Dix minutes par jour

29- Amelia

J'aime bien mettre une petite BO quand j'écris, alors je partage celle là avec vous :) 

J'enlève mon casque de moto et attend que les autres sortent des voitures sur le parking de la boite. Je me marre toute seule en voyant l'établissement en question. Faire une boite de nuit au milieu des champs, un parking en gravillon qui surplombe d'à peine un mètre les vaches en dessous du mur qui me maintien, quelques marches qui donnent sur une entrée gigantesque, le tout caché par une grande haie qui longe la nationale. Non, il n'y a pas de doute, on est en pleine cambrousse.

Hilena sort de la voiture de Jo avec un kebab et des frittes pour dix en criant sur son pote comme quoi « non, elle n'a pas fait tombé de mayonnaise sur sa banquette! ». J'ai un pincement au coeur, on dirait Sami et Rémi il y a seulement quelques mois.

Jess sort de la voiture de la soeur de Ben. Je crois qu'elle est un peu éméchée. Elle a les yeux qui brillent et un grand sourire et pour tout dire, je la trouve magnifique. Elle porte le jean qui lui va si bien surmonté d'un petit top assez sexy. Elle doit se cailler le cul, mais ça vaut le coup d'oeil. Mon dieu, je parle comme un gros beauf. Peu importe ce qu'elle porte de toute façon, elle est là, et ça signifie plus pour moi que je ne lui avouerais jamais.

Ça veut dire qu'elle a parlé à Hilena, ça veut dire qu'elle a pris en compte mon avis, ça veut dire qu'elle a fait quelque chose qui lui coutait beaucoup. Et surtout, elle a vu Sixtine. Elle sait qui elle est, elle sait qui elle voit, elle sait ce qu'elle fait de son temps libre à la place de lui consacrer, et elle est restée. Elle est restée et elle lui tient le bras pour monter les escaliers en rigolant. Ça me rassure et en même temps, ça me fait flipper. Ça veut dire qu'elle n'est pas qu'une façade de plastique mais ça signifie aussi que je peux me foutre dans la merde. Parce que s'il y a quelque chose derrière le corps de rêve, je pourrais m'attacher à une fille qui ne voudra jamais de moi. Et même si c'était le cas, je ne compte pas m'éterniser ici, je ne pourrais rien lui apporter, je ne ferais que lui faire du mal... Bref, faut que j'arrête de mater son cul.

Je secoue la tête pour sortir toutes ses pensées de ma tête quand une main vient se poser sur mon épaule. Je me dégage rapidement. Qu'est-ce qu'ils ont tous dans cette ville à vouloir toucher les gens?

Benjamin se marre.

— Fais gaffe, tu baves.

— Je vois pas de quoi tu parles, dis-je en volant me faire plus forte que je ne suis face à cette armoire à glace.

Il sourit, amusé. Je crois qu'il se fout de ma gueule.

— C'est une fille bien, dit-il. Jess peut paraître snob et un brin superficielle, mais elle a un bon fond. Certes, elle s'y prend comme un manche socialement parlant, mais qui a le mode d'emploi de la vie de toute façon?

— Qu'est-ce que j'en ai à faire de ton avis sur Jess?

— Ce que je veux dire, c'est qu'elle vaut surement le coup. Mais par contre, si tu veux juste t'amuser sans te soucier de lui faire du mal, je ne vais pas aimer.

C'est une menace?

— Je rêve ou tu viens de prendre la défense d'une meuf qui, il y a à peine deux heures, était encore la pire ennemie de ta copine?

Benjamin se redresse en glissant les mains dans ses poches. Il parait encore plus grand comme ça. Il regarde les filles se faire tamponner la main à l'entrée de la boite.

— Elle a fait beaucoup de mal à Hilena, j'en suis contient, mais je lui en ai fait aussi. Je n'aimerai pas qu'elle souffre encore.

— Tu te sens coupable de lui avoir brisé le coeur.