Chapitre 41

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J'observe son pelage roux qui me rappelle celui de mon père. Elle s'approche d'un pas lent. Sa démarche est très élégante, calme et son regard beaucoup trop séduisant.

Si Naamah entendait ce que je viens de penser elle me tuerais.

Rien qu'à sa pensée, je revois son visage souffrant lors de la bataille, et je me souviens soudain que le temps est compté.

Je sens qu'Eden se retient de rire lorsque Nathan se force à tousser et à regarder ailleurs.

Érika s'approche d'elle pour la caresser.

Érika: Voici Tina, c'est la plus jeune du groupe. Et la plus maligne aussi.

Elle esquisse un doux sourire et la louve lui lèche la main.

Je reste muet, mais contre toute attente c'est Nathan qui prends la parole.

Nathan: Enchanté, Tina. Je m'appelle Nathan.

Je gonfle les joues pour retenir mon éclat de rire et Éden plaque ses deux mains sur sa bouche pour éviter le malaise. Tina lance un gargouillis en guise de réponse et Nathan réagit comme s'il avait compris. Érika devine ce qu'il se passe et se met à rire à son tour.

Érika: Bon, je pense que ces deux là ont besoin de faire connaissance. Angelo, je pourrais te parler seule quelques minutes?

Pris au dépourvu et déçu de ne pas connaître la suite de l'histoire d'amour de Nathan, je la suis à l'intérieur et nous nous retrouvons seuls.

Moi: Un problème?

Érika: Il faut que je te dise... je...

Elle a l'air hésitante. Je m'approche d'elle pour qu'elle se sente plus en confiance, bras croisés.

Érika: Je connais votre meute depuis plusieurs années déjà. Je connais très bien tes parents à vrai dire...

Je fronce les sourcils.

Moi: Mais... alors ma mère sait très bien où on est? Comment les avez-vous connus? Pourquoi elle ne m'a jamais parlé de vous?

Érika: C'est à dire que...

Au même instant, trois silhouettes apparaissent, faisant voler le rideau servant de porte. Je reconnais immédiatement ma mère qui me fonce dessus, me serrant dans ses bras.

Ma mère: Angelo... tu m'as fais tellement peur!

Elle se redresse en me tenant les épaules.

Ma mère: Bon, au moins tu vas bien, ton bras, ça va mieux?

Elle agit comme si elle ne voyait pas Érika. Je la repousse gentiment, un sourire au coin des lèvres.

Moi: Bien maman, ça va. Dis moi tu-

Ma mère: Érika...

Elle s'approche d'elle en la dévisageant, puis lui serre la main en restant tout de même à distance. Mathieu et Rosalie restent en retrait sans rien dire, mais Mathieu me regarde étrangement.

Érika: Amy...

Elle baisse les yeux face à ma mère, la tension est palpable. Elle lance un bref regard à Mathieu et Rosalie puis les invite à s'asseoir. Ma mère sort de sa pochette des petits sachets préparés, remplis de feuilles et autres plantes guérisseuses. Je reste debout, ne sachant pas ce qu'il se passe entre eux.

Ma mère: J'ai assez pour six ou sept personnes. Ça suffira?

Érika attrape les sachets, comme si ma mère était une dileuse de drogues. Un drôle de frisson me parcours l'échine, je n'aime pas cette atmosphère.

Ma mère: Tu ne vas pas parler?

Son ton est menaçant. Je ne comprends pas, je n'ai jamais vu ma mère comme ça.

Érika: C'est juste que... j'espère qu'un jour nous pourrons repartir sur de bonnes bases.

Ma mère s'apprête à répondre mais j'interviens en me postant aux côtés d'Érika.

Moi: Maman, c'est quoi cette histoire?

Ma mère roule des yeux, comme si ça la dérangeait que je sois au courant.

Mathieu: Tu devrais rester à l'écart Angelo, ça ne te regarde pas.

Avec étonnement, je constate que ma mère ne rétorque pas et ne me défend pas.

Moi: Ah c'est comme ça? Alors quoi, on peut pas me faire confiance? A ce que je sache, j'ai le droit de savoir, je fais parti de la meute!

Ma mère: Angelo, calme toi. Laissons plutôt Érika nous raconter.

D'un sourire mesquin, elle l'incite à se lancer en la montrant de la tête. Érika baisse une nouvelle fois la tête, honteuse. Sa voix tremble.

Érika: Petit... si tu savais comme je m'en veux...

Rosalie: Épargne nous ça, s'il te plaît.

Érika: Il y a de ça des années, tu n'étais pas encore venu au monde... À cette époque, j'avais une petite meute, nous n'étions que trois. Moi, Greg que tu as rencontré et Elisabeth, notre guérisseuse. Étant si peu nombreux, dès qu'une autre meute apparaissait, nous étions chassés, nous étions très faibles. Puis nous sommes montés vers le nord, et nous avons rencontrés ta mère et sa meute, qui ont été si compréhensifs et tellement généreux avec nous. Ils nous ont ouvert leur porte, cela semblait trop... parfait et irréel. Une nuit, ayant peur que ce soit un piège, j'ai voulu... j'ai... j'ai commis l'irréparable.

Elle marque une pause en relevant la tête, les mains tremblant contre ses cuisses. Son regard embué de larme me laisse sans voix. Les autres, eux, restent de marbre.

Érika: J'ai voulu les tuer... j'ai voulu m'emparer de leur repaire. Mais quelle idée... je regrette tellement...

Elle fond en larmes et mis à part regarder ma mère qui reste inerte, je ne sais pas comment réagir.

Mathieu se lève et se dirige vers les plantes exposés, attrapant celle dont la vie de ma mère dépend.

Mathieu: C'est celle-ci, il n'y en a qu'une?

Érika reprend ses esprits et se lève en essuyant ses larmes.

Érika: Elles sont devenues si rares... j'en ai une autre, là où j'ai mes blessés.

A cet instant, Benji entre à son tour.

Benji: Maman, j'ai... ah... ils sont là.

Érika se précipite vers lui en le protégeant comme si elle avait peur qu'on lui face du mal.

Érika: Voici mon fils, Benji... mais, je suppose que ça n'a pas d'importance. Suivez-moi.

Benji lui tire le bras pour lui murmurer quelque chose. J'en profite pour prendre ma mère à part.

Moi: Mais, pourquoi tu as accepté de venir alors? J'y comprends rien!

Elle me sourit en me caressant la joue.

Ma mère: Mon fils, si un jour j'avais su que tu aurais toute ma part de démon... tu sais, ce qu'elle a fait est impardonnable, mais malgré tout, ce que je veux, c'est que notre gène de loup, que les meutes, perdurent le plus longtemps possible. Il faut qu'on survive dans ce monde, et dans chaque être il y a une part de bien. Ce qu'elle n'a pas dit, c'est que chaque année passée, elle nous a toujours aidé lorsqu'on en avait besoin, sans forcément se montrer.

Elle me tapote le dos en souriant.

Ma mère: Tu verras, tu comprendras.

Perplexe, je la regarde s'éloigner avec les autres. Benji reste planté devant moi en me fixant. Je lève un sourcil.

Moi: Un problème?

Benji: Ton odeur me dérange.

Je m'approche de lui, menaçant.

Moi: Tu fais la malin mais t'as de la chance que je sois pas au mieux de ma forme, je t'aurais déjà explosé contre le sol.

Il colle son front au miens.

Benji: Alors vivement que tu reprennes tes forces, qu'on règle ça au plus vite.

Contrat avec le surnaturel - TOME 2Where stories live. Discover now