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Vendredi.

Je n'avais toujours pas parlé à Noah, l'ambiance était très gênante à la maison. J'allais donc au travail à pieds et essayais de l'éviter le plus possible.

Kate me sermonnait du regard à chaque fois que je la croisais. J'essayais d'aller vers lui mais je me dégonflais tout le temps. J'avais peur. Peur qu'il me rejette.

C'était l'heure de la pause déjeuner et heureusement Noah n'était pas là. Il n'y avait que Peter. On discutait de tout et de rien, tout en dégustant nos repas.

― T'es ailleurs depuis quelques jours, ça va ? demanda Peter inquiet.

J'opinais, tout allait merveilleusement bien. Mon cerveau allait juste surchauffer à force de réfléchir mais sinon tout allait bien.

Je n'en pouvais clairement plus de rester dans le doute, il me fallait des réponses mais en même temps j'avais peur de ces réponses et préférais rester dans le doute.

― Je peux te poser une question ? lui demandais-je.

― Oui.

― T'es déjà tombé amoureux ?

Il réfléchit quelques instants avant de répondre.

― Oui, de toi.

Je levais mes yeux au ciel, Peter ne pouvait jamais être sérieux. Pourquoi je lui posais cette question ? Il était évident que ce Don Juan n'était jamais tombé amoureux...

― Je suis amoureux d'une fille, se confia-t-il soudainement.

Je restais bouche bée. Peter, amoureux ?

― Je te fais toujours de l'effet ? demanda-t-il tout à coup en s'approchant de moi.

― Tu ne me fais pas d'effet, t'es juste gênant quand tu t'approches de moi comme ça. Je l'ai remarqué il y a quelques jours.

― Quoi ? Je ne suis pas beau ?

― Je n'ai pas dit que tu n'étais pas beau, j'ai juste dit que tu ne me faisais pas d'effet. Pourquoi tu me le demande ?

― J'avais peur que tu sois jalouse si je t'annonçais de qui j'étais amoureux, déclara-t-il en se rasseyant convenablement sur sa chaise.

Je posais mes coudes sur la table et ma tête vint s'installer tout naturellement sur les paumes de mes mains. J'étais toute ouïe.

― Alors, raconte, m'écriais-je impatiente.

Il prit une grande inspiration puis passa une main dans ses cheveux qui mériterait bien une petite coupe. Ses cheveux longs lui allaient à ravir mais là c'était vraiment trop long.

― Je suis amoureux de Kate, déclara-t-il.

― Mais c'est hyper giga mega bien ! tonnais-je en sautant de ma chaise.

― Oui mais non...

― Pourquoi ? demandais-je toujours autant excitée.

― Kate a déjà un petit ami, je ne peux pas arriver et lui dire "Salut, je suis amoureux de toi, quitte ton mec et sortons ensemble !" s'exclama-t-il en faisant la gestuelle qui allait avec.

― Zut... Tu peux quand même essayer, non ?

― Il n'y a que dans les films que ça se produit. En réalité, Kate va se marier avec son mec et moi je vais finir tout seul.

Je me sentis obligé de le prendre dans mes bras, il me faisait de la peine.

― Tu sais, moi je veux le bonheur de Kate. Si elle se sent bien avec Christian je ne vais pas essayer de casser leur couple pour toi mais à l'inverse, si je découvre quelque chose qui ne me plait pas, je t'en fait part tout de suite. Par contre il faut que tu me promets de ne plus faire ce que tu fais avec toutes ces filles.

― Merci Maya mais pour ce qui est des filles...

― Tu préfères coucher avec toutes ces filles que-

― Non ! Me coupa-t-il. Cela fait un petit moment que j'ai arrêté, depuis le voyage à San Francisco, même avant, je n'ai rien fait. Lisa était tellement frustrée pendant ce voyage qu'elle est partit. Au final, je suis resté tout seul.

Je défis mon étreinte.

Soudain, un bruit sourd retentit dans toute la pièce. On dirigea notre regard vers la provenance du bruit.

Une grande silhouette, des cheveux noirs corbeaux un peu décoiffés, des yeux gris. Ça ne pouvait être que lui.

― Noah, depuis quand es-tu là ? demandais-je.

Vous pouviez remarquer que c'était la première fois que je lui parlais depuis plusieurs jours. Un exploit pour moi.

― Ne faites pas attention à moi, je ne fait que passer, dit-il simplement.

Il passa devant nous et ouvrit le frigidaire pour y prendre une bouteille d'eau. Je le regardais faire sans bouger, se sentant épié, il se tourna vers moi.

― J'ai rien entendu si tu veux savoir, déclara-t-il.

― Tu aurais pu entendre, ça n'aurait rien changé tu sais.

Une lueur de tristesse passa dans ses yeux, qu'est-ce-que j'avais dit encore ? Je décidais de faire le premier pas.

― Noah, il faut qu'on parle.

― J'ai pas envie.

Il but ensuite une gorgée d'eau pendant que Peter se hâtait de ranger ses affaires pour nous laisser tous les deux.

― Il faut sérieusement qu'on parle, insistais-je.

― Je vais travailler.

Il s'apprêta à sortir mais je le retins en attrapant son poignet.

Première contact physique.

― Ce soir alors ?

― Ce n'est pas ce soir que Hortencia rentre ?

Je secouais ma tête de droite à gauche. Hortencia n'arrivait que lundi, son opération s'était merveilleusement bien passé. Elle avait des poumons tout neufs désormais. J'avais hâte qu'elle rentre à la maison.

― Attends-moi pour rentrer, dit finalement Noah.

DESTINYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant