour, mais j'étais heureuse qu'elle m'ait abandonnée.

Après avoir grimpé trois étages et aperçu l'écriteau « filles », je longeai un interminable couloir orné de portes sur le côté, chacune exposant un nombre. 350, répétai-je sans cesse de peur d'oublier. Mais les vampires n'oublient pas. Je pensais à ce chiffre pour ne pas laisser mes pensées s'évader sur des souvenirs trop douloureux. Je pensais déjà aux personnes que j'avais dû laisser près de chez moi, et celles de mon lycée que je ne reverrais plus jamais.

Les portes défilaient. 346, 347... plus que trois portes. Ma valise me paraissait lourde comme trois tonnes, alors que seuls une vingtaine de kilos y étaient logés. 348, 349,...

350

Je poussai un long soupir, avant de me poster devant ma porte.

J'entendais des rires à l'intérieur. Les voix m'étaient familières. J'envisageais déjà de faire demi-tour et rattraper mes parents, mais me ravisai.

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsWhere stories live. Discover now