La nature de Roxane - tome 1 : Maudits

Chapitre 12

Quelques mètres devant nous, une voiture était passée par-dessus la basse barrière. Mon père sortit de la voiture en vitesse, mais en prenant garde de ne pas user de sa rapidité vampirique. Je fis de même, malgré les protestations de ma mère.

- Roxane reste là ! Il y a peut-être du sang ! Que feras-tu si tout le monde découvre ce que tu es ?

- Qui ça ? Il n'y a personne sur cette foutue route ! m'emportai-je.

Je claquai la portière.

L'odeur du sang immergea immédiatement dans mes narines, malgré la senteur de la pluie et me fit tourner la tête.

Un instant, j'hésitai à retourner dans la voiture, mais je compris que la vie de quelqu'un était en jeu, lorsque j'aperçus le corps d'un homme gisant au sol, les yeux mi-clos. Je tendis l'oreille pour entendre battre son cœur. Celui-ci effectuait des battements irréguliers, et haletait comme s'il avait couru le marathon.

Jetant rapidement un œil aux alentours, je vis mon père agenouillé près de lui. Le blessé possédait des cheveux noirs de jais, des yeux d'un gris profond et une étrange cicatrice au cou, comme une morsure loupée.

- Il à l'air de s'être fait mordre.

- Apparemment. Nous lui demanderons tout à l'heure.

Il approcha son poignet de sa bouche, mais se ravisa.

- Tu ne vas pas le sauver ? m'enquis-je.

- Non.

Il me regarda avec un sourire en coin comme il le faisait si bien lorsqu'il attendait quelque chose de moi, et je devinai aussitôt le fond de sa pensée.

Je me baissai à mon tour, relevai la tête de la victime, un pointe d'appréhension qui me broyait l'estomac.

Et si quelqu'un nous voyait ? Et si je me loupais et que l'homme ne survivait pas ? Et si mon sang n'agissait pas ? J'étais une très jeune vampire, après tout. Peut-être qu'il y avait certaines capacités que je n'avais pas encore acquises...

Sous le regard impatient de mon père je chassai mes peurs et mordis dans mon poignet avant de le coller sur la bouche de la victime.

Quelques secondes plus tard, ses yeux reprirent une teinte plus foncée, plus vivante. La battements de son cœurs s'accélérèrent, son souffle se fit plus rapide et l'effroi suinta de tous ses pores.

Avant qu'il ne se mette à hurler, mon père l'hypnotisa.

- Vous ne vous souviendrez pas de cette conversation à son issue. Vous êtes victime d'un accident et votre voiture est inutilisable. Mais vous n'avez rien, et un ami vous a raccompagné à votre travail. Une dépanneuse s'occupera de votre voiture.

Le blessé revigoré acquiesça.

- Maintenant, dites-moi, avez-vous déjà rencontré un vampire, lui demanda mon père sans l'hypnose, cette fois.

- Un quoi ? demanda-t-il la voix rauque.

Puis il l'hypnotisa de nouveau.

- Dites-moi ce qui est arrivé à votre cou.

Les pupilles de l'homme se rétractèrent, et il répondit.

- C'était il y a quelques années, je me suis blessé je ne sais plus comment et il m'est resté cette cicatrice étrange qui ressemble à...

Il ne parvint pas à finir sa phrase, perdu dans ses pensées.

- Une morsure de vampire, répondis-je à sa place.

L'homme me regarda, comme s'il ne comprenait pas, ou tâchait de se rappeler, en vain.

- Quel est votre nom ? demandai-je.

- Josh Parker.

- Il a déjà été hypnotisé, déclara mon père, une fois de retour dans la voiture.

Des tas de questions m'intriguaient. Qui l'avait mordu ? Pourquoi ? Était-ce un vampire malfaisant ? Non, puisqu'il était encore en vie, ce qui signifiait qu'il avait été guéri. Où avait-il était sauvé à temps ?

Je ne pus répondre à ces questions insatiables, et je finis par m'assoupir.

Je rêvais que mon père avait finalement décidé de ne pas m'emmener à Shadow of Dark, mon nouveau lycée.

À mon réveil, nous nous trouvions à la lisière d'une forêt, cahotant un sentier cabossé. Nous avions abandonné le goudron pour la terre séchée. Les arbres s'étendaient à perte de vue, sur plus d'une dizaine de mètres de hauteur, laissant difficilement le soleil passer. Puis, au bout d'une vingtaine de minutes, un établissement apparu.

Mon nouveau lycée.