CHAPITRE 23

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Média : Ethan Callum.

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FLASH BACK

(Novembre - Afghanistan)

La nuit était fraîche, et le ciel hivernal complètement dégagé. La pleine lune brillait haut dans le ciel, côtoyant les milliers d'étoiles. C'était le genre de nuit que Lukas aimait. Le froid était mordant, mais sec. S'il avait pu, il se serait posé sur un toit pour observer les cieux, s'amusant à repérer les constellations. Cependant, il n'était pas là pour admirer ce qui se passait au-dessus de sa tête. Le brun balaya du regard les alentours. Ce quartier de la ville était totalement désert, il avait l'impression d'être dans une ville fantôme. Les flammes l'avaient ravagé, ne laissant derrière elles que des carcasses désolantes. Les bâtiments se dressaient autour d'eux, pour certains menaçant de s'écrouler à tout moment.

Des alliés avaient rapporté à la base la présence de rebelles qui se cachaient ici. L'équipe de jour n'avait rien trouvé, mais il fallait avouer que lorsqu'il s'agissait de se planquer, les talibans étaient très forts. Il avait donc été décidé d'envoyer quelques groupes de nuits, répartis aux quatre coins du quartier. Ils espéraient que l'ennemi se fasse repérer par un faux pas : un feu allumé, une lumière vacillante, n'importe quoi. Pour le moment, tout était calme. Pourtant, la patrouille était tendue. Peter était particulièrement alerte, ce qui se répercutait sur les autres. Il y avait quelque chose. Leurs instincts leur soufflaient qu'un danger rodait quelque part dans la nuit.

Lukas tenait fermement son arme devant lui, son regard fouillant les alentours. Il avait la désagréable impression d'être suivi. Observé. Même s'il refusait de se l'avouer, il était rassuré de savoir que Jake se tenait derrière lui, fermant la marche. Le brun jeta un énième coup d'œil par-dessus son épaule, nerveux. Il croisa le regard de son ainé, qui lui adressa un sourire apaisant. Jake avait un beau sourire, avec ses dents blanches et sa fossette. Lukas le lui rendit, un peu maladroitement, et détourna le regard. Pourtant, du coin de l'œil, il capta un reflet brillant sur un toit.

— À couvert, cria-t-il.

Une seconde après, des tirs de mitraillette déchirèrent le silence de la nuit, et une pluie de balle s'abattit sur eux. Les américains se glissèrent derrière les vestiges d'une colonne de pierre, dont les éclats fusaient autour d'eux. Lukas se sentit durement plaqué contre la surface froide, tandis qu'un poids chaud se pressait contre lui. Une fois la surprise et la peur passée, il ouvrit les yeux, et renversa légèrement la tête en arrière pour tomber sur les prunelles noisette de Jake. Ce dernier se tenait contre lui, imposant et solide, tel un bouclier. Son corps formait un rempart protecteur, alors que déjà son regard cherchait une échappatoire. Lukas le foudroya de ses yeux noirs, et se dégagea, agile. Pas question que le châtain se prenne une balle à sa place.

— Arrête de faire ça, grinça-t-il.

Jake lui jeta un regard surpris, mais surtout peiné. Il n'avait pas vraiment réfléchi, il avait réagi instinctivement en se dressant entre Lukas et le danger. Or le brun venait, une fois de plus, de le rejeter. Il se heurtait encore une fois à un mur, et même s'il savait qu'il ne devait rien attendre du brun, ça lui faisait mal.

— On y va, cria Peter. On se replie derrière ce bâtiment et on attend les renforts. Ils ont déjà dû entendre les tirs. 

Les quatre autres hochèrent la tête, et dans un parfait ensemble, s'élancèrent à la suite de leur supérieur. Ils eurent quelques secondes de répit, avant que les tirs ne reprennent. La plus part des rebelles n'avaient pas beaucoup d'expérience en matière d'arme. Généralement, on leur refilait une mitraillette, et ils tiraient à l'aveuglette, espérant toucher quelque chose. Ils n'avaient pas de réel entrainement. Et puis, ils avaient de la chance, l'obscurité de la nuit était de leur côté. Pourtant, Lukas s'était réjoui trop vite. Dans sa course, il entendit le bruit d'une plainte étouffée. Il faillit la manquer entre les tirs et Peter qui criait des informations dans sa radio. Pourtant, il se retourna à temps pour voir Ethan s'écrouler à terre en se tenant la jambe. Le Russe jeta un dernier coup d'œil aux trois autres, qui n'avaient encore rien remarqué, avant de faire demi-tour. Le cœur battant et la peur au ventre, il courut et saisit les hanses du sac de Ethan pour le tirer à l'abri d'un muret à peine plus haut que sa hanche. Le rouquin avait le teint pâle, et déjà son pantalon était imbibé de sang. Son visage était déformé par la douleur.

Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant