Chapitre 40: Rupture

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Gaspard se grattait la nuque pour se détendre après avoir tant corrigé de copies sur le même sujet d'histoire. Ça le lassait rapidement la correction et ça lui donnait des symptômes de malaise, c'est-à-dire des maux de tête, des courbatures au niveau du cou à force d'avoir la tête baissé et des poignets à force de faire le même mouvement. De plus, ce qui n'arrangeait en rien c'était la fatigue qu'il ressentait au niveau des yeux.


Il mordillât ses lèvres. Il regarda la fenêtre à sa droite et vit une mouche se positionner sur la vitre. Il repensa immédiatement à Enzo comme s'il était apparu devant lui. Il pouvait le voir facilement nettoyer la vitre d'un mouvement circulaire et diagonale par moment, ou se penchant pour remplir à nouveau le torchon d'eau et de savon pour savonner encore plus la grande fenêtre qui surplombait son bureau infiltrant des rayons luminaires. Il pouvait revoir son dos se courber et ses muscles travailler tandis qu'Enzo soupirait à force d'effort.


Il pouvait revoir cette scène à plusieurs reprises le faisant légèrement rigoler, surtout lorsqu'Enzo s'était battu avec cette mouche pour la faire disparaître alors qu'elle était de l'autre côté. Gaspard pouvait deviner qu'Enzo avait été plongé dans ses pensées et quelque chose l'avait sûrement frustré pour agir ainsi. Un nouveau rire s'échappa de ses lèvres. Il sursauta lorsqu'il entendit son téléphone portable sonné. Il arrêta sa correction à nouveau et prit son téléphone personnel qui était rangé dans sa veste dans la poche droite. Il sourit en voyant le prénom de sa femme sur le petit écran luisant.


—Valentine ?

—Oui, c'est moi, répondit une voix féminine.

—Dis-moi, ça fait longtemps, déclara Gaspard en se mettant plus confortablement contre son dossier de chaise.

—Oui, excuse-moi, j'étais pas mal occupé...

—Mais normalement, tu...tu arrives toujours à te libérer le soir pour me téléphoner. Que se passe-t-il ?

—Écoute, il y a eu des problèmes de mon côté que je devais gérer et je ne voulais pas te causer des ennuis...

—Tu es sûre ? Pourtant, tu sais très bien que tu ne me causeras jamais d'ennui, répliqua Gaspard.


Il entendit un soupir.


—Gaspard, écoute...Je...

—C'est bon...parlons d'autre chose. Je ne veux pas qu'on se dispute alors que je viens seulement de te retrouver et entendre ta voix à nouveau, lâcha Gaspard.

—Hum...


Un silence des plus gênant s'instruit et le jeune homme ressentit un pincement au cœur. Il sentait sa femme s'éloigner de lui peu à peu, ne comprenant pas pourquoi. Voyait-elle quelqu'un d'autre ? Est-ce qu'elle le trompait ? Après tout, pourquoi ne lui parlait-elle pas des problèmes qu'elle a eue en détail ? Il ne voulait pas y croire...Mais le fait que Valentine lui cache des choses l'insupportaient et le rendait tout autre. Penaud, il engagea une nouvelle conversation sur les déplacements insolites de sa femme.


—Oui, et après je suis partie à Venise. C'est tellement beau ! On devrait y aller une fois ensemble en amoureux... Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas retrouvé ensemble, chéri.

—J'aimerais bien...

—Tant que nos boulots soient autant en demande, nous ne pourrons pas nous consacrés à nous. Même prendre des vacances pour moi reste impossible. Je suis toujours en déplacement. Parfois, je me demande si j'ai bien fait d'être guide touristique, c'est tellement exigeant. Je n'ai même pas le temps de t'appeler le soir que je m'endors comme une carpe dès que je touche mon matelas. Ça me fait beaucoup de peine, déclara Valentine.

—Val, profites-bien s'en de ce travail. Tu en as besoin et ça te permet de voyager. C'est ce que tu aimes faire, non ?

—Hum...Oh ! J'ai rencontré Franc, tu sais, le pilote qu'on a eu dans notre voyage de noce, tu t'en rappels ?

—Oui, je m'en rappel. Comment il va ?


