Chapitre VII

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   Assise dans un coin de la chambre, je ramène mes jambes sur ma poitrine essayant de contenir mes tremblements. Je n'ose plus m'approcher de mon lit de peur de refaire incessamment ce même cauchemar. Je sens les larmes rouler sur mes joues alors que je tente toujours de me ressaisir. Mais ma frayeur et mon mal être sont pire que jamais.
   La lune éclair faiblement la chambre d'un rayon de lumière au travers de la pièce. Seul mon lit défait est visible dans les ténèbres de la nuit.
   Je sens une chaleur m'enserrer les poumons et m'étouffer, des sueurs froides coulent le long de ma colonne vertébrale et j'ai l'impression de devenir folle tant les émotions que je ressens sont violentes. L'image de Loki passe sans arrêt dans mon esprit, je frissonne à chaque nouvelles pensées. Mais il n'y a pas que cette souffrance qui me tiraille. Le Brisingamen que j'ai toujours autour du cou me brûle la peau mais je ne le retire pas. C'est comme si je ne pouvais plus contrôler le pouvoir qu'il renferme. La panique me serre les entrailles, j'étouffe, je voudrais hurler mais je n'arrive à rien. Si seulement Loki n'était jamais revenu, peut être mon mal aurait été mon intense.
   Je vois le manche de la dague, que j'avais utilisé pour défier Balder, briller dans l'éclairage de la lune. Ma main agrippant le collier tombe sur ma cuisse, la marque de la brûlure est profonde et a entaillé ma peau si bien que le sans coule le long de mon bras pour goutter sur le parquet. Je me redresse violemment et me jette sur le poignard. J'attrape la lame à deux mains, ne faisant pas attention à la blessure qui me brûle.
   Mes yeux se posent sur la lune qui illumine la seule partie de la chambre où je me trouve. Je souris en la regardant sachant que mon geste suivant me séparerait à jamais de cette beauté. Je brandis la dague au dessus de ma poitrine et m'apprête à l'enfoncer en moi pour m'enfuir à jamais de ce monde atroce. Ce monde qui n'a été pour moi que souffrance et tristesse. Au moment où la lame déjà saignante touche mon buste, elle est soudainement déviée et tombe sur le sol, ne me faisant qu'un légère égratignure. Deux bras viennent coller mes mains sur ma poitrine alors que je tente de me débattre. Par un coup de coude dans les côtés de l'individu qui me tient fermement j'arrive à attraper le couteau et le brandis face à l'inconnu. Celui-ci est caché dans l'ombre, à la frontière entre les ténèbres et la lumière blanche du clair de lune.
« Qui êtes-vous? (Je m'approche lentement, la dague fermement en main, et le sang toujours dégoulinant sur ma nuisette blanche).
   Le poignard est éjecté de mes doigts et vient tomber au sol quelques mètres plus loin.
— Quelles pensées horribles vous traverse l'esprit pour que vous ayez envie de quitter cette vie?
   La voix douce et vibrante d'émotion me fait frissonner dans la pénombre. Je fais un pas en avant, tendant les mains pour toucher celui dont je suis sure être Loki. Mes doigts viennent butter contre un torse vigoureux où seule une légère chemise recouvre la peau. Mes ongles caressent la musculature avant de venir s'abriter dans le cou de Loki. Comme à chaque contact, ses muscles se raidissent et les battements de son cœur se font plus rapide. Dans l'obscurité, j'arrive à me hisser vers ses lèvres, mais il ne répond pas à ma demande et me fait reculer à la lumière de la lune. Ses yeux verts se posent sur ma brûlure et sur mon avant bras ensanglanté. Il m'entraîne vers la salle de bain où il fait apparaître trois flammes sur les bougeoirs accroché au mur. Là, il passe mon bras sous l'eau froide sans rien dire, les sourcils froncés. Je ne le quitte pas des yeux, détaillant son visage parfait, la descente vers son cou où la pomme d'Adam ne cesse de remuer par nervosité, puis vers le début de ses pectoraux pour enfin revenir à ses prunelles émeraudes.
    Je ne ressens plus rien, si ce n'est le calme et la sérénité. Il sèche ma peau avec une serviette puis me regarde sans comprendre. Voyant que je ne réagis pas, il s'éloigne vers la chambre où je le suis aussitôt. Il s'apprête à sortir, je l'arrête en disant:
— Loki je t'en prie... reste. (Je sens déjà revenir le trouble et le chagrin).
— Ne dis pas à Thor que tu m'as vu ici.
— Si tu pars je...
   Il s'approche brusquement de moi, ne laissant que quelques centimètres entre nos deux visages.
— Je crois que tu oublies qui je suis. (Il me regarde essayant de donner à son visage une expression méchante).
— Je sais qui tu es...
— Alors qui suis-je Freyja?
