Chapitre 3: un nouveau prof

122 4 4
                                    

—Bien, qui pourrait me dire qui est Aristote ? demanda Gaspard en jouant avec sa montre à gousset qu'il portait toujours sur lui.


C'était un cadeau de sa défunte grand-mère. Elle portait un intérêt infernal aux horloges. Gaspard scruta les étudiants, un à un, attendant clairement une réponse qui ne vient pas.


—Vous ne connaissez pas ? Bien, qui peut me parler de Jules César ? reprit-il.


Un silence de plomb régna dans la salle de classe. On pouvait presque entendre une mouche voler. Gaspard soupira.


—Bien, c'est quoi ton nom à toi, petit ? demanda Gaspard en pointant le jeune garçon aux cheveux bouclés lui tombant sur le devant de ses yeux verts.

—M-Moi M-Monsieur ? bégaya-t-il, en se pointant du doigt, surpris.

—Oui toi, ce n'est ni ton voisin de droite, ni celui de gauche encore moins ton ami derrière toi, reprit Gaspard.

—Je m'appelle Caspian, Monsieur.

—Vraiment ?


Le petit garçon aux cheveux bouclés hocha la tête et déglutit. Gaspard sourit et se frotta la tempe gauche, s'interrogeant intérieurement.


—Bien, bien, dis-moi, euh, Caspian, connais-tu un peu l'histoire des lumières ? demanda Gaspard en reformulant ses premières questions.

—L-Les lumi-ières, Monsieur ? Euh, oui, légèrement, bégaya Caspian.

—Dis-moi ce que tu sais, ah et dis-moi quelques philosophes importants de ce siècle.


Caspian rechigna intérieurement et déglutit. Il se leva, mais fut arrêté par son enseignant.


—Oh, tu peux rester assis. Les autres, écoutés votre camarade. Ça sera à l'examen de mi-session.

—Euhm, les lumières est une époque, euhm, où c'est un mouvement culturel phi-philosophique qui émerge à la seconde moitié, du, dix-dix...

—Dix-sept-ième siècle, Monsieur Douglas.


Le petit garçon hocha fébrilement la tête. Ses mains étaient moites par le stress de dire n'importe quoi. Il ne voyait pas où le professeur voulait en venir de tout ça.


—Euh, c'est un mouvement philosophique du dix-sept-ième siècle pour critiquer et remettre en question les oppressions de l'église et des politiques par la raison, Monsieur. Les philosophes qui se sont impliqués dans ce siècle sont, euhm, Spinoza, Locke, Newton et Bayle, conclut Caspian Douglas par bégaiement.

—Bien, bien, vous avez parfaitement raison. Notamment, dans ce siècle des Lumières, les philosophes que tu as cités, bien qu'en ai d'autres qui ont participé à ce siècle, combattaient irrationalité, l'arbitraire, la superstition et évidemment l'obscurantisme. Ce qui est, ma foi, le plus important, irrationalité et l'obscurantisme.


Il soupira. Il se massa le menton en rangeant sa montre à gousset dans sa veste noire. Il regarda les statues dans la classe.


—Que disait Platon ? À ses yeux, le monde était relié à des idées, des essences qui donnent un sens. Un sens qui dépasse la dignité et la puissance, du principe même où on le confond avec le divin. Socrate, quant à lui, il a succombé à une mort injuste. Ainsi, il affirme par sa mort la vertu sur la vie, la vie du corps et la pensée. Ainsi, il nous apprend que la philosophie est un exercice spirituel. Voilà, Messieurs, ce que sont les idées de nos ancêtres philosophes. Ce sont des figures qui nous instruits leur expérience, le partage, le bien-être et le respect, la vertu pour Socrate, le bonheur pour Aristote. L'adaptation pour Darwin, Les épicuriens qui ont amené les plaisirs charnels que vous devez sans doute connaître...*Des rires gênés se firent entendre dans la classe* Les 4 affects pour les Stoïciens, qui sont le plaisir, le déplaisir, la crainte, l'envie, ce sont les caractères de l'homme, les péchés capitaux. L'empirisme pour les Utilitaristes, etc.



Il était parti trop loin pour son introduction à son cours. Il avait même entamé le discours philosophique, il le savait puisque ses étudiants étaient silencieux et le regardait d'un air ahuri, ne sachant que dire et que faire pour le stopper. Il sourit amèrement. Sa voix se haussait par moment, faisant sursauter ses élèves par surprise que par peur. Durant sa tiraille qui l'essoufflait, il gesticulait beaucoup pour mettre plus d'impact, d'importance dans ce qu'il disait et pour capturer l'attention de ses élèves.


Subitement, la porte s'ouvrit brusquement sur un étudiant avec les cheveux en bataille, le regard encore embué par le manque de sommeil.


—Vous êtes ? demanda Gaspard.

—Euh, excusez-moi de mon retard, Monsieur, mon révei-

—Vous êtes ? Le coupa Gaspard.


Le jeune étudiant regarda son nouvel enseignant le souffle court. Il serra le pan des a chemise à moitié boutonnée, laissant apercevoir le début de ses clavicules. Il pouvait entendre des sifflements à travers la salle. C'était Guidever. Il le fusilla du regard.


—Enzo...Je suis Enzo Levalier, Monsieur.

—Eh bien, Monsieur Levalier, j'espère que la prochaine fois vous arriverez à l'heure.

—Oui, Monsieur.

—Asseyez-vous, je vous prie.


Enzo hocha la tête et s'assit au premier bureau de libre qu'il vit.


—Non, avancer Monsieur Levalier. J'aurais besoin de toute votre attention pour ce cours.

—Je pense, sincèrement, Monsieur, que ma place est mieux à l'arrière, riposta Enzo.

—Monsieur Levalier, je vous prie d'avancer, dit Gaspard d'une voix plus grave, autoritaire et solennelle.


Enzo déglutit, se leva et se mit en avant. À côté de ce cher Guidever qui le regarda d'un air charmeur. Il se mordillât la lèvre inférieure tandis qu'il voyait Guidever faire des gestes déplacer à son égard. En effet, Guidever lichait discrètement son doigt à la direction d'Enzo et le fit rentrer dans un puits imaginaire formé par ses doigts. Enzo ferma les poings, furieux de cet affront.


—Bien, avant que ne vous quittiez, j'aimerais me présenter. Je suis Gaspard Venderdrake, votre nouveau professeur d'histoire. J'espère que nous passerons une belle année, ensemble.


La cloche sonna. Les élèves se ruèrent à l'extérieur. Certains étouffaient à l'intérieure, bien que Gaspard eût ouvert quelques fenêtres pour laisser l'air frais pénétrer la salle de classe.

Teach Me AgainWhere stories live. Discover now