Gaspard soupira intérieurement en se rappelant de ce souvenir.


—Il va bien. J'ai rencontré sa femme, comment s'appelait-elle déjà ? Hum...Ah ! Citronnelle ! Drôle de nom, n'est-ce pas ?

—Euh, oui, drôle de prénom...commenta Gaspard.


Il entendit le rire cristallin de Valentine à l'autre bout du fil. Quant à elle, alors que Gaspard était enfermé entre quatre murs, était assis sur un fauteuil en chaise longue sur le perron de sa chambre d'hôtel, en train de regarder le coucher du soleil qui se reflétait dans les ondes pétillants de la mer. Mer qui s'écroulait sur le sable humide de la plage qu'elle apercevait en contrebas. Le froid de la nuit la faisait trembloter et elle resserra de plus en plus son peignoir violet pastel.


—Bon, je vais te laisser...Je vais aller me reposer. Je suis fatigué de ma journée d'aujourd'hui...C'était un groupe très exigeant et excitée. On dirait que c'était la garderie, expliqua-t-elle amusée.

—D'accord, repose-toi bien ma chérie, accorda Gaspard d'une voix triste.

—Ne soit pas triste voyons, je te rappellerais dès que possible.


Gaspard hocha la tête inconsciemment comme s'il croyait que Valentine pouvait le voir faire ce mouvement de tête.


—Val ? appela-t-il soudainement.

—Oui ?


Gaspard soupira, méditant sur ce qu'il allait dire. De l'autre côté, Valentine attendait patiemment ce que son mari allait lui dire. Elle retenait son souffle lorsqu'elle entendit la respiration de son amoureux reprendre parole.


—Je crois...Je crois qu'il serait mieux qu'on arrête.

—Qu'on arrête ? Tu veux dire, notre relation ?


—Hum...Ça vient de me flasher à l'instant quand tu me parlais de ton boulot. Je ne conçois plus le fait qu'on ait une relation à distance. Ça ne marche pas. J'ai l'impression depuis plusieurs semaines déjà, qu'on n'est pas un couple. On a été bête de croire que—Stop ! Ne dit pas un mot de plus, Gaspard ! Ne me fais pas regretter notre mariage. C'était vraiment la meilleure idée de ce que j'ai pu réaliser jusqu'à maintenant. C'est la seule chose que j'ai vraiment accompli dans ma vie, ne le brise pas, la coupa Valentine.


—Val...Tu le sais aussi bien que moi qu'on ne peut pas continuer comme ça...Notre conversation vient de le prouver et tu le sais très bien. Tu veux rapidement en finir avec cet appel car tu ne veux pas l'admettre. À ton avis, depuis combien de temps nous ne l'avons pas fait ? Depuis combien de temps nous ne sommes pas vu ? Depuis combien de temps ne nous sommes pas téléphoné comme à l'habitude ? J'aurais très bien pu le faire auparavant quand je pensais à toi, mais j'ai été bête de croire que c'était parce que j'étais surchargé de travail. Ce n'est pas cela, Valentine, tu le sais. Nous ne pouvons pas continuer.


Rapidement, Gaspard soupira en entendant le répondeur. Elle avait raccroché près sa tyrannie. Bien que ce soit la stricte vérité, ça lui faisait mal de l'admettre enfin. Et si Valentine lui trompait réellement, il n'aurait pas à subir la souffrance romancier. Quant à Valentine, elle regardait le ciel d'un air hagard tandis que son corps était rempli de soubresaut. Elle serrait son téléphone contre sa poitrine volumineuse et chantonna une petite berceuse tandis qu'elle sentait son corps frissonner par l'atmosphère fraîche. Elle finit par sortir de son fauteuil à chaise longue et entrer dans la chambre d'hôtel qui était dans les tons crème et marrons.


Un grand lit était installé contre le mur et s'élargissait jusqu'au milieu. Elle s'installa sur le lit et s'emmitoufla chaudement, se collant contre les coussins moelleux de l'hôtel avant de fermer les yeux. Elle hoquetait avant que Morphée vienne la réconforté de sa récente rupture amoureuse.

Teach Me AgainWhere stories live. Discover now