Chapitre 06: Le couvre-feu

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Lorsqu'Enzo se réveilla avec des courbatures, il était seul et frigorifié. Il se releva en gémissant de douleur et se mit sur ses genoux. Il regarda ses dos de mains, rempli de sang séché par les égratignures que Guidever lui avait donné. Il soupira et se dirigea vers les lavabos, fit couler l'eau froide et mit ses mains sous l'eau en gémissant. Il nettoya ses mains et sortit précipitamment de l'espace de douche. Il regarda l'heure sur la grande horloge qui ornait le mur devant les escaliers de l'est. 18h00.


Il écarquilla les yeux de stupeur. Il était figé dans le couloir, son uniforme et ses affaires de toilette contre son torse, il tremblait des bras. Comment avait-il pu dormir autant ? La réponse lui vint immédiatement. Par le manque de sommeil qu'il avait accumulé et les coups violents de Guidever marquant encore son corps. Mais une chose le frappa tout de suite après. Il avait manqué tous les cours de l'après-midi et le dîner.


Il se dirigea promptement dans sa chambre. Des brouhahas fusèrent dans tout le dortoir alors qu'Enzo se remettait à peine de son sommeil forcé. Des étudiants étaient dans les chambres, quelques 'uns squattaient la chambre de leurs amis pour discuter avant le couvre-feu.


En rentrant dans sa chambre, Enzo vit son ami, attablé à son bureau en train de faire ses devoirs de la semaine du cours d'histoire. Enzo le fusilla du regard.


—Où est-ce que tu étais passé ? Pourquoi n'es-tu pas venu m'aider tout à l'heure ? demanda Enzo en haussant la voix.

—Désolé, j'ai été retenu par nos professeurs.


Enzo soupira et déposa ses affaires sur son lit avec nonchalance. Son camarade plissa le nez face à une odeur nauséabonde qui vint le déranger. Enzo poussa sa chaise de bureau lorsqu'il vit celui-ci déborder. Il plissa les yeux et se pencha pour ramasser des cahiers qui étaient tombé au sol.


—Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il à son camarade de chambré.


Celui-ci se retourna et hocha les épaules.


—Un élève à déposé tes cours sur son ton bureau. Je l'ai laissé faire. C'est à faire pour demain, dit-il.


Enzo s'assit sur sa chaise, intrigué et regarda les manuels. Il fronça les sourcils en ne voyant pas son prénom sur chaque manuel. Une phrase de Guidever vient le frapper de plein fouet.


La prochaine fois, ne rend pas mes devoirs en retard, disait-il...


Il râla en s'ébouriffant les cheveux. Guidever Ramtaigne, Laurent Duschêne, Philipe Draigne, Caspied Lier, Laurant Lavander, Rupert Ruberptuh, Diango Fabrize, Julien Housse, et d'autres prénoms ornaient les couvertures des cahiers qui longeaient son petit bureau de travail. Enzo mit son visage sur les cahiers, quelques-uns tombèrent avec fracas sur le plancher en bois de sa chambre. Son camarade sursauta et le corrigea sur sa manière de travailler. Enzo pesta et prit un crayon afin de commencer à faire les devoirs de la semaine, commençant par Guidever Ramtaigne, le fils de la chef de police de la région.


Enzo sursauta lorsqu'il ouvrit les yeux. Sa tête avait retrouvé logement dans le creux de sa main, son crayon à mine était tombé au sol et il se retourna pour voir un homme adossé contre l'entrebâillement de sa porte de chambre. Enzo fronça les sourcils. Il le voyait pour la première fois. Qui était-il pour le déranger ?


—Monsieur Levalier ? C'est le couvre-feu, c'est l'heure d'aller se coucher, déclara-t-il d'une voix envoûtante aux oreilles d'Enzo.


Celui-ci fronça encore plus les sourcils. Il se tourna vers son réveil matin qui traînait sur son bureau. Poussa les cahiers maladroits qui tombèrent nonchalamment au sol et regarda l'heure luisant dans le noir. 8h05. L'homme avait raison.


—Monsieur ? Qui êtes-vous ? demanda-t-il en se retournant.


Il avait disparu en une fraction de seconde. Le temps qu'il se retourne, il en avait profité pour déguerpir. Il se tourna vers son camarade de chambré et le vit déjà au lit, en train de ronfler.


—Tchk, sale ami, insulta-t-il.


Il l'insulta de tous les noms de ne pas l'avoir prévenu du couvre-feu. Il était tellement concentré qu'il s'était coupé du monde et n'avait pas vu l'heure filé à vive allure. Enzo se leva, courba son dos pour enlever toute la douleur qu'il ressentait et se jeta sur son lit, rebondissant au contact du matelas. Il ferma la lumière de son bras gauche, le faisant légèrement tourner vers la droite et se repositionna sur le dos pour regarder le plafond. Son intrus avait de beaux yeux noisette. Demain, il était sûr qu'il allait le retrouver.


Sur cette pensée, il s'endormit, le cœur battant.

Teach Me AgainWhere stories live. Discover now