DESTINY

15

Les jours passèrent, nous étions déjà en Décembre. Ça faisait un mois maintenant que j'avais atterri à Miami, cette ville que je ne quitterais pour rien au monde aujourd'hui. Même si je n'avais pas vraiment eu le temps de la visiter en large et en long, cette ville signifiait le début d'une nouvelle vie pour moi.

Elle signifiait aussi une amitié toute tracée avec Kate ou encore un amour possible avec l'un des beaux américains que je voyais surfer quand j'allais au travail. Tout était possible.

Je sortis de la voiture avec Noah, nous venions tout juste de faire une visite à un couple et ses huit enfants. Je pouvais vous dire que ça avait été très difficile de leurs trouver un bien qui leurs correspondrait.

La maison que nous venions de leurs faire visiter était leur coup de coeur, il y avait dix chambres, quatre salles de bain, une grande cuisine équipée, un beau séjour lumineux et un jardin équipé d'une piscine de cinquante mètres carrés. Assez pour tout ce petit monde. Ils avaient absolument tenu à signer le contrat dès maintenant, alors c'était ce que nous allions faire.

Toute la troupe nous suivit jusqu'en haut, ils peinèrent à trouver une chaise pour chacun, résultat : les parents et les deux plus grands avaient leur propre chaise, quant aux autres ils étaient assis par terre. Je trouvais la situation très gênante mais n'en parlais pas.

On commença à signer tous les papiers qu'il fallait. A un moment, mon ventre gargouilla et comme par hasard, il fallait que les enfants choisissent ce moment pour se taire. Le couple me regarda en souriant.

― Tu manges avec moi ce midi ? murmura Noah dans mon oreille.

Je montrai les pages à signer puis lui répondis.

― Désolé je mange avec Peter, une prochaine fois peut-être.

Je l'entendis soupirer.

― Qu'est-ce-qu'il y a ?

― Il y a quoi entre Peter et toi ?

― Comment ça ?

― Réponds juste à ma question.

― On est amis, pourquoi ?

― J'ai du mal à le croire, pesta-t-il plus pour lui-même.

― Pourquoi tu réagis comme ça ?

Il m'ignora et sortit d'autres documents pour les faire signer aux parents. Je ne le comprenais vraiment pas, un jour il était cool et l'autre d'après il réagissait comme si j'avais fait la plus grosse gaffe du monde. Et tout ça arrivait à chaque fois que je prononçais "Peter" dans une de mes phrases.

On finit les papiers en silence puis raccompagna la famille à la sortie. L'heure de la pause déjeuner tombait pile poile mais avant ça je devais discuter avec Noah de son comportement. On s'installa à notre bureau, les autres n'étaient pas là, ils étaient partis faire des visites et ne tarderaient pas à rentrer.

― C'était quoi cette scène ?

Il ne prit même pas la peine de me regarder.

― Je n'ai pas fait de scène.

― "Il y a quoi entre Peter et toi ?", l'imitais-je.

― Je n'ai pas le droit d'être curieux ? Ça fait une semaine que vous trainez tout le temps ensemble.

― Et alors, rétorquais-je. Ce que nous faisons ne te regarde strictement pas.

Il me regarda fixement pendant quelques minutes qui me semblèrent une éternité. Le gris de ses yeux brillait fortement, si bien que j'eus du mal à m'en détacher.