The King ✩ Junhao

12 ☆

Le soleil vient de se coucher. Wonwoo est déjà parti depuis plusieurs heures, lui aussi a un travail et il ne devait surtout pas être en retard. Ce dernier m'a au passage dit « t'inquiète, il est clean, juste un peu chelou sur les bords. » Disons que je dois juste faire attention. Je suis en ce moment assis à une table, pour commencer à faire des fiches de révisions pour les futurs examens, il ne faut jamais faire ça au dernier moment. D'ailleurs, l'auteure devrait prendre exemple.

Minghao, pendant ce temps, essaye de lire un livre en Chinois. Par moments, je relève la tête et il semble vraiment être pris dans ce livre, ça se voit par les petites réactions qu'il a. C'est assez drôle.

— Junhui ? M'appelle-t-il, je relève encore la tête.

— Oui ?

— Me crois-tu lorsque je te dis que je suis un roi ?

Je cligne des yeux plusieurs fois. Bien sûr que non, je ne le crois pas. C'est totalement stupide. Même si certains éléments peuvent coïncider, le fait qu'il a vingt-deux ans et que ce fameux roi a disparu à ce moment-là, le fait que les peintures lui ressemblent. C'est très bizarre mais improbable.

— Oui, bien-sûr que je te crois.

— J'ai l'impression que tu mens, dit-il.

— Pourquoi je le ferais ?

— Pour pas me vexer, peut-être ?

Minghao a raison. Ce n'est pas très honnête de dire ça.

— Excuse-moi mais... Cette histoire est folle pour moi...

— C'est compréhensif, elle l'est pour moi aussi... Minghao prend une pause, il regarde dans le vide. Je ne comprends pas pourquoi je me retrouve ici, je suis perdu... J'ai perdu mon royaume, que va-t-il devenir sans moi ? Et ma femme et mon fils, comment vont-ils faire ?

— Ta femme et ton fils...? Demandé-je surpris, pourtant, je ne le devrais pas. C'est même normal, surtout que je me souviens avoir lu ça. Depuis quand es-tu marié ?

— Depuis mes dix-sept ans, et mon fils a quatre ans.

— Tu aimes ta femme ? Minghao soupire.

— De mon temps... Rare sont les mariages d'amour, me dit-il, c'est plus... Par intérêt, économique, ou politique...

— C'est souvent le cas, malheureusement... Tu es heureux malgré tout ?

— Bien-sûr, me sourit-il, j'ai un fils, je suis le roi... Il n'y a pas de quoi être malheureux, ce serait égoïste de l'être !

— Tu pourrais te sentir seul, beaucoup ce sont sentis seuls pendant leur règne après tout.

— J'imagine...

— Mais tu vois, maintenant il n'y a plus de règne. La Chine s'en sort plus ou moins malgré son nombre gigantesque d'habitants et d'autres petits problèmes, mais c'est normal. Je pense que tu as été un bon roi, Minghao.

Minghao hausse les épaules. Je ne sais pas pourquoi, je me sens mal, très mal pour lui. Je n'arrive jamais à reconnaître les menteurs. Mais cette fois-ci, c'est différent, ça se sent qu'il est embêté, et bizarrement, je le crois. Je ne sais pas comment ça se fait qu'il se retrouve ici, c'est quelque chose de fou, autant que je le suis. Je suis peut-être naïf même ! Mais je le crois. Tapez-moi.