Chapitre 25: Coup du siècle

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Il sursauta en voyant Enzo revenir sur le plateau et lancer la balle trop loin ; au pied du professeur d'histoire. Enzo lui cria après de leur ramener la balle et Gaspard, joueur sur le coup, lança celle-ci. Cependant, la balle atterrît plus loin encore. Il dépassa le terrain, fendant l'air à toute vitesse, sous les yeux éberluées des enfants tandis qu'une voiture était garée dans le parking étroit de l'université qui était arrivé un peu plus tôt. La prof de musique était sortie, à moitié, cherchant encore à l'intérieur au-devant de la voiture, quelque chose dans sa malle côté passager. La balle atterrît sur le pare-chocs dans un fracas assourdissant ; à cause de la puissance du lancer, créant un léger affaissement sur le pare-chocs.


— COURREZ ! cria Prince.


Sous le cou de l'amusement et sous les cris de leur professeur de sport, les étudiants s'enfuirent du terrain de jeu, par peur de remontrance de la prof de musique. Tout le monde connaissait son courroux et personne ne voulait en payer les frais, surtout pas les habitués. Enzo prit le biceps droit du prof d'histoire et l'emmena dans leur course poursuite, suivant de près et de dos, Samuel le chef d'équipe du club de Baseball. Ils pénétrèrent dans le bâtiment dans un brouhaha, de pas lourds qui se répercutaient contre les parois vieux et mince du bâtiment scolaire. Ils pénètrent dans la classe de Gaspard et tous s'agglutinèrent aux fenêtres laissées ouvertes. Ils purent tous voir avec entrain, rigolant en voyant l'effarement de la prof de musique qui voyait le trou sur son pare-chocs.


— Eh bien, professeur, vous avez un sacré lancé, ria Enzo en le regardant de biais, le cœur gonflé.


Enzo lança un sourire niais sur le visage déconcerté du professeur tandis qu'on pouvait apercevoir la prof de musique revenir sur le terrain de jeu, le regard furieux et le visage crispé, ses talons s'enfonçant dans l'herbe humide. Elle tendit la main vers un étudiant lui montrant la balle. L'étudiant ne semblait pas comment réagir et regardait avec surprise la prof de musique en déglutissant. On pouvait sentir d'ici la salle de classe de Gaspard qu'il était mal à l'aise. Célestine passa une main dans sa chevelure noire et regarda furieusement l'étudiant, parlant avec une voix colérique. Les étudiants pouvaient entendre les éclats de voix de la prof de musique tellement qu'elle était en colère.


— Jeune homme, tu sais d'où provient cette balle ? Qui la lancée ? demanda Célestine d'une voix froide.

— J-Je n-e ne sais pas, madame, bégaya le jeune étudiant en se penchant vers l'avant et de s'enfuir sous les cris de la prof de musique.


Enzo le reconnut. C'était Caspied. Il bégayait souvent, c'était devenu un tic nerveux. Enzo et la classe entière riaient de ce stratagème involontaire. Ils sont heureux de pouvoir voir qu'ils ont enfin fait vengeance contre l'autorité de leur prof qui les menait par le bout du nez à chaque fois, les rabaissant au lieu de les encourager, devenant plus strict et sévère au lieu d'être douce.


Enzo s'arrêta lorsqu'il vit la main du prof d'histoire se poser sur le rebord de la fenêtre et son odeur enivrer ses narines lorsque Gaspard s'était penché pour mieux observer la scène. Son prof était juste derrière lui, il pouvait reculer un peu plus et son dos pourrait toucher le torse de Gaspard, il en était presque sûr à ce moment-là. Enzo se surprit qu'il en eût tant envie de désirer le toucher. Enzo pouvait sentir l'odeur vanillé de Gaspard enivrer ses narines et il ne pouvait s'obliger de sentir ses joues s'empourprer. Il secoua la tête frénétiquement pour évanouir dans le vide, le rêve érotique qu'il avait fait la nuit passé qui revenait sans cesse comme un cercle vicieux pour que la honte et le désir montent en lui.


