Chapitre 2: Entretient entre profs

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Gaspard sursauta en grognant de fatigue, se réveillant de son sommeil brusque. Il regarda là où il était, ne reconnaissant pas les lieux de son chez-lui. Il s'était redressé et laissa retomber son corps contre le matelas en soupirant. Il enleva ses lunettes de lecture qu'il mit sur sa table de chevet et se redressa à nouveau, déposant à sa suite le livre avec un marque-page, marquant là où il s'était arrêté, enfin là où il croyait s'être arrêté. Durant la nuit, il avait bougé et son livre était tombé sur le côté, les pages s'étaient froissées et désordonnées.


Il regarda l'heure sur le petit réveil, indiquant les chiffres 6h20 d'une lueur luisante. Il siffla. Il avait une heure d'avance. Les cours ne commençaient qu'à 8h00. Gaspard se prépara, remettant sa veste noire par-dessus sa chemise blanche et celle-ci rentrant dans son pantalon gris. Ses chaussettes noires surplombaient ses chaussures marrons de luxe. Il mit sa montre tandis que d'une main il se coiffait par négligence.


Avant d'aller au déjeuner préparé par les cuistots de l'école, Gaspard se décida d'aller préparer son premier cours de la journée. Gaspard était enseignant d'histoire. Un métier complexe et qu'il admirait dans tout les sens du terme. Il ne changerait pas de métier, même si l'occasion se présenterait. Ce qu'il aimait par-dessous était d'enseigner, de partager toutes sortes de connaissance qu'il possédait ou que les autres lui transmettaient. C'était un métier de partage et de discipline.


Il noua du mieux qu'il put sa cravate noire lorsqu'il se trouva devant sa salle de cours. Il l'ouvrit et sourit. Des tableaux des temps anciens ornaient les murs où devrait se tenir le professeur. Juste au fond de son estrade. La toile représentait la mort de Socrate.


Très charmant, pensa-t-il sarcastiquement. Devant la toile de Socrate, était représenté d'autres statues, celle de César encore une fois, Aristote, Diderot, Darwin, Rousseau, et Platon sur le rebord d'une fenêtre. Au fond de la classe, dans les dernières rangées, une statue d'August était représentée. Des cartes représentant les continents ornaient chaque murs, illuminés par le soleil qui pénétrait les grandes baies vitrées du côté gauche de la salle de classe. Les bureaux des étudiants étaient mal positionnés et Gaspard se prit un malin plaisir à les remettre correctement. Après tout, c'était un tic qu'il avait, ce que sa femme pouvait parfois lui reprocher. Il était perfectionniste, un peu trop sur les bords.


S'asseyant sur la première marche de l'estrade, il toucha son propre pupitre et le replaça correctement. Il regarda satisfait les bureaux remis à leur place. Il fronça les sourcils lorsqu'il crut apercevoir que l'un d'eux s'était remit de travers. Il le replaça. Il l'avait sûrement cogné pour passer... Se redressant avec nonchalance, Gaspard mit sur les pupitres des élèves le manuel d'histoire dont ces étudiants auront besoin pour le cours d'aujourd'hui. Il plaça les manuels au centre, bien au centre et droit comme un « i ».


Sur la couverture du manuel d'histoire, un peu vieillot de couleur bordeaux, on pouvait y lire « Abrégé, Histoire Ancienne, rédigé conformément aux programmes officiels de 1874, par Victor Duruy » en bas à droite, on pouvait y lire la maison d'édition qui était à moitié effacé avec la date de publication. Les bords de pages étaient dorés et un filet rouge, dépassant de l'encoche, faisait office de marque-page.


Il était prêt. D'un instinct confiant, il se dirigea vers la cantine où un brouhaha assourdissait ses oreilles. Les tables étaient par rangé de trois sur six. Trois en longueur et six en hauteur. Des vitraux représentant l'histoire de Jésus Christ laissaient passer la lumière traversé la cantine. Au bout de la cantine, une longue table était réservée aux enseignants, surplombant les tables des étudiants pour éviter la moindre bêtise. Il s'installa à la table des enseignants et commença à déguster son repas. Un plat de spaghetti bolognaise.


—Oh ! Vous êtes le nouveau professeur ? Enchanté, je m'appelle Célestine Guérin. Je suis professeur de musique, se présenta une ravissante jeune femme.


Elle était habillée en une jupe bordeaux qui lui serrait les fesses, un hibiscus était les motifs de la jupe. Elle portait un chemiser blanc qui laissait apercevoir une poitrine volumineuse et quelques parties de sa peau fraîche. Ses cheveux noirs bouclés lui retombaient en cascade sur sa poitrine. Elle portait des lunettes sur son petit nez, mettant en valeurs es yeux bleus et un bracelet avec une perle en argent était à son poignet droit. Elle était sublime.


Les femmes étaient des sirènes, pensa-t-il, encore choquée par la beauté fatale qui se présentait devant lui. Les étudiants avaient arrêté de parler en sa présence comme si elle avait une certaine autorité sur les étudiants alors qu'ils étaient juste en extase face à sa beauté naturelle.


—Enchanté, professeur Guérin, je suis Gaspard Venderdrake.

—En quoi êtes-vous spécialisé, professeur ? commença immédiatement la professeure de musique en replaçant une de ses mèches rebelles derrière son oreille et mangeant un morceau de pain.

—En histoire, madame.

—Oh que c'est charmant ! J'ai un ami qui a un léger, voir beaucoup penchant pour l'histoire de notre monde. Mais vous savez, c'est de l'histoire passé, je n'ai que faire de ces grands êtres historiques. Nous ne savons même pas si c'est réel.

—Je m'excuse, madame, mais vous vous trompez.


Célestine parut choquée puisqu'elle écarquilla les yeux, qui ressortait sur son léger mascara et regarda avec outrance le professeur, assis à ses côtés.


—P-Pardon ? osa-t-elle demander.

—Il y a eu des recherches concernant ces théories dont vous ignorer l'importance, il y a d'ancien manuscrit qui prouve que toutes ces figures historiques ont bien existé et encore, des statues ont été retrouver à l'effigie de ces grands êtres, des fossiles des temples et des cités anciens, il y a eu des traces de tout ça, madame Guérin. Je ne vous permets donc pas que toutes ces choses dont vous négliger l'histoire, leur importance, leur valeur qui nous est transmise soit puéril et inexistante. Elles le sont, l'ont été et le restera toujours à l'avenir. Sur ce, excusez-moi, mais j'ai à faire.


Sur cette tiraille, Gaspard se leva sous les yeux ébahis de Célestine qui l'observait quitter la cantine après avoir remis son plateau aux cuistots. Les élèves regardaient avec excitation et admiration, le jeune enseignant quitté la pièce avant de se tourner vers l'enseignante de musique.


—Quoi ? Vous voulez ma photo ? Retournez à vos classes, IMMÉDIATEMENT ! Les cours vont commencer, cria-t-elle, furieuse.


Elle suffoquait. Personne ne lui avait prodiguée un tel affront. PERSONNE ! Offusquée de s'être fait replacer, elle se leva fébrilement et essaya d'aller se changer les idées pendant que les étudiants se dirigeaient vers leur salle de classe pour la première heure de la journée.

Teach Me AgainWhere stories live. Discover now