   Devant mon mutisme il se met à sourire au coin, et secouant la tête:
— Je resterais à jamais le Dieu qui a attaqué New York. Tout le monde l'a compris, sauf toi.
   Il recule d'un pas laissant son ancienne expression machiavélique recouvrir son visage. Je m'approche aussi rapidement pour ne laisser aucune distance entre nous.
— Tu es plus que cela.
  Je passe mes bras autour de sa taille et colle ma joue sur son torse où les battements de son cœur déchirent sa poitrine. Je souris intérieurement et laisse pendant quelque temps tout mon amour pénétrer sa chair frissonnante. Il se crispe, tremble et attrape mes bras pour m'éloigner de lui.
— N'utilise pas ta magie sur moi.
— Je te montre seulement qui je suis.
   Je souris en voyant son regard dubitatif.
— Freyja réfléchis... (il recouvre son air triste et angoissé d'avant).
— Non toi Loki réfléchis. Réfléchis à tout ces mois où j'ai enduré la pire des tortures en te croyant mort. Réfléchis à l'abandon où tu nous a laissé ton frère et moi. Réfléchis à tout ce que tu as détruit pendant ton absence. (Quelques gouttes salées viennent tomber sur le sol alors que je sens la colère m'envahir).
— Et tout cela ne te fais pas comprendre que je ne suis fait que pour la souffrance et pour la mort? (Il me regarde de toute sa hauteur, les poings serrés et le visage plus crispé que jamais).
— Tu pourrais être plus que cela si tu en avais la volonté.
— Là est la question: ai-je assez de volonté?
   Il se tourne vers le balcon et jette un regard sur le paysage endormi. Je sens que ma colère prend plus d'ampleur face à son fatalisme.
— Arrête de faire comme si tu n'étais rien! (Je me mords la lèvre me préparant à faire face à sa réplique).
— Frigga est morte. À présent je peux dire que je ne suis rien.
— Penses-tu sincèrement que Frigga soit la seule qui t'ai aimé?
   Il se tourne lentement vers moi et, regardant le ciel étoilé au dessus de lui, lache un profond soupir.
— La seule qui m'ait témoigner un amour maternelle véritable.
— Et le reste?
— Le reste n'est que mensonge.
   Je ne répond pas à cela, sentant que cette réponse m'est directement destiné. Après un instant j'ose demander:
— Penses-tu que la déesse de l'Amour peut mentir sur ses sentiments?
— Je pense que tout être à des ténèbres dans son cœur... (il pose ses prunelles sur moi)... même toi Freyja.
— Alors... dois-je comprendre que tes baisers ne sont que mensonges et manipulation?
   Il se raidit soudainement et s'approchant de moi laisse ses doigts glisser le long de ma joue, pour suivre ensuite l'arrête de ma mâchoire. Son index glisse sur ma lèvre inférieur, sa main agrippe mon menton.
— Justement non, et c'est ça qui me fait peur.
   Il se penche en hésitant quelque peu, je ferme les yeux voulant goûter à ce moment. Je sens ses lèvres effleurer ma joue, puis se poser longuement sur les miennes. Lorsque j'ouvre les yeux, Loki me regarde tristement.
— Ce sentiment t'effraie? (Je cligne des yeux désirant mieux voir sa réaction).
    Il se redresse cachant son émotion ainsi que son envie de goûter une nouvelle fois à mes lèvres.
— Je ne suis moi même pas sûr d'avoir ce sentiment. (Il me lance un regard perdu avant de sourire et de secouer la tête). Le dieu de la Malice ne peut se permettre cela.
   Je lui lance un regard exaspéré.
— Cet éternel changement de comportement indique bien ce que tu ne veux pas t'avouer.
   Le corps du dieu se contracte, j'entends sa respiration forte et son cœur rapide.
— Mais si tu n'étais pas venu sur Asgard je serais resté le même! (Ses yeux me lancent des éclairs).
   Je vois bien qu'au fond de lui il est déchiré entre la volonté de céder à cet amour mais son orgueil le raccroche toujours à sa nature destructrice.
— Parce que je t'ai changé? (Je feins la surprise en m'approchant de lui).
— J'étais heureux sans toi. (Il fronce les sourcils. Son regard de dédain refait surface et me fais frissonner d'horreur).
— Tu étais perdu...
— Assez ! (Il recule de quelques pas, et s'avance vers la sortie).
— Dois-je comprendre que tu repars? (Je sens mes poings se contracter alors que lui s'arrête quelques instants).
— Je vais prévenir mon frère de mon retour. »
    À ces mots il disparaît de l'autre côté de la porte. Une joie immense inonde mon coeur, je m'allonge sur le lit en pensant que cette souffrance infinie est enfin terminée. Serait-il possible que Loki se soit rendu compte de son amour pour moi?

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