CHAPITRE 51

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Lukas hochait distraitement la tête, assis sur le lit une place de la petite chambre étudiante de Alexeï. Les écouteurs de l'Ipod du blond dans les oreilles, il écoutait le cours d'histoire des Etats-Unis, préalablement enregistré. Le colosse avait du mal à prendre en note ses cours en anglais, raison pour laquelle il enregistrait son professeur pendant qu'il parlait. Néanmoins, il ne comprenait pas certains passages, et Lukas s'était proposé pour l'aider. Il écoutait, expliquait en Russe, et traduisait les mots ou expressions incompris. Sur le minuscule bureau, Alexeï prenait minutieusement des notes sur son ordinateur.

Lukas avait été étonné en pénétrant dans cette chambre étudiante, d'à peine neuf mètres carrés. L'endroit était astucieusement bien aménagé pour contenir un lit, un bureau, une petite armoire, un mini-frigo, et quelques placards en hauteur. Alexeï avait même une minuscule salle de bain. Seule la cuisine était commune à tout son étage. Le brun baissa les yeux sur la couchette, où il était assis, et esquissa un sourire. Il n'était pas certain que le géant Russe rentre entièrement dedans. Il était prêt à parier que ses pieds dépassaient.

— C'est fini, annonça Lukas en enlevant les écouteurs.

Alexeï termina son paragraphe, enregistra le document, et éteignit son ordinateur. Il retira ses lunettes de confort en soupirant de soulagement, et se frotta les yeux.

— Merci ! Tu me sauves, avoua le Russe.

— De rien, c'est normal.

Lukas consulta sa montre. Il était déjà dix-neuf heures trente. Ils avaient tout juste le temps de rejoindre les autres au restaurant, pour fêter le franc succès de la vente de gâteaux au profit de l'association. Rien de tel qu'un bon fastfood pour se remettre d'une longue journée. Les deux garçons rejoignirent les autres avec une dizaine de minutes de retard, les doigts et le bout du nez engourdis par le froid. Les deux retardataires prirent place en bout de table et Lukas adressa un sourire à son homme, à deux chaises de lui, sur la rangée d'en face. Ash le lui rendit, soulagé de le voir arriver. Désormais, le brun occupait constamment ses pensées. Depuis qu'ils avaient croisé Aaron, le blond vivait dans la peur de retomber sur lui. Ou pire : que Lukas et son ex se rencontrent. Savoir où se trouvait son petit-ami était devenu une nécessité, un besoin. Il essayait de le réfréner, pour ne pas devenir envahissant et lui laisser de l'espace, mais l'inquiétude le rongeait.

Pourtant, son soulagement fut de courte durée, rapidement remplacé par l'agacement, puis la colère. L'ambiance était légère, peut-être même un peu trop. Le groupe était bruyant, la bonne humeur était reine. Pourtant, Alexeï et Lukas semblaient hermétiques. Ils étaient clairement dans leur bulle. Le colosse avait sorti son téléphone et montrait des photographies au brun, qui semblait très intéressé. Ash tendait l'oreille, tentait de saisir leur conversation, mais du peu qu'il entendait, il comprit qu'ils s'exprimaient tous les deux en Russe. Le chanteur essayait d'en faire abstraction, mais Alexeï tenait son téléphone devant lui, de sorte que le brun était obligé de se pencher vers lui pour regarder.

Le musicien tentait désespérément de se concentrer sur ce que Charlie lui disait, mais les voir s'échanger des sourires et rire ensemble le rendait dingue. Le Russe commit le geste de trop en se servant dans les frites de Lukas, qui mit le paquet au milieu, pour partager. Ash leva les yeux vers son meilleur ami, qui lut aussitôt les signaux de détresse. Le blond était perdu, dépassé par la jalousie qui le rongeait. Pourtant, une part de lui, encore lucide, se rendait compte de la stupidité de sa colère. Lukas ne faisait rien de mal.

— Je vais fumer, déclara Charlie en se levant.

Reconnaissant, Ash suivit le mouvement. Il préférait infiniment affronter le froid hivernal que regarder Alexeï draguer son petit-ami, avec ses sourires éclatants à la con. Charlie lui tendit son paquet de cigarettes sans un mot. Le blond hésita, et finit par en prendre une, qu'il se contenta de faire tourner entre ses doigts.

Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant