CHAPITRE 62

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Lukas tirait sa valise à travers l'aéroport. Il avait beaucoup réfléchi avant de franchir le pas. Il en avait longuement discuté avec sa psychologue, et ils avaient déterminé ensemble ce qui le poussait à vouloir faire ce voyage : retrouver un ami, renouer avec son pays d'origine, ses racines, son histoire. Ils avaient également déterminé ce qui le faisait hésiter à partir : Ash.

Son message l'avait surpris, à son réveil, mais il avait voulu rester honnête. Il lui avait alors expliqué que l'idée de retourner en Russie lui trottait dans la tête depuis un moment. Il commençait à se poser des questions sur ses parents biologiques, sur son passé. Il voulait connaître la ville où il avait passé ses dix premières années. Lukas s'était justifié le mieux possible, comme pour rassurer le blond. Il avait ressenti le besoin de montrer qu'il n'y allait pas exclusivement pour voir Alexeï. Ash ne lui avait jamais répondu. Le chanteur avait ignoré son message, mais avait relancé la conversation sur un autre sujet, en fin de journée.

Depuis une semaine, ils parlaient tous les jours. Ils s'envoyaient des messages à longueur de journée, et s'appelaient parfois, lorsque le soleil se couchait en Angleterre. Renouer le dialogue avec Ash agissait considérablement sur son humeur, pour le plus grand plaisir de son oncle et de sa tante. Il riait plus souvent avec Nate, et avait même accepté de l'accompagner à une petite soirée avec ses amis. Lukas avait l'impression d'être à un tournant dans sa vie. Il était sûr d'une chose : il reviendrait à Los Angeles. Il avait conscience que sa place était là-bas. Mais avant, il devait trouver des réponses à ses questions. Il ne reviendrait pas avant de se sentir totalement prêt et serein. Sinon, il ne s'en sortirait jamais vraiment, il y aurait toujours un risque de fêlure.

— Lukas !

L'appelé se retourna et se retrouva aussitôt pris dans un étau. Il serra à son tour Alexeï dans ses bras avec un sourire, heureux de retrouver son ami.

— Comment tu vas ? demanda le colosse. Tu as fait bon voyage ?

— Ça va. Tout s'est bien passé.

Lukas observa son ami. Jamais il ne l'avait vu aussi épanoui et rayonnant. Le retour dans son pays avait dû lui faire du bien. Ils avaient échangé quelques messages après son départ, et le brun le soupçonnait d'avoir eu le mal du pays. Il était temps que l'année se termine.

Les deux traversèrent l'aéroport, et rejoignirent le parking. Alexeï parut gêné en s'arrêtant devant une vieille voiture grise quelque peu cabosse, mais Lukas fit semblant de ne pas voir son malaise. Se lier d'amitier avec des personnes aisées avait toujours été un peu difficile pour le Russe. Avec ses maigres moyens, ils ne pouvaient pas toujours suivre. Il se demandait si le brun était déjà monté dans une voiture aussi minable que la sienne. Bien loin de ces pensées négatives, Lukas s'installa côté passager et s'attacha.

— Tu sais ce que tu aimerais visiter ? demanda Alexeï.

— J'ai fait une liste. Mais je ne sais pas si on aura le temps de tout faire, confia Lukas, ennuyé.

— Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

Le blond lui jeta un regard amusé et quitta le parking de l'aéroport. Il sentait que Lukas allait lui faire parcourir la ville en long, en large et en travers. L'autoradio grésilla quelques secondes, avant de capter une chanson populaire Russe que le brun ne connaissait pas. Ça lui faisait drôle d'entendre, de parler et de lire sa langue maternelle.

— C'est vrai que votre métro ressemble à un palais ? demanda Lukas, dubitatif.

— Oui. Staline appelait les stations le « palais du peuple ». Dans certaines, il y a des lustres, des ornements muraux, et même des piliers en marbre. Je te montrerai les plus belles.

Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant