Chapitre IV

1K 101 8
                                    

Nous sommes passés de monde en monde, anéantissant les opposants, enrôlants les autres dans l'armée d'Hela. J'ai combattu aux côtés de la déesse de la mort sans me poser de question, suivant mon instinct destructeur, mon envie irrésistible de détruire tout ce qui se trouve sur mon chemin. Et je n'arrête pas de me battre.
La race des elfes noirs est décimée. Les géants de Jötunheim, les nains de Nidavellir, les Vanes de Vanaheim se sont courbés sous la pouvoir de la déesse de la mort, héritière légitime du trône d'Asgard. Notre prochaine destination étant Midgard, la terre des hommes ne tardera pas à s'incliner devant elle.
Les appartements où je demeure sont assez vastes: un petit hall, un salon et une chambre à coucher. Je n'y suis se très rarement pour me reposer. La nuit est tombée déjà depuis longtemps quand je m'allonge enfin sur mon lit pour m'endormir. Les portes donnant sur le balcon sont ouvertes laissant la fraîcheur du soir envahir la pièce. Je me suis entraînée toute la journée, j'ai chaud, et je suis exténuée. Plusieurs coups sont frappés à la porte, je ne suis d'humeur à recevoir personne. Je ne répond rien mais les coups reprennent. Je lache un « entrez » grave. Balder apparaît, en costume de guerrier, le voyant assise sur ma couche, il colle son dos au mur en face de mon lit.
Depuis quelques mois maintenant Balder et moi avons commencé une relation où seul le physique m'est agréable. Cependant je ne me suis encore jamais donnée totalement à lui. Une dernière réticence m'en empêche.
« Fatiguée Freyja?
— C'est exact, C'est pourquoi je voudrais bien que vous quittiez mes appartements pour que je puisse aller me coucher.
Je me lève et me dirige vers la salle de bain tout en détachant ma chevelure blonde. Je défait mon uniforme de combat, me retrouvant en petite tenue. Balder apparaît dans l'encadrement de la porte.
— Je pensais passer la nuit avec vous...
— Pas ce soir Balder.
Il s'approche, faisant glisser ses main le long de mes hanches, il me colle à son torse. Dos à lui, je lui donne un petit coup dans le ventre pour me défaire de son étreinte. Ses lèvres touchent mon épaule pour remonter vers mon cou.
— Seulement quelques baisers... (ses paroles fondent à mes oreilles, il redouble de caresses).
Je sens déjà la colère augmenter mais tente de me calmer et décide de jouer le jeu. Je me tourne pour me trouver face à lui, et plaçant mes bras autour de son cou, lui offre ma bouche pour quelques baisers passionnés. Il s'abandonne totalement à notre étreinte et me soulevant m'assoit sur le meuble en face du miroir. Ses mains s'engouffrent sous ma robe et viennent enlever le tissu. Je sens qu'il veut que nous allions plus loin ce soir, mais mon humeur ainsi que ma réticence à un échange plus intense me fais reculer immédiatement. Il tente de goûter à mes lèvres une nouvelle fois mais je le repousse par une onde d'énergie. Je saute du meuble, raccrochant ma robe et sors de la salle d'eau. Il me suit tout penaud.
— Bonne nuit Balder, tâchez de prendre du repos, demain nous avons une grande journée.
Il avance vers moi d'un pas hésitant et dépose un baiser sur mes lèvres avant de répondre:
— Je voudrais rester près de vous Freyja... je crois que je devient dépendant de vous.
— Inutile de vous acharner, je suis trop fatiguée pour accepter que vous restiez cette nuit.
— A vos ordres ma douce. (Il s'incline ironiquement et quittez la pièce). »
Je lève les yeux au ciel et me rend sur le balcon pour sentir la fraîcheur sur ma peau brûlante. Alors que mes yeux détaillent la lune, j'ai la vague impression d'avoir déjà assisté à ce spectacle avec quelqu'un. Baissant les yeux sur mes mains, je ne retiens pas un coup d'il sur mon poignet. Rien que ma peau, cette peau refermant l'univers de mes veines, de mon coeur, de ma vie intérieure. Le trou s'étant formé face à cet homme prisonnier s'ouvre plus largement encore. Ses paroles, bien que dites il y a plusieurs mois, restent gravées dans ma mémoire. La déesse de l'Amour? Comment la déesse de la Guerre pourrait-elle être celle de l'Amour? Tuer et Aimer? Non ces deux mots sont bien trop éloignés l'un de l'autre. Et je ne ressens en moi que ce désir de tuer. Je ne ressens rien envers Balder, sa beauté m'attire, ses talents aussi mais son âme, elle bien trop souillée pour être aimable.
Un frisson d'horreur me parcourt le dos. Et si je n'étais pas aimable moi? Et si mon âme, trop enivrée par l'envie de supprimer des vies, ne serait-elle pas souillée? Pourtant cela me semble normal... mais cet homme a raison et ses yeux verts me le font comprendre si bien: je sens que quelque chose ne va pas.
Est-ce moi?

New Soul Where stories live. Discover now