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― Qu'ont-ils dit ? demandais-je inquiète.

Un silence passa, j'entendais ses reniflements à travers le combiné. Je craignais le pire.

― J'ai une donneuse, dit-elle difficilement.

Je lâchais une larme sans m'en rendre compte, Peter s'empressait de l'essuyer avec son pouce. Il me regarda l'air inquiet, me demandant si j'allais bien.

J'hochais la tête et continuais de pleurer en silence tout en écoutant Hortencia parler.

― Une dame vient de mourir, même si je suis triste pour elle, grâce à elle je vais pouvoir avoir des poumons tous neufs.

― C'est génial, me réjouissais-je pour elle.

Mais il y avait toujours une ombre sur le tableau, je le sentais mal.

― Ma puce, tu es là ?

― Oui.

― Prévient Noah pour moi s'il-te-plait, j'ai essayé de l'appeler mais il ne répondait pas.

― D'accord je vais lui dire.

― Merci, appelez moi en face time tout à l'heure.

― Je n'oublierai pas.

― Bisous ma puce.

― Bisous, soufflais-je avant de raccrocher.

Je baissais ma tête vers mes mains, j'étais contente pour elle. C'était juste incroyable ce qui était en train de se passer, malheureusement quelque chose m'empêchait d'être complètement heureuse. Je ne savais pas quoi... peut-être que je me faisais des idées et que tout allait parfaitement bien se passer, j'étais quand même sceptique.

Je sentis une main se poser sur la mienne, je relevais la tête pour voir Peter, inquiet.

― Tout va bien ?

― Oui, je... Hortencia va avoir une donneuse.

Son sourire colgate apparut, ce qui me fit sourire également, puis rire. La pression redescendit, sa main caressait la mienne, je me sentais bien.

― Je dois l'annoncer à Noah.

― Allons-y alors.

On sortit du restaurant après avoir payé, arrivés à l'agence, je me dirigeais directement vers la salle de pause où il devait sûrement y être.

Il y était, il venait tout juste de se lever. Dès qu'il me vit, son regard s'assombrit, il était encore en colère. Mais qu'il soit énervé ou pas, il fallait que je lui dise, que je lui annonce la bonne nouvelle.

― Noah.

Il m'ignora et s'apprêta à partir.

― Noah écoute moi. S'il-te-plait.

Il s'arrêta mais était toujours dos à moi.

― J'ai quelque chose à te dire.

Je jouais avec mes doigts ne sachant pas par où commencer. Il se retourna vers moi attendant que je parle mais rien ne sortait.

― T'as perdu ta langue ? dit-il avec une pointe de sarcasme.

J'affrontais son regard mais c'était une mauvaise idée car la seconde d'après je me perdis dans ses yeux. Ils m'hypnotisaient.

Je vis son visage devenir inquiet.

― Tu pleures ?

Je touchais mon visage et effectivement, je pleurais. Je ne m'étais même pas rendu compte. Noah s'approcha, j'essuyais mes larmes, pris une grande inspiration et me lançais.

― Hortencia à une donneuse, dis-je d'une traite.

― Hortencia à une quoi ?

― Une donneuse, elle vient de m'appeler. Ils vont bientôt l'opérer.

L'expression de Noah passa de l'incompréhension à l'étonnement puis à la joie. Il était très enjoué, tellement qu'il me sauta dans les bras, oubliant notre "dispute" de ce matin.

― On doit faire un FaceTime avec elle ce soir.

― Mieux, on va aller la voir, s'exclama-t-il.

Et c'était ce qu'on fit, le soir-même, on se retrouva à l'hôpital dans la chambre d'Hortencia. Celle-ci était toute heureuse de nous voir ici.

Juste avant, le médecin nous avait expliqué qu'il devait faire des examens sur les poumons pour savoir s'ils étaient utilisables. J'espérais qu'ils le soient. J'attrapais les mains d'Hortencia dans les miennes, son visage avait bonne mine aujourd'hui.

― Je suis contente pour toi, lui avouais-je.

― Moi aussi, ajouta Noah.

Il s'assit au bord du lit, je fis de même.

― Peu importe ce qu'il m'arrivera, je veux que vous vous entraidiez d'accord ?

― Il ne va rien t'arriver, tu vas avoir des poumons tout neufs, tu vas voir, déclara Noah.

― Je l'espère, souffla-t-elle.

Son regard était vide. Vide d'émotions. Je la comprenais parfaitement, nous n'avions pas encore les résultats de l'examen concernant les poumons donc il nous était impossible d'y croire pour l'instant.

Je décidais de passer une main dans mes cheveux mais ils étaient emmêlés. Telle était l'histoire de mes cheveux bouclés, toujours emmêlés. Je baissais ma tête vers le sol et me fis un chignon. Quand je relevais ma tête, Noah se leva. Voyant que je le regardais, il s'approcha de moi.

― Je vais demander au médecin si les examens vont prendre du temps et je vais me chercher un café par la même occasion. Vous voulez quelque chose ?

― Rien pour moi, merci, répondit Hortencia.

― Je viens avec toi.

Il acquiesça.

On sortit de la chambre et on prit l'ascenseur pour descendre au rez-de-chaussée. Je regardais avec empathie les patients de l'hôpital, certains étaient vraiment en piteux état mais d'autres, je ne savais même pas pourquoi ils étaient là, ils avaient l'air si bien de l'extérieur.

On se dirigea vers l'accueil, Noah parla. Pour être honnête, je n'écoutais pas ce qu'il disait, trop absorbée par la petite fille qui jouait dans la salle d'attente.

Son visage était pâle, des cernes bleutées figuraient en dessous de ses yeux, quelques cheveux étaient parsemés par-ci, par-là sur son crâne, c'était sûrement dû à une chimiothérapie.

Elle avait l'air si heureuse, je me rendis compte que j'étais ridicule quand j'étais petite en fin de compte. Je pleurais pour un rien, à sa place je me serais déjà renfermée sur moi mais elle, elle restait épanouie. Rien qu'à ses yeux, on pouvait voir qu'elle était heureuse. Ses parents la regardaient d'un air adorable, je ne pouvais détacher mes yeux de cette scène.

Je me sentis secouée par l'épaule, Noah avait finit avec la dame et essayait de capter mon attention. Je la lui donna et il m'expliqua que les résultats de l'examen n'apparaîtront que demain matin.

J'espérais vraiment qu'ils soient positifs. On s'assit tous les deux, à la cafétéria de l'hôpital.

― Tu veux quoi ? demanda Noah.

― Un cappuccino s'il te plait.

Il opina puis alla commander. Il revint quelques minutes plus tard avec nos boissons chaudes. Je pris le gobelet qu'il me tendit et le mis entre mes mains pour me réchauffer.

― Ça va ?

Je relevais ma tête qui était depuis un moment concentré sur ma boisson chaude.

― Oui pourquoi ?

― T'es ailleurs depuis "la nouvelle".

― Je ne sais pas, j'ai juste un mauvais pressentiment.

DESTINYWhere stories live. Discover now