45- Jess

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 Lorsque je pousse la porte du vestiaire des filles, c'est le spectacle auquel je m'attendais qui s'offre à moi. Hilena et Tiphanie se hurlent presque dessus alors que le reste des filles examine avec attention le bout de leurs chaussures. Sixtine, dans un coin, retient ses larmes.

Hilena hausse encore le ton à mon arrivée.

— T'es encore plus stupide que t'as épais de fond de teint sur la gueule!

— C'est tout à fait notre droit de ne pas vouloir nous déshabiller devant une lesbienne, rétorque Tiphanie.

Je claque la porte derrière moi pour bien signifier ma présence et m'appuie dessus, bras croisés sous la poitrine et ne lâche pas cette grâce de Tiphanie du regard.

— Tu comptes me virer moi aussi? la défiais-je.

Je vois son assurance légèrement vaciller dans son regard, mais elle joue le jeu comme je m'y attendais.

— Ce n'est pas pareil, tu n'as fait que t'amuser au dépend de l'autre motarde, tu n'as jamais été homo, tout le monde le sait.

— Tiens donc.

J'ai un sourire sur le visage que j'espère carnassier. Elle s'est permis de jouer avec ma vie et celle des gens que j'aime, je ne compte pas me contenter de lui crier dessus. Je me mets à marcher, lentement, faisant le tour de la pièce en regardant chacune de celles qui évitent mon regard.

— Tu sais, je viens de piquer un petit sprint de mon casier à ici, et je viens de découvrir que la course à pied éclaircie les idées. C'est vrai ce qu'on dit, le sport a des vertus bénéfiques pour l'esprit.

Je tourne autour du pot volontairement alors que je vois Tiphanie se crisper, je savoure avec délice la peur dans ses yeux. Je m'arrête près d'Hilena sans changer de posture.

— Je me suis demandée pourquoi. Pourquoi tu avais bien pu intituler cet album comme ça. Tu aurais pu te contenter d'exposer les conversations.

H se tourne vers moi, septique.

— C'est elle qui a fait ça? demande-t-elle.

— Et oui. Vois-tu, le règne de cette chère Tiphanie était en passe de se terminer. Sortir avec des sports études, s'habiller à la dernière mode et se cacher derrière des tonnes de maquillage, ça donne accès à la popularité en seconde, mais en terminale, tout le monde comprend bien qu'il n'y a pas grand chose d'intéressant sous la façade. En plus, Sixtine et moi-même n'accordions plus grand intérêt à sa compagnie, alors il fallait un coup d'éclat pour faire remonter sa cote.

Je fais un pas en arrière, m'assurant que ma meilleure amie entendra bien ce que je dis.

— Première étape, publier mes conversations avec Amelia pour révéler aux yeux de tous que Sixtine et Emma vivent un belle histoire d'amour. Pourquoi? Parce que cette chère Tiphanie ne se voile pas la face au point de croire qu'elle est la plus belle fille du lycée. Non, cette fille, la plus jolie, naturelle et lumineuse, c'est Sixtine. Alors quelle meilleure façon de la décrédibiliser auprès des garçons que de leur expliquer qu'ils n'ont aucune chance. Elle espérait peut-être qu'ils contenteraient d'un moindre choix. Un conseil Tif chérie, dire à un mec que la fille sur qui il fantasme se tape d'autres meufs, ça ne va pas l'enlaidir à ses yeux, ça donne plutôt l'effet inverse malheureusement.

Cette fois j'avance vers Tiphanie en la fixant bien droit dans les yeux et profitant des mes quelques centimètres de plus pour tenter de l'intimider.

— Etape 2, le nom de l'album. Je me suis d'abord étonnée, pourquoi ne pas me mettre dans le même sac que Sixtine, me classer dans les marginaux du lycée sous prétexte que moi aussi je sors avec une fille. Puis j'ai compris. Elle a encore besoin de moi. Le fait est que j'attire moins les regards qu'elle, je suis moins un menace. Par contre, j'aime à croire que j'inspire la sympathie. J'ai tout de même plus d'amis qu'elle, et se brouiller avec moi ne lui serait pas bénéfique. C'est là qu'Amelia intervient dans le tableau. Alors que j'apporte à Tiphanie le petit plus qui lui manque pour être invitée aux différentes soirées, Amy arrive, me fait ouvrir les yeux, me réconcilie avec toi Hilena, m'éloigne que l'influence néfaste et venimeuse notre reine du lycée. Quel meilleur moyen pour m'éloigner d'elle que de nous faire nous séparer.

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