40- Amelia

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Quel plaisir de finir les cours à 10h un vendredi. C'est souriante que je quitte le lycée alors que les autres élèves au portail se contentent de fumer leur cigarette pendant la pose.

Aujourd'hui c'est le grand jour, j'essaie la 204 de Marc, elle est terminée, je dois juste en faire un petit tour pour m'assurer que tout fonctionne correctement. Je n'ai pas de doutes là dessus, mais c'est un peu le moment de consécration lorsque l'on retape une épave pareil, être au volant pour son premier tour de piste.

J'enfile mon casque et grimpe sur ma moto, je fais ronfler le moteur devant le regard envieux des autre lycéens, enclenche la première et embraye pour me lancer sur la route. Une BM noire démarre derrière moi. Bon, OK, il y en a des plus chanceux que d'autres.

Si tout se passe bien, je pourrais peut-être emmener Jess faire un tour. J'ai toujours rêvé de bécoter une fille sur une banquette arrière, se serait l'occasion ou jamais.

J'ai bien réfléchie. Je ne suis pas obligée de me barrer tout de suite. C'est vrai, je pourrais au moins finir l'année scolaire et avoir mon bac. En plus, Marc m'a trouvé un job d'été chez le mécano du coin. Se serait l'occasion de me faire un peu plus de fric avant de partir. Puis comme ça, quand Jess partira à la fac, je pourrais la suivre. Me trouver un petit studio pas trop cher et un taf pas trop loin de sa résidence étudiante. Et qui sait, à force de dormir l'une chez l'autre, peut-être qu'un jour on pourrait prendre un apart toute les deux. Enfin tout ça, ce n'est que des possibilités bien sur, il faut voir comment ça continu. Et faudrait aussi que je lui en parle...

Je tourne à droite derrière le cinéma et la BM me suit. Je regarde dans le rétro. Je ne connais pas cette bagnole. C'est bizarre.

Je continue ma route jusqu'à la station service, elle se gare un peu plus loin dans la rue.

Je fais le plein et m'apprête à repartir quand j'entend le moteur de la voiture noire redémarrer.

Là, plus trop de doute, je suis suivie. Je fait style d'aller à droite pour continuer ma route mais au dernier moment je rebrousse chemin en allant à gauche. Je vois dans le rétro la BM faire un demi tour au frein à main.

Et merde! Putain, les connard de Souillac m'ont retrouvé. Putain, je cherche une solution pour les semer, mais une 50 face à une BM, ça va être tendu.

Je fais sauter une vitesse et m'engage dans les petites rues, les gars me talonnent au cul.

Aller Amy, réfléchie, réfléchie. Je ne peux pas rentrer à belle vue. Ils s'auraient où j'habite et ça mettrait Myriam, Marc et Léo en danger. Il est hors de question que je leur inflige ça. Je prends des détours et des raccourcis à la con pour les semer mais rien à faire, ils ne me lâchent pas. Je tente de faire un détour dans l'avenue principale.

Oui, c'est ça. Ils vont me rattraper c'est sur mais avec un peu de chance, ils ne me choperont pas avant la rue piétonne, et là ils sont cuit. Ils vont se prendre les quilles en plein dans le radiateur et s'en sera fini pour eux.

Je fais un demi tour digne d'un film Américain et leur passe à côté. Il faut que je mette assez de distance en eux et moi pour avoir le temps d'atteindre la rue piétonne.

J'augmente de vitesse dans la rue principale, tourne d'accélérateur au max, file comme une balle pour traverser l'avenue, mais alors que je vais passer la pharmacie, je sens qu'on me pousse. Ces connards m'ont rattrapé plus vite que prévu. Je ne peux pas accéléré plus, je ne peux pas ralentir pour tourner non plus. Il faut juste que je pris pour parcourir les 300 mètres qu'il me reste.

Un autre coup de pare-choc dans ma roue arrière me fait perdre le contrôle de la moto qui part en glissade sur le côté. Je m'écrase au sol comme une larve d'affreuses douleur parcourant mon corps tout entier. Et c'est là, allongée sur le bitume que je le vois sortir de la bagnole. Le gros lard que j'ai planté quelques mois plus tôt accompagné d'un de ses potes.

La bonne nouvelle, c'est qu'il s'en est sorti. La mauvaise c'est que je ne suis pas certaine d'en faire de même.

Le balourd se penche au dessus de moi, une barre de fer à la main.

— Alors ma mignonne, on se souvient de moi.

J'essaie de me relever, en vain. Le point de la moto sur moi en plus de la douleur m'empêche tout échappatoire. Il lève son arme et je ferme les yeux en attendant l'impact.

Dix minutes par jourWhere stories live. Discover now