43- Jess

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Amelia est de retour chez elle. A vrai dire, elle a eu le droit de rentrer le jour même, ce qui m'a énormément soulagé. J'ai eu tellement peur de la perdre. Pour être honnête, je ne l'ai pas lâché du weekend. Je suis restée dans sa chambre toute la fin de semaine. J'ai appris a connaitre Rémi et Sami a qui je pense que je leur ai plu, du moins je l'espère. C'était incroyable de pouvoir avoir un aperçu de sa vie d'avant. C'était un peu comme rencontrer ses parents, en moins stressant j'avoue, parce que Sami sait mettre les gens a l'aise assez rapidement.

Ils sont repartis hier soir. Amelia doit tout de même restée chez elle une semaine pour se reposer. Ordre des médecins pour la cicatrisation de ses nombreux points de suture. Elle doit se sentir seule dans cette grande maison vide. Il me tarde de la retrouver. En plus, j'ai bien peur que ma demande a Jojo de faire un détour par l'hôpital vendredi soir ne soit pas passée inaperçu. Tout le monde me regarde étrangement en entrant dans le bus ce matin.

Tan pis. Après la peur que j'ai eu de perdre Amelia, peu m'importe le regard des autres, je ne compte plus me cacher. Ma seule préoccupation est de savoir ce que je vais bien pouvoir faire comme surprise à ma petite amie de soir pour lui remonter le moral après cette journée seule qu'elle aura passé devant netflix.

Lorsqu'Hilena monte dans le bus, alors que je lui adresse un sourire chaleureux en espérant qu'elle s'assoit à côté de moi pour me reparler de son nouveau groupe, elle me répond par un regard noir aussi froid que ceux que nous échangions par le passé.

OK...

Il va falloir que je me réhabitue à ses sottes d'humeur, j'attendrais qu'elle soit plus disposée.

Devant le lycée, c'est encore un étrange accueil qui m'attend. Pas de regard curieux ce coup-ci, mais des rires et des chuchotements dans mon dos. Bon... Les rumeurs ont vites fait le tour apparemment. Je prend le chemin des couloirs dans l'espoir de trouver Sixtine à notre point de rendez-vous habituel. Pas de Sixtine en vu. J'attend quelques minutes et au lieu de la petite blonde aux cheveux courts, c'est un rugbyman de première année qui me rejoint.

— Salut, dit-il avec un sourire moqueur.

— Salut, je répond froidement, pas d'humeur à participer aux commérages.

— Je ne t'aurais jamais imaginée brouteuse de minou. Tu sais, si c'est parce que les mecs n'ont pas été à la hauteur avec toi, je pourrais te montrer ce que je sais faire.

Je prend un grande inspiration pour m'empêcher de lui cracher dessus et me contente de croiser les bras sous ma poitrine. J'ai la confirmation de ce que je pensais, tout le monde est au courant de ma course vers l'hôpital. C'est a moi de choisir, soit je l'ignore, soit je dément, soit je confirme les rumeurs. Comme je l'ai dit plus tôt, je n'ai plus envie de me cacher.

— Cher inconnu, aussi fière que tu puisses être de ton attribue viril et de ses soit disant performances, permet moi de te dire que mon orientation sexuelle et mon couple ne manque de rien et surtout pas de ta bite.

Sur ce, je m'en vais. Je croise Asane et l'interpelle.

— Tu n'aurais pas vu Sixtine par hasard?

C'est un sourire lubrique qui me répond.

— J'étais sure que vous faisiez des plans à trois.

Mes sourcils ont du monter au milieu de mon front de surprise. Ok, là ce ne sont plus que des rumeurs. Personne n'est au courant pour Sixtine et sa copine. Le sonnerie résonne déjà dans le couloir, je me précipite vers mon casier pour récupérer mes affaires de sport et en profite pour bloquer le passage à Benjamin avant qu'il ne parte rejoindre le gymnase lui aussi. Comme sa copine, le jeune homme n'a pas vraiment l'air d'avoir envie de me parler. Je lui bloque la porte qui mène au couloir transversale comme si ma frêle carrure pouvait faire le poids fasse à sa masse musculaire.

— Est-ce que quelqu'un va prendre la peine de m'expliquer ce qu'il se passe?

Benjamin pose sur moi un regard de déception.

— Je savais que tu pouvais être vache avec les gens et que tu tenais à ta réputation, mais je ne t'aurais jamais cru capable d'un truc comme ça.

— Mais quoi? Qu'est-ce que j'ai fait Benjamin, explique moi!

— Oh je ne sais pas, peut-être que publier des impressions d'écran de toutes tes conversations messenger c'était un peu abuser pour faire croire aux gens qu'entre Amelia et toi ce n'était qu'un jeu.

— Quoi?

J'ai du devenir blanche, je le vois a ses yeux qui passent du mépris à l'inquiétude en face de moi. Benjamin fronce les sourcils et se baisse pour pouvoir me regarder droit dans les yeux.

— Ce n'est pas toi?

— Je... Je... Je n'ai rien fait...

Le rugbyman sort son portable de sa poche et ouvre Facebook. La publication en tête de son mur d'actualité me glace le sang. Un nouvel album publié par mon propre compte s'intitulant : « Comment mener une guine en bateau » expose absolument toutes mes conversations avec Amelia à la vue de tous. Je sens mes jambes fléchir sous mon poids et ma respiration devenir difficile. Non Jess, pas maintenant, ce n'est vraiment pas le moment.

Alors que je glisse contre le mur jusqu'à ce que mes fesses atteignent le carrelage du couloir, Benjamin s'agenouille devant moi.

— Jess?

Je tente de me fixer sur le garçon protecteur en face de moi pour calmer ma respiration chaotique.

— Ce n'est pas moi... Je... Il y a tout dans ces messages, les secrets d'Amelia, les miens... Je n'ai plus internet depuis des semaines... Je n'aurais jamais fait ça...

— Calme toi, je te crois, respire, dis moi de quoi ta besoin.

— Sixtine... J'ai... besoin ... de Sixtine... Elle a toujours un sac en papier dans son sac.

— Un sac en papier! J'ai! s'exclama-t-il en fouillant dans son sac.

Il me le passe et j'arrive peu à peu à réguler ma panique en respirant dedans. Quand mon rythme cardiaque redeviens un peu moins anarchique, je tente de me relever.

— Doucement, s'inquiète Benjamin en m'aidant à me relever.

— Sixtine, ne me dis pas qu'elle croit que c'est moi elle aussi?

— Je ne sais pas... Mais, il n'y avait pas que vos secrets à Amelia et toi dans ces discutions, vous parliez d'elle et Emma aussi...

Oh merde. J'étais tellement focalisée sur ma vie exposée aux yeux de tous que je n'ai pas pensé aux autres une minute. J'empoigne mon sac de sport et pousse la porte du couloir qui mène au gymnase.

— Jessica, m'interpelle Benjamin, tu ne crois pas qu'il faudrait plutôt que tu ailles à l'infirmerie?

— Non, c'est Tiphanie qui a fait ça, j'en suis sûre. Elle n'a pas du apprécier que nous quittions le groupe. Cette connasse va s'en prendre à Sixtine. Il est hors de question que je la laisse faire. 

Dix minutes par jourWhere stories live. Discover now