— Hey ! Est-ce qu'Enzo Levalier est ici ? demanda une voix à la porte faisant retourner toutes les têtes.


Un étudiant de quatrième les observait et Enzo le reconnut. Caspied. C'était l'étudiant que la prof venait tout juste d'apostropher, mais à l'instar d'avant, il semblait plus déterminé et plus sûr de lui. Célestine était vraiment déstabilisante quand on était proche d'elle. Son autorité influençait le comportement de ses étudiants.


— Oui, c'est moi, c'est pourquoi ? demanda Enzo en se retirant de la foule d'étudiant qui s'étaient retournés dans un même corps.

— Y'a le téléphone pour toi dans le hall. C'est une voix féminine.


Enzo fronça les sourcils, cherchant à savoir d'où pouvait provenir cette voix féminine dans son entourage et déglutit en se souvenant que la secrétaire de son père était occupée par une femme aigrie et qu'il ne portait pas dans son cœur. Les étudiants autour de lui s'excitèrent lorsqu'ils n'entendirent seulement « c'est une voix féminine ». Ça se comprend, dans une université faite que pour les garçons, ceux-ci sont aguicheur et enjôleurs lorsqu'il s'agissait de fille. Pour eux, c'étaient des êtres inaccessibles. Même s'ils avaient des professeurs de la gente féminine, ce n'était pas comparable à des étudiantes en jupette et de leur tranche d'âge. Les garçons devenaient vite excités à l'idée d'entendre une voix féminine autre que la voix froide et autoritaire de leur prof de musique.


Alors qu'Enzo, d'une allure peu assurant et tremblotant, il sortit de la classe sous la horde d'étudiant qui le suivaient pour entendre la voix féminine. Il décrocha le téléphone, une fois qu'il était au hall d'entrée et il avait sentie les yeux de Gaspard se posé sur lui comme de la braise. Il avait senti qu'il n'allait jamais y arriver car il s'enfargeait tout le temps dans ses pieds et le regard de Gaspard le troublait. C'était un regard déstabilisant que Gaspard lui avait lancé.


— A-Allô ? salua-t-il d'une voix peu assurant.

— Enzo...


Une sueur froide dégoulina sur sa tempe lorsqu'il reconnut la voix froide de son père à travers le téléphone et il regarda derrière lui, les étudiants qui l'entouraient.


— Oui...souffla-t-il ne sachant que dire d'autres, ne voulant pas que les autres pensent que ce soit son père qui parle, les laissant dans l'illusion.

— Je suis très déçu de ton comportement à l'université, Enzo. Ton professeur d'histoire m'a dit plusieurs choses qui m'ont choqué, vexé et je trouve que ton comportement est inexcusable. Je ne supporte pas que tu me faces à un tel affront et un tel dénigrement ! Tu crois que j'ai mon temps à perdre avec tes stupidités ? Tu crois que je jette mon argent pour que tu ne travailles pas ? Bosses, fait des efforts sinon je te mène par le bout des fesses, garnement. Tu ne seras pas libre même si tu es sous ma tutelle. Est-ce clair ? Alors arrête de faire le con et fais-moi honneur, veux-tu ? Je ne veux pas avoir une réputation de clébard venant de ta part. Sale mioche, je ne t'ai pas éduqué comme ça !


Enzo frémit face à ces paroles qui frôlent la violence verbale parentale et c'était tellement dit avec hypocrisie et amèrement. Enzo soupira en entendant que son paternel avait raccroché brusquement.


— Alors, c'était qui ? demanda un étudiant.

— Un faux numéro, fit-il maladroitement.


Il quitta promptement la masse d'étudiant qui s'était mit derrière lui pour écouter brièvement la conversation. Les élèves regardaient Enzo quitter le hall pour gagner le prochain cours. Heureusement, qu'ils n'avaient pas pu entendre toute la conversation. 

Teach Me AgainWhere stories live. Discover now