Chapitre VIII

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      « J'avoue que sacrifier Freyja me réjouirais. Mais j'ai trop besoin de son pouvoir pour me passer d'elle. (Hela continue de discourir avec Soria tandis que nous sommes à genoux par terre, ses frères et moi). Je vais devoir me passer d'un de mes frères! (Elle soupire faussement, et se tourne vers nous).
   Thor et Loki se jettent un regard inquiet. La déesse se place devant ce dernier:
— A quoi me servirait le sang de mon frère adoptif? (Elle sourit ironiquement, et se tourne vers Thor). Je crois avoir fait mon choix. (Puis se tournant vers Soria:) Tout est réglé Soria, fait venir ton armée.
   Ma mère lance un regard triste vers le dieu du tonnerre qui s'est levé courageusement. Loki et moi l'avons accompagné dans son mouvement. Thor s'approche de Soria, le visage dur où aucune émotion n'est perceptible. Hela croise les bras, assistant avec satisfaction aux derniers instants de son frère. La Valkyrie serre gentiment la main de Thor. Je me sens impuissante face à la déesse de la mort.
— Hela, (Soria lui fait signe d'avancer), une dague.
   Hela fait apparaître un poignard fin et aiguisé dont le manche est sculpté d'arabesques.
— Frappe le au coeur quand je te fais signe.
   La déesse de la mort brandis sa dague, prête à l'enfoncer dans le torse de son propre frère. Mes doigts se crispent autour de l'avant bras de Loki. Je lève mes yeux vers lui, pour chercher du réconfort mais ses prunelles vertes n'expriment que l'angoisse et la tristesse devant le spectacle qui s'offre à nous.
Les lèvres de Soria bougent de plus en plus vite. Dans le feu de l'action, j'arrive à percevoir le coup d'œil échangé entre Loki et ma mère. Un regard triste et courageux. La Valkyrie fait un geste vif à l'intention d'Hela qui, sans se faire prier, se prépare à frapper.
L'instant qui suit est rapide et floue. Loki s'est précipité entre son frère et Hela, et la lame a pénétré sa chaire. Thor s'est mis à hurler de toute ses forces, il a accompagné Loki tombant au sol. Je tombe à genoux dans un flot intarissable de larmes. Hela recule et d'un geste de la main fait voler Loki dans les airs. Son corps tombe dans l'abîme, je me redresse et cours vers le précipice. Loki est a terre, sans mouvement. Ce n'est plus qu'un cadavre.
Je passe mes mains dans les cheveux, ma respiration est saccadée, j'ai mal, atrocement mal au plus profond de mes entrailles. Comme si la lame de cette dague maudite avait traversée mon corps, ma chaire, mon coeur. Je voudrais hurler mais aucun son ne parvient à mes lèvres. Je suis comme attirée par le vide, et l'envie de chuter dans l'abime me tiraille. Je me relève prête à succomber à ce désir de le rejoindre, mais le bruit d'une lame pénétrant dans la chair me fais revenir à la réalité. Mes yeux se posent sur Hela faisant jouer un autre poignard dans ses mains. Thor est à genoux, déjà gravement blessé par la déesse. Rien n'importe en ce moment que de venger la mort de Loki. Je jette un regard vers le ciel et me sens envelopper d'un feu brûlant et rassurant. Haute dans les airs je me place face à Hela qui tourne ses prunelles noirs vers moi.
— Hela. (Je n'ai jamais ressenti autant de puissance qu'à ce moment). Tu vas payer pour la mort de Loki.
— Dois-je avoir peur de toi? (Elle lève ses sourcils avant de faire claquer sa langue dans sa bouche et de continuer). Tu dois sûrement savoir que je ne peux mourir que des mains d'une Valkyrie, comme l'a écrit Odin. Elles sont ma seule menace. Toi tu ne peux rien.
Je penche légèrement la tête sur le côté, sachant pertinemment qu'Hela me considère en ce moment comme la plus stupide des femmes.
— Certes je ne peux rien, mais elle, elle peut.
