Chapitre V

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      Balder et moi traversons les rues de la ville, obligeant les Asgardiens à prêter allégeance à la nouvelle reine. Ils se courbent sous la peur, et mettants un genoux à terre, prononcent les paroles ne leur permettant plus de se lever contre la déesse. D'autres décident de résister, ils sont donc tout de suite jetés en prison. Lorsque des portes restent fermes à notre approche, je pénètre de force dans la demeure et colle chaque habitants des lieux contre le mur pour pouvoir à loisir torturer leur résistance. L'angoisse de mourir les font tout de suite se soumettre. Quelques uns pensants être plus fort que moi osent me défier pour défendre leur foyer. D'un geste de la main ils volent dans les aires et retombent sur le sol dans un gémissement de défaite.
Nous arrivons au bout des terres, une dernière petite chaumière s'élève dans des cris d'enfants. Je saute de mon cheval suivie de Balder. Je passe le petit muret en pierre et empreinte le chemin terreux qui mène à la porte principale. Une petite fille est assise sur un banc et contemple les derniers rayons du soleil, à côté d'elle un petit garçon ne cesse de lui poser des questions de toutes sortes. Un sentiment que je n'avais pas ressenti avant réchauffe mes membres fatigués, le trou dans ma poitrine se ferme légèrement. Je me prend à sourire face à ce beau spectacle.
Je m'approche donc de ces deux enfants et me penchant près d'eux leur demande s'ils pourraient m'accompagner jusqu'à leur parents. La petite fille me dévisage un instant, puis sautant sur ses pieds enroule ses bras autour de ma taille en cirant:
« Freyja! Tu es revenue! Tu es revenue!
A son tour, le visage de son frère s'illumine et il me serre contre lui. Cet élan d'allégresse me surprend, et j'avoue ne pas comprendre le motif de leur joie. Je les écarte assez brusquement voulant garder la supériorité de ma position.
— Vos parents s'il vous plaît.
— Maman a fait quelque chose de mal? (Elle me regarde d'un air triste, sentant par cet instinct propre aux enfants que quelque chose ne va pas).
— Pas pour le moment.
Au même instant une femme brune, assez jolie malgré la fatigue de ses traits, apparaît de derrière la maison. Elle s'approche, effrayée par le guerrier qui se tient à mes côtés, mais croisant mon regard elle se sent soudainement apaisée.
— Freyja! Quelle joie de vous revoir! (Elle s'arrête devant moi attendant sans doute que je sois aussi joyeuse qu'elle).
— Je ne vois pas ce que vous voulez dire par « Vous revoir » mais peu importe. Je suis ici sous ordres de Sa Majesté.
Le visage de la femme s'est assombri aussitôt.
— Vous devez lui prêter allégeance.
— Prêter allégeance à cette sorcière? (Ses yeux sont devenus noirs de haine. Elle se place près de ses enfants les collants contre elle).
— Votre réaction ne vous portera que des ennuis... à vous et à vos...
Je baisse les yeux sur les deux enfants agrippés à leur mère. Dans leur regards, je perçois de la peur. Est-ce moi qui les effraie de la sorte? Je relève mes prunelles bleus sur la femme brune sans pour autant finir ma phrase.
— Oseriez vous, Freyja, nous faire du mal après vous avoir offert l'hospitalité... et notre amitié pendant vos heures sombres?
— Je ne comprends...
— Si vous comprenez. Je ne sais pas ce que vous a fait cette sorcière mais...
— Assez! (Balder tire son sabre de son étui et menace la famille). Prêtez allégeance où vous y passerez.
Les doigts de la mère se crispent sur les épaules tremblantes de ses enfants. Pendant quelques secondes je ne perçois plus rien, si ce n'est la chaleur du soleil. Mon regard se porte tour à tour sur Balder, l'épée à la main, hurlant je ne sais quoi... puis sur la mère voulant protéger le fruit de ses entrailles, et enfin sur ces enfants terrifiés.
Je fais soudain dévier la lame du guerrier, elle tombe à mes pieds.
— Balder, veuillez m'attendre près des chevaux je vous prie.
— Je vous demande pardon Freyja mais...
— Ne discutez pas mes ordres. (Je le fusille du regard).
Lançant un dernier regard lourd sur les trois personnes blotties les unes contre les autres, il s'en va en maugréant. Je m'approche de la famille toujours aussi effrayée.
— Freyja... je vous en prie...ne nous obliger pas à cela... (La femme desserre son emprise).
Je plante mes yeux dans les siens, essayant d'y desceller une trahison, un mensonge quelconque. Mais tout ce que je perçois c'est une mère craignant pour la vie de ses enfants. J'ai l'étrange sensation de comprendre son sentiment, de comprendre l'amour infini qu'elle porte à ces deux petits être.
— Je dirais à la reine que mon devoir est accomplie.
Le visage de la dame brune s'éclaircit, elle me remercie grandement. Je me détourne mais suis arrêtée par une petite main agrippant ma robe.
— Tu vas revenir Freyja? (Les doigts du petit garçon serre le tissu, ses yeux expriment de la déception).
Je m'accroupis face à lui et le prend dans mes bras. Des larmes me montent aux yeux. Je ne comprend pas pourquoi. Toute les familles dans lesquelles je suis passée avant, aucun des enfants ne m'avaient touché. Ici, j'ai l'impression de quitter ma famille.
La petite fille s'ajoute à notre étreinte. En me relevant je jette une regard à la femme et lui demande:
— Quel est votre nom?
— Avilda. »
J'acquiesce, et caressant du bout des doigts les joues rouges des deux petits garnements, je m'en retourne au palais sans faire attention à Balder.
Lorsque nous sautons à terre après avoir chevaucher dans les rues d'Asgard. Balder m'arrête brusquement voulant une explication.
« [...] Vous menaciez cette famille, ils étaient effrayés.
— Parce que le nombre de familles que vous avez menacer avant ne signifie rien?
J'avoue ne pas savoir quoi répondre. Ce que j'ai ressenti face à ces enfants et à cette Avilda est vraiment étrange.
— J'ai cru de mon devoir de vous arrêtez cette fois, nous sommes allés trop loin.
— Ne mentez pas.
— Je n'ai pas de compte à vous rendre Balder.
— A moi non, mais Hela ne permettra aucuns sentiments. »
Il secoue la tête avant de partir vers la cour où les soldats sont sûrement en plein entraînement.
J'ai comme peur soudainement. Peur de la déesse de la mort. Celle qui m'a élevé à ce niveau de guerrière. Celle qui m'a montré ce que renfermait mon pouvoir. Mais à présent, j'ai comme une certaine méfiance à son égard.
Tandis que je me rends à mes appartements, le nom d'Avilda ne cesse de tourner dans ma tête. Le visage angélique de ces deux enfants, l'environnement autour d'eux. Tout est sans cesse bousculé comme si mon esprit savait quelque chose qu'il veut faire remonter à la surface.
J'entre dans ma chambre, lance mon sabre sur le lit et fais les cent pas. Demain nous partons pour Midgard afin qu'Hela puisse posséder cette planète, sa population, sa vie. Pourquoi ne suis-je pas aussi heureuse que lorsque nous allions sur Jötunheim? Pourquoi ai-je peur de ce que je peux faire?

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