Chapitre IV

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      Les jours passent sans que je ne me décide à rien faire. J'attends. Comme si il réapparaîtrait devant moi à l'instant où je m'y attendrais le moins. Mais bientôt deux mois ce sont écoulés, et je n'ai toujours aucunes nouvelles. Balder, lui, m'envoie de temps en temps des lettres qui m'arrivent par l'un de ses soldats, et le matin à l'aurore,  j'attends dans l'encadrement de la porte ce mot qui je sais, me fera du bien.
   Comme chaque matin je me lève avec le poids qui me pèse depuis qu'il est parti. J'ouvre la porte de la maison en rabattant les voiles de ma robe de chambre. Un léger vent vient s'engouffrer sous ma jupe, je frisonne et m'assoie sur le banc de pierre. Ce jour là, je sais qu'une lettre de Balder va arriver. Le soleil commence sa montée vers le ciel déjà orangés et quelques rayons viennent caresser ma peau.
   Des bruits de sabots frappent la terre et un hennissement me fais me redresser. Lorsque je me retourne, j'aperçois Balder dans son uniforme officiel, s'arrêter devant le muret de la propriété. Je marche vers lui, assez étonnée de cette irruption. Il descend de cheval, tenant toujours la bride, et s'avance vers moi le visage grave. Le pire scénario passe dans ma tête alors que je pose une main sur le muret pour me trouver face à lui. Ses lèvres se tendent en un sourire triste, il s'incline légèrement puis replonge dans mon regard.
« Freyja...
— Je m'attendais à voir votre messager. (J'essaye de sourire cachant ma nervosité)
— Je devais venir jusqu'à vous aujourd'hui.
— Je vous en prie Balder. Allez au but.
  Je ferme les yeux m'imaginant déjà la nouvelle du décès de Loki.
— Odin est mort.
  J'ai honte de ressentir du soulagement devant une mort si tragique.
— Thor sera couronné d'ici la fin de la semaine. Après le deuil. (Balder baisse ses yeux mouillés de larmes sur ma main tenant fermement la pierre).
— Je suis navrée Balder. Je sais que vous aimiez beaucoup votre roi.
  Je pose ma main sur son avant bras pour lui montrer ma compassion.
— Freyja... revenez au palais.
  Il relève ses prunelles sur mon visage. Un rayon de soleil ajoute de la brillance à son regard. Il prend ma main dans la sienne, et la porte à ses lèvres pour l'embrasser.
— Vous me manquez cruellement.
  Je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au coeur face à sa tristesse.
— Je vais venir pour les funérailles et le couronnement, puis je partirais.
    Le soleil nous enveloppe dans une chaleur apaisante. Je me sens bien. Balder s'approche d'un pas laissant tomber le bride de son cheval. Ses mains viennent remonter le long de mes bras pour se poser dans mon cou. Ses yeux ne quittent pas les miens. Il hésite quelques instants, puis se penche et dépose ses lèvres sur ma bouche tiède. Ses doigts viennent glisser sur mes hanches, pour me serrer contre lui tandis que j'entoure son cou de mes bras.
   Il décolle ses lèvres des miennes, et pose son front contre le miens. Je le vois sourire, sûrement attendait-il cela depuis un moment.
— Je vous attends. »
  Je souris à mon tour et me dégage lentement de lui pour m'engouffrer dans la maison. J'enfile rapidement une robe et embrasse Avilda en lui laissant un mot pour m'excuser. Je rejoins Balder qui m'aide à monter sur son cheval, il file ensuite vers le palais. Pendant cette course je repense à Loki et ne retiens pas mes larmes. Ce baiser aurait du être pour lui.

***

     Arrivée au palais je me précipite dans mes appartements pour changer de tenue et venir m'annoncer à Thor. Celui-ci est sur le balcon de la salle du trône, la tête baissée. Je m'approche lentement et viens me placer à côté de lui sans mot dire.
« Je vous remercie d'être venue Freyja.
— Je ne vous aurait jamais laissé seul dans cette épreuve.
  Le dieu balade ses yeux sur la ville.
— J'ai perdu une mère, un frère et un père.
  Un poignard me transperce le coeur alors que Thor parle de Loki. Est-il mort?
— Je vous comprends. (Je contiens un cri de douleur et tente de passer outre)
— Me voilà bientôt roi d'Asgard, sans même savoir ce qu'est un roi.
— Vous assumerez parfaitement votre tâche, j'en suis sure.
  Le dieu se tourne vers moi, voyant mon visage crispé il fronce les sourcils:
— Loki a disparu Freyja, vous vous faites du mal en espérant le revoir un jour.
— (Je baisse les yeux essayant de reprendre contenance). J'ai déjà accepté sa disparition.
— Je l'espère pour vous. (Il marque une pause). Merci de votre présence. »
   Je n'ajoute rien et me contante de lui sourire. Sans rien dire il me prend dans ses bras. Cette étreinte toute fraternelle recoud quelques files usagés de mon coeur. C'est comme si un frère m'était donné. Il recule doucement, puis s'éloigne.
   Les funérailles ont lieux demain, et le couronnement dans deux jours. Ma seule préoccupation est de rendre à Thor sa joie de vivre même si la mienne s'est envolée avec Loki.

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