Avant qu'elle ne comprenne le sens de mes paroles, je lance vers elle une épée qui se plante dans son côté. Au même instant les Avengers sont libérés. Hela met un genoux à terre et retire lentement la lame pleine de sang. Soria retire son sabre de son dos, et s'avançant vers Hela, la regarde un instant:
— Je ne comprend pas cette soif de souffrance et de mort.
— Il n'y a rien à comprendre... (elle respire difficilement et se relève en trébuchant)... je suis la déesse de la mort.
— Tu aurais dû écouté Odin, Hela.
— Plutôt mourir.
Faisant rouler le manche dans sa main, Soria enfonce l'épée au même endroit. La sorcière hurle de douleur. Elle recule de plusieurs pas, se heurte à Steve Rogers, et tombe à terre. D'un geste lent, elle enroule ses doigts autour du sabre et le retire. La lame recouverte de sang écarlate vient glisser sur la terre pour se retrouver aux pieds de Soria.
— Tu aurais dû visé le coeur Soria. (A travers les cheveux noirs de la déesse seule la moitié de son sourire est perceptible).
— Ne t'en fais pas Hela je ne rate jamais mes coups. Seulement je ne veux pas que tu meurs. Je veux que tu me remplaces.
Comprenant le stratagème de ma mère, je la rejoins au sol. Je m'approche de Hela et ouvre le collier. Soria récite je ne sais quelle formule. Le visage de la déesse de la mort devient pâle, elle essaye de se lever mais la douleur infligée par la lame de la Valkyrie la affaiblie. Ses lèvres s'ouvrent pour laisser passer un crie, mais la lumière de la Pierre de l'Ame l'enveloppe et disparaît aussitôt.
Je regarde autour de moi, plus aucune trace d'Hela si ce n'est des taches de sang et la marque de ses genoux dans la terre. Les quelques Avengers accourent pour aider Thor à se relever. Il se dresse avec peine mais réussi à nous atteindre. Une plaie énorme lui recouvre le dos. J'ordonne à Steve et Romanof de l'emmener.
Bientôt, le champ de bataille est vide, seul les cadavres des soldats, Clint Barton occupé à chercher des survivants. Soria prend mon menton entre son index et son pouce et me relève le visage:
« Tu es aussi belle que dans mes souvenirs.
J'ai l'impression de plonger dans l'océan car le bleu de ses yeux me rappelle l'azur de la mer. Je la serre contre moi, aussi longtemps que je peux, respirant l'odeur maternelle de ce parfum si doux.
Des souvenirs par milliers m'assiègent alors que l'arôme pénètre dans mes narines. Des images de mon enfance me ramenant à ce jour où Balder m'a offert le flacon à la fleur blanche. Je laisse mes larmes couler sur ses épaules recouvertes d'une armure. Une main dans mon dos, l'autre dans mes cheveux, ma mère ne cesse de me dire qu'elle m'aime.
Je lève la tête vers elle. Ses joues sont légèrement rougis par les quelques larmes qu'elle a versé. Mon regard est attiré par Clint, penché au dessus du vide.
« Freyja? (Il me fait signe de le rejoindre).
Je m'approche de l'abime, me préparant à revoir le corps inerte de Loki. Clint comprend mon trouble et me demande si je veux qu'il s'en occupe. Je secoue négativement la tête et saute dans les airs pour atterrir sur le sol près de mon bien aimé. Son visage semble reposé dans la mort. La dague est toujours planté dans ses côtes. Je me mords la lèvre sentant mes pleures revenir. M'obligeant à reprendre courage, j'arrache le poignard de son corps et le jette au loin. Mes doigts glissent sur sa chemise pour venir se poser sur la blessure ensanglantée. Mes mains sont couvertes de son sang, mais que m'importe? Ce sang est pour moi sacré. Il n'afflue plus dans les artères, ni dans les veines, il coule sans but pour stagner à jamais. Je ne me contient plus et explose. Mes larmes tombent sur son torse, je baisse la tête et colle mon front dans son cou où son odeur est toujours présente, comme un dernier souvenir de l'homme qu'il était. Ses traits parfaits n'expriment plus aucune angoisse, mais le calme du repos éternel.

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