CHAPITRE 72

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Lukas se réveilla en sursaut, en frissonnant sous le choc thermique. Des cris s'élevèrent dans tout le dortoir, tandis que les filles riaient bruyamment, armées de sceaux et de bouteilles remplis d'eau. Les garçons n'eurent pas le temps de réagir, les démones s'enfuirent sitôt leur méfait accompli.

— Elles vont nous le payer ! grogna Nathanaël en passant une main dans ses cheveux bleues.

Lukas jeta un coup d'œil à ses côtés, où Ash repoussait ses mèches blondes en arrière, l'air hagard. Le pauvre avait pris bien plus cher que lui. Ses cheveux, son visage et son torse étaient trempés.

— Ça, c'est parce que tu as jeté Pénélope dans le lac, l'accusa Ash.

— Tu parles, elles avaient besoin d'une excuse, c'est tout.

Les garçons s'activèrent pour se préparer, motivés par un désir de revanche. Ils décidèrent d'un commun accord de faire comme si de rien n'était, et d'ignorer les remarques moqueuses. La vengeance était un plat qui se mangeait froid, et les filles ne seraient pas déçues. Ils sortirent les matelas et couvertures sur la terrasse de leur chalet pour les faire sécher au soleil, et prirent la direction du réfectoire. Ils n'avaient qu'une demi-heure devant eux pour déjeuner, avant le réveil des enfants.

Ils s'installèrent à leur table habituelle, sous les sourires mesquins des filles, qui s'étaient préparées aux remontrances. Pourtant, rien ne vint. Aksel et Dylan s'installèrent à côté de leur petite-amie et les embrassèrent pour les saluer. Lukas s'assit près de sa sœur et se servit une tasse d'eau chaude pour y faire infuser un sachet de thé. Face à lui, Ash déplaça son pied pour frôler son mollet, un petit sourire aux lèvres. Le brun leva les yeux vers lui, amusé et le cœur battant. Il aimait le voir malicieux.

Une petite lumière bleue clignota sur son téléphone, attirant son regard. Il le déverrouilla et consulta son mail. Son portable lui échappa presque aussitôt des mains sous le choc. Les autres levèrent les yeux vers lui, interrogatifs. Lukas ne les remarqua même pas. Il récupéra l'appareil, le cœur battant, et sortit précipitamment de table pour prendre l'air. Il s'appuya contre le mur du bâtiment, pris de vertige, et reprit sa lecture en fronça les sourcils sous la concentration, pour déchiffrer le Russe.

De : Viktoriya Maslo.

À : Lukas Winchester.

Cher Lukas,

J'ai été très surprise en découvrant ton bouquet de fleur. J'ai beaucoup de mal à y croire, et je t'avoue que j'ai cru à une blague. J'ai essayé de retrouver ta trace durant de nombreuses années, mais c'était comme si tu avais disparu. Je n'étais même pas sûre que tu sois toujours en vie.

Te souviens-tu de moi ? J'étais une amie d'enfance de ta mère, je t'ai vu grandir. Je suis heureuse de savoir que tu as trouvé une bonne famille -pardonne-moi, je me suis renseignée dès que j'ai eu ton petit mot-, mais que tu n'as pas oublié tes origines. Si tu reviens en Russie, j'aimerais te rencontrer. Mais sois plus discret, ne parle à personne de ton vrai nom de famille, ton oncle ne doit pas être en courant.

Je ne sais pas trop quoi te dire, mais sache que si tu as des questions, je suis prête à y répondre. Parle-moi de toi et de ta famille, de tes études ou de ton travail, de ta vie.

Je te joins une photographie, prise lors d'un week-end entre amis qu'on avait fait avec tes parents. À côté de moi, c'est mon mari Sergei. Et dans mes bras, notre fils Roman. Il avait tout juste deux ans à l'époque, et toi sept.

Avec toute mon affection,

Viktoriya Maslo.

Lukas ouvrit la photo, le cœur battant. Le visage souriant de ses parents lui faisait face. Un rayon de soleil faisait briller les cheveux dorés de son père, beaucoup plus clairs que dans son souvenir. Ses yeux bleu ciel étaient rieurs, ses traits épanouis. Ses grandes mains étaient posées sur les épaules d'un petit garçon brun aux yeux sombres, qui souriait timidement. À leur côté, une femme élancée offrait un sourire éblouissant au photographe. Ses longs cheveux noirs lui arrivaient presque aux hanches. Son regard d'encre avait quelque chose de chaleureux et d'aimant. La ressemblance avec son fils était troublante.